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     La bataille de l'Intombi

     

    La bataille d’Intombi

    D’après « Les expéditions anglaises en Afrique » – Lieutenant-colonel Albert Septansd – 1896

     

    Luneberg était occupé par cinq compagnies du 80e régiment sous le commandement du major Tucker et par un corps de Kaffrarians Riffles.

    Des approvisionnements furent dirigés de Derby sur Luneberg et le 7 mars, une compagnie du 80e régiment partit de Luneberg à la rencontre de ce convoi pour l’escorter. Cette compagnie s’arrêta sur la rive nord de l’Itombi, où le convoi forma le parc en forme de V, dont les deux branches étaient appuyées à la rivière, en attendant que la baisse des eaux permit le passage.

    Le major Tucker vint de Luneberg, le 11 mars, inspecter l’installation du parc et fit l’observation que les wagons étaient trop éloignés les uns des autres et que l’espace entre le dernier et la rive était trop grand ; mais il ne donna pas l’ordre de modifier ces installations.

    Dans la nuit du 11 au 12, après le départ du major Tucker, la compagnie d’escorte était ainsi répartie : Sur la rive nord, 71 hommes dormant sous les tentes et sous les wagons ; sur la rive sud, 35 hommes gardant quelques wagons qui avaient antérieurement franchi l’Intombi, lorsque la rivière le permettait encore.

    Il y avait une garde sur chaque rive, et chaque garde fournissait deux sentinelles ; mais il n’y avait pas de petit poste.

    Le capitaine de la compagnie était sur la rive nord avec toute la réserve de munitions ; le lieutenant était sur la rive sud et les 35 hommes qu’il commandait avaient les 70 cartouches réglementaires.

    Le 12 mars, à quatre heures du matin, les officiers et les hommes dormaient déshabillés, quand la sentinelle de la rive nord tira un coup de fusil ; les hommes de la rive sud se réveillèrent, s’habillèrent et prirent leurs armes.

    Sur la rive nord, il n’en fut rien malgré les ordres donnés, et tous les hommes dormaient, quand à 5 heures 15 du matin, c’est-à-dire plus d’une heure après l’alerte donnée par la sentinelle, une forte troupe de Zulus, que la brume avait empêché d’apercevoir à 70 yards du camp, s’élança sur le par cet massacra à coups de sagaie les soldats anglais au sortir de leurs tentes.

    Le capitaine de la compagnie fut tué et le détachement de la rive nord, complètement surpris, ne put résister à cette attaque soudaine.

    Le détachement de la rive sud, se couvrant des wagons et de quelques termitières, ouvrit le feu, mais ne put empêcher 200 Zulus de franchir la rivière. Le lieutenant de la compagnie commanda la retraite sur une ferme en arrière et, après avoir scellé son cheval, prit le galop vers Luneberg, prévenir le major Tucker.

    Le sergent Booth, plus ancien sous-officier, rallia les hommes et s’efforça de couvrir la retraite de ceux qui essayaient de se sauver de la rive nord. Mais, sur le point d’être entourée, cette petite troupe commença la retraite, poursuivie pendant trois milles sans que les Zulus pussent l’entamer.

    Le major Tucker, prévenu, accourut avec la plus grande partie de la garnison de Luneberg ; mais l’ennemi s’était retiré avec les bœufs du convoi, les munitions d’infanterie, les fusils et tous les objets de quelque valeur, sauf quelques munitions d’artillerie. Des 71 hommes de cette compagnie, le capitaine, le médecin, 60 sous-officiers et soldats furent tués.

    « Le lieutenant Harward, qui commandait la fraction sur la rive droite, ordonna à ses hommes de battre en retraite sur une ferme en arrière, et, montant à cheval, s’éloigna au galop vers Luneberg pour chercher du secours, laissant sa poignée d’hommes lutter avec avantage sans un officier pour les commander ».

    Pendant ce temps, le colour-sergeant (premier sergent) Anthony Booth, du 80e, fit ce que Harward aurait dû faire : il rallia les quelques hommes qui survivaient sur la rive sud de la rivière, et couvrit la retraite de cinquante et quelques soldats.

    L’officier qui commandait le 80e, rapporta, que sans le sang-froid et la bravoure de ce sous-officier, pas un homme n’aurait sauvé sa vie. Aussi le sergent Booth reçut-il la croix de Victoria…

    Le 20 février de l’année suivante, le lieutenant Henri Harward, du 80e d’infanterie, fut traduit devant le conseil de guerre au fort Napier à Pietermaristzburg, par ordre du commandant en chef, pour avoir abandonné son poste à Intombi en présence de l’ennemi. Mais le conseil de guerre rendit un verdict de non- culpabilité.

    Les procès-verbaux furent soumis au commandant en chef, qui écrivit sur la minute : « Désapprouvé et non confirmé ; le lieutenant Harward sera relâché et reprendra son service ».

    S.A.R le feld-marshall, commandant en chef l’armée anglaise, publia en outre, un ordre général, blâmant la conduite du lieutenant Harward, ordre qui fut lu dans chaque régiment au service de Sa Majesté.

     

     

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