Le combat d’Ouron
D’après « Histoire militaire de l’Afrique Equatoriale Française » – Colonel René Viraud, Commandant Maurice Denis – 1931
En juillet, les émissaires de Doudmourrah rallumèrent l’insurrection en pays kodoï. Le pays était trop vaste et les troupes régulières trop peu nombreuses. Les colonnes ne pouvaient, par un stationnement suffisant, donner l’impression d’une occupation solide et définitive.
Le 1er août, le capitaine Arnaud était à Ouron, ignorant la présence de l’aguid. Au matin, le lieutenant Théral fut détaché avec sa section pour recueillir des soumissions et quitta le bivouac. Brusquement, le camp fut attaqué par Abdallah, suivi des réguliers de Doudmourrah armés de fusils à tir rapide. Ces derniers, que les précédentes opérations avaient rendus prudents, se bornèrent à soutenir l’assaut de la horde kodoï par un feu nourri exécuté d’une position abritée à 400 mètres environ du carré.
Deux colonnes kodoï avançaient à droite et à gauche. Sous ce feu, en réalité mal ajusté, le capitaine Arnaud décida d’attaquer le centre ennemi.
Laissant la zériba sous la garde du sergent indigène Moussa Koné, le capitaine, avec deux escouades, prit comme objectif la crête d’où partaient les coups de feu. Le lieutenant Bordachar, avec une escouade, attaqua les Kodoï qui tentaient de déboucher des fourrés à droite.
Devant la menace de ces trois escouades, les réguliers lâchèrent pied. A la baïonnette, le petit détachement se retourna sur les groupes kodoï qui suivaient un cheminement au nord. Un rapide combat corps à corps s’engagea ; bientôt la fuite éperdue de l’ennemi entraîna la déroute de la multitude massée en arrière.
La colonne sud ennemie, arrêtée par les salves du sergent Moussa Koné, battit en retraite.
L’absence du lieutenant Théral et de sa section rendit difficile la poursuite. Le lendemain 2 août, cet officier rallia le capitaine Arnaud et Abdallah fut rattrapé au puits de Lamba. Après avoir vainement essayé de rallier ses hommes et devant l’attaque en perspective, Abdallah céda encore, ne songeant plus qu’à fuir. A bout de souffle, la compagnie Arnaud ne put poursuivre.
Le lendemain 3 août, à Marba, les compagnies Arnaud, Velle, Dumas et l’escadron de Chalain firent leur jonction. L’aguid Djéatneh avait repassé la frontière du Massalit.
Découragés par la concentration soudaine de forces aussi imposantes, les Kodoï se soumirent et regagnèrent leurs villages.
La révolte kodoï était définitivement brisée. Les unités rejoignirent leurs postes.