Le passage du Pô
D’après « Éphémérides militaires depuis 1792 jusqu’en 1815 » – Louis-Eugène d’Albenas – 1818
Par la rapidité de sa marche, la précision de ses manœuvres et la valeur des Français, le premier consul Bonaparte était parvenu à tromper le général autrichien. Pendant que celui-ci s’obstinait au siège de Gênes, l’armée française arrivait sur ses derrières et conquérait la Lombardie presqu’à son insu.
Sachant que le général Mélas réunissait ses divers corps sur la rive droite du Pô, le général Bonaparte s’empressa de le prévenir, et ordonna le passage de ce fleuve pour marcher à l’ennemi.
Le 6 juin, le général Lannes jeta sur la rive droite, vis-à-vis Pavie, trois bataillons de la division Watrin, sous le commandement du général Mainoni. Ces troupes s’établirent le long des digues, en arrière de San-Cypriano. Deux régiments autrichiens les y attaquèrent aussitôt ; malgré l’inégalité du nombre, les Français se maintinrent courageusement, et donnèrent le temps au général Gency de venir à leur secours avec des troupes fraîches.
L’ennemi, alors repoussé, se retira en désordre sur Stradella.
Le lendemain et le surlendemain, les corps aux ordres des généraux Damas et Victor se trouvèrent sur la rive droite, et le passage fut régulièrement établi entre Beljioso et San-Giovani.
Pendant que l’armée française passait le Pô vis-à-vis Pavie, les généraux Duhesme et Loison ayant poursuivi le général Laudon jusque sur l’Oglio, s’emparaient de Crémone et passaient sur la rive droite sans coup férir. Le général Murat ayant cessé de poursuivre l’ennemi à Lodi, marchait sur Plaisance. Après un combat assez vif, il effectuait le passage au-dessous de cette ville et s’en emparait le 7 juin ; de sorte qu’au 8, toute l’armée française se trouva sur la rive droite du Pô, et remontant ce fleuve, elle se dirigea sur Alexandrie, où paraissait se rassembler l’armée autrichienne.