La tranchée des baïonnettes
D’après « Verdun. Argonne (1914-1918) » – 1936
Comment les fantassins du 137e furent-ils enterrés vivants ? Bien des légendes se créèrent autour de cet épisode tragique.
Voici le récit qu’en fait l’un des officiers survivants, le lieutenant Foucher :
« Parti de la citadelle de Verdun le 9 juin 1916, le 1er bataillon du 137e arrive en ligne dans la nuit du 10 au 11 juin et relève le 337e. La tranchée des baïonnettes se trouve à cheval sur la droite de la 3e compagnie et sur la gauche de la 4e compagnie.
Le 11 juin 1916, au matin, un violent bombardement de pilonnage se déclenche et dure toute la journée et une partie de la nuit. C’est pendant le cours de cette journée du 11 que les obus (150, 210 et plus gros) ont donné l’aspect, retrouvé plus tard, de la « Tranchée des baïonnettes ».
Les hommes attendaient l’attaque avec le fusil, baïonnette au bout, mais cette arme était appuyée au parapet à portée du combattant qui avait dans ses mains des grenades, prêt à repousser, d’abord à la grenade, l’attaque probable. Les obus tombant en avant, en arrière, et sur la tranchée, rapprochèrent les lèvres de cette dernière, ensevelissant nos vaillants Vendéens et Bretons. C’est par le fait qu’ils n’avaient pas le fusil à la main qu’il s’est trouvé que les baïonnettes émergeaient après l’écroulement des terres.
Dès ce soir-là, le 11 juin 1916, la tranchée avait l’aspect que l’on a retrouvé à l’armistice ».