Le combat de Muley-Ismaël
D’après « Histoire de l’armée et de tous les régiments » – Adrien Pascal – 1860
Une des conséquences du traité de 1834 avait été l’accroissement du prestige qu’exerçait Abd-el-Kader sur les populations arabes, dont, par son infatigable activité, son courage extraordinaire et son intelligence peu commune, il devint en peu de temps comme le représentant politique et religieux. Ce personnage ne laissait échapper aucune occasion de nous susciter des embarras nouveaux.
Le général Desmichels, auteur du traité avec le Bey, avait été remplacé dans le commandement de la province d’Oran par le général Trézel. Deux tribus alliées, celle des Zmélas et celle des Douairs, demandèrent sa protection contre les vexations qu’elles éprouvaient de la part d’Abd-el-Kader. Sommé de respecter nos alliés, le Bey ne tint nul compte de l’intimation, ce qui contraignit le général à agir par la force.
Il marcha sur Maskara, à la tête de 2500 hommes, et arriva le 26 juin sur les bords de la Sig, à dix lieues environ d’Oran.
Ce fut là qu’il rencontra les forces ennemies, qui ne montaient pas à moins de 12000 hommes dont les deux tiers en cavalerie. Postée dans un défilé, cette armée ajoutait à son avantage numérique celui du terrain habilement choisi. Toutefois, le général Trézel n’hésita point à accepter le combat.
Une division s’avança dans la forêt de Muley-Ismaël, affrontant résolument le défilé si bien gardé par la masse des ennemis. L’avant-garde de cette division se vit tout à coup assaillie de tous côtés par une multitude d’Arabes, au nombre de dix contre un.
Nos soldats, surpris de l’impétuosité meurtrière de cette attaque, se montrèrent un moment indécis, et une sorte de confusion fatale se répandait dans nos rangs, lorsque le colonel Oudinot, qui commandait l’avant-garde de la division, comprenant qu’on était dans un de ces instants de crise où une action d’éclat est nécessaire pour rendre l’élan au soldat, s’élança au premier rang, et s’écria : « En avant soldats ! L’honneur du régiment nous en fait un devoir ! ».
Et, lançant son cheval au galop, le brave colonel se précipite contre l’ennemi, électrisant par son héroïque exemple le petit nombre de cavaliers qui l’entourent. Plus de 1200 fantassins arabes sont embusqués dans le défilé du bois. Il les met en déroute et fraie un passage à la division. Mais ce succès, il le paie de sa vie ! Il tombe frappé des balles ennemies, trépas plein de gloire, qui fut un deuil profond pour toute l’armée, dont le colonel Oudinot était généralement aimé et estimé. C’était le second fils de l’illustre maréchal de l’empire, duc de Reggio.
Le général Trézel établit ses troupes sur les deux rives de la Sig, dans le camp même d’où l’ennemi venait d’être si audacieusement chassé malgré son immense supériorité numérique.
Cette victoire, très vivement disputée, nous coûtait du reste des pertes sensibles. Nous avions perdu 52 hommes, et nous avions près de 300 blessés.
Ciottignies Christian on 20 mai 2024
Bonjour, je voudrais simplement savoir le nom de l’auteur de la peinture/gravure qui est reproduite en tête de l’article.. Merci d’avance.