Le combat de Val-de-Oliva
D’après « France militaire » – Abel Hugo – 1838
Tandis que le général Hugo combattait l’Empecinado dans la province de Guadalajara, le général Lahoussaye était chargé de disperser les bandes qui se ralliaient dans la province limitrophe, et dont Cuenca est le chef-lieu.
Ce général ayant été informé que don Juan Martin avait réuni plusieurs bandes sur la rive gauche du Tage, se porta à leur rencontre avec 1 500 hommes, tant infanterie que cavalerie. La bande de Guttières fut surprise à Villa-del-Arno par l’avant-garde française qui l’anéantit presque en entier. Guttières fut fait prisonnier. Le même jour, la cavalerie française rencontra, en avant de Cuenca, les avant-postes de toutes les bandes réunies, et les culbuta. Les insurgés, forts de 3 000 hommes d’infanterie et de 400 chevaux étaient en position sur une hauteur garnie de retranchements.
Le général Lahoussaye établit son artillerie sur un mamelon à gauche, d’où elle prenait en écharpe la position ennemie; en même temps l’infanterie l’attaquait de front à la baïonnette, et la cavalerie se portait sur la route de Priejo pour couper toute retraite aux Espagnols. Bientôt le champ de bataille fut jonché de morts un bataillon tout entier mit bas les armes ; le reste, ayant voulu traverser le Xucar, fut acculé à cette rivière par la cavalerie. Plus de 500 hommes s’y noyèrent ; quelques-uns seulement s’échappèrent à la faveur de l’obscurité..
Quelque temps après, les généraux Lahoussaye et Hugo ayant concerté leurs mouvements, ce dernier se mit en marche, le 5 juillet, pour chasser l’ennemi de ses positions, et le rejeter sur la rive gauche du Tage, pendant que le général Lahoussaye se portait en avant pour couper la retraite aux troupes attaquées. En effet, à l’approche du général Hugo le général Zayas, qui commandait les insurgés effectua aussitôt un mouvement rétrograde avec la totalité de ses troupes, montant à 7 000 hommes environ.
Le général Lahoussaye s’avançait à marche forcée sur le pont d’Aunon ; les Espagnols avaient déjà traversé le Tage et étaient en position à Villa-de-Oliva. Son avant-garde, tombant, au débouché du pont, sur la cavalerie ennemie, il la poursuivit jusqu’à Sacedon.
Les Français et le gros des troupes de Zayas se trouvèrent en présence entre Alcocér et Val-de-Oliva. Trois bataillons et deux escadrons espagnols, postés avantageusement, se défendirent avec beaucoup d’opiniâtreté contre la cavalerie française, qui finit cependant par les culbuter. Tout ce qui ne fut pas tué sur place fut fait prisonnier.
Les résultats de cette affaire furent 600 morts, 1 000 prisonniers, la prise d’un drapeau, de tous les bagages de l’ambulance, de 200 chevaux et d’un parc considérable de bestiaux. Le général Lahoussaye poursuivit vivement le chef espagnol, qui, avec ses débris, se retirait en désordre sur Valence.
Cette défaite des insurgés permit d’organiser militairement la province de Cuenca dont la capitale fut occupée par une forte garnison sous les ordres du général Darmagnac.