Le combat de Mavetanana
D’après « Revue du Cercle militaire » – 20 mars 1897
Le 9 juin, à 6 heures du matin, le général Metzinger fit lever le bivouac à ses troupes et les engagea en file indienne sur l’unique sentier accédant à Mavetanana, à travers un pays accidenté, raviné, coupé d’obstacles, que nos pièces de 80 et leurs mulets franchirent avec la plus grande difficulté.
En débouchant sur la crête, nos troupes aperçurent à quelques kilomètres devant elles une sorte de falaise d’argile rouge à parois verticales, dont le relief dominait toute la contrée. C’était Mavelanana.
A droite du sentier, entre la citadelle et l’Ikopa, s’étendait une large plaine entrecoupée de marais, de rideaux d’arbres, de roseaux infranchissables ; à gauche du sentier, une série de croupes, de mamelons, de contreforts, la plupart dénudés, offrant un accès plus pénible, mais plus sûr, vers le front et l’est de Mavetanana. Un ravin peu profond, mais à flancs abrupts, la Nandrojia, déroulait ses méandres entre notre colonne et la place.
Le général Metzinger résolut d’attaquer la position par le Sud, de façon à menacer immédiatement les défenseurs sur leur ligne de retraite. A cet effet, il lança dans cette direction le 2e bataillon du régiment d’Algérie (tirailleurs algériens), pendant qu’il donnait l’ordre au bataillon de chasseurs de se porter directement, en se reliant avec les tirailleurs, à l’attaque de la batterie Sud de Mavetanana. Les 15e et 16e batteries de montagne devaient suivre et appuyer par leur feu le mouvement des deux bataillons.
Deux compagnies du 1er bataillon du régiment d’Algérie formaient la réserve ; les deux autres compagnies de ce bataillon restaient comme escorte du convoi, lequel fut arrêté au débouché des défilés de Beratsimanana sur le chemin conduisant à Suberbieville.
Vers 7 heures du matin, le 2e bataillon d’Algérie commença son mouvement en se portant sur les hauteurs de la rive droite de la Mandrojia ; il avait comme point de direction le sommet d’un plateau boisé, situé sur la rive gauche de la même rivière, à 1 900 mètres à vol d’oiseau de la pointe Sud de Mavetanana.
Les deux batteries, suivant le mouvement, s’établirent sur un premier piton, à 3 500 mètres environ de la place ; elles ouvrirent aussitôt le feu sur un bois qui constituait le premier objectif du 2e bataillon de tirailleurs.
Pendant ce temps, les chasseurs passaient, à gué la Mandrojia et s’élevaient sur les crêtes de la rive gauche de cette rivière.
Aussitôt que le 2e bataillon du régiment d’Algérie fut maître du bois qui lui avait été assigné comme premier objectif, les batteries s’y portèrent en échelons et, à peine installées, devinrent le point de mire de l’artillerie ennemie, qui réussit à les encadrer par son tir, en trois ou quatre coups. Elles ripostèrent promptement, vers 9 heures et demie du matin, en ouvrant le feu, contre la batterie Nord du Rova, avec la hausse de 2 400 mètres et contre la batterie Sud, avec celle de 1 850 mètres.
Quelques projectiles à la mélinite, lancés alors (aussitôt que le tir eut été réglé), paraissent avoir produit sur l’ennemi, par le bruit et le vent de leur détonation, un effet moral extraordinaire. Tous les groupes s’enfuirent épouvantés vers le Sud, avant que le 2e bataillon algérien, qui s’élevait péniblement, de crête en crête, à travers des ravins plus profonds qu’on n’avait pu le supposer, fût en situation de leur couper la retraite.
A 10 heures et demie, les batteries cessaient leur feu et, à 11 heures, le bataillon de chasseurs et une compagnie du 1er bataillon algérien, qui rivalisaient d’entrain dans l’assaut, occupaient simultanément les défenses de Mavetanana, pendant que le 2e bataillon algérien poursuivait les fuyards par ses feux de salve.
A 1 heure et demie, le convoi, qui avait, selon les ordres reçus, continué sa route après la cessation du feu, en contournant par l’Ouest la hauteur de Mavelanana, entrait à Suberbieville. A4 heures et demie, les troupes, sauf une compagnie de chasseurs laissée à la garde de Mavelanana, s’établissaient au bivouac à Suberbieville.
Le lendemain, 10 juin, la 4e compagnie du régiment d’Algérie, envoyée en reconnaissance vers Bezatrana, délogea de ce hameau un poste de Hovas qui laissa sur le terrain deux morts et deux blessés.