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    La prise de Charleroi

    D’après « Éphémérides militaires depuis 1792 jusqu’en 1815 » – Louis Eugène d’Albenas – 1818

     

    Après son retour de l’île d’Elbe, Napoléon ne pouvant, par ses transactions politiques, conjurer l’orage qui le menaçait, se prépara à résister par la force aux armées européennes, qui de nouveau menaçaient la France d’une invasion.

    Divers corps d’armée furent réunis aux Pyrénées, aux Alpes, sur le Rhin, la Moselle et vers nos frontières du Nord.

    L’armée russe était encore éloignée. Les troupes autrichiennes, lentes à se mettre en mouvement, n’étaient pas encore réunies, et les princes d’Allemagne attendaient son mouvement offensif pour eux-mêmes s’avancer vers la France. Les armées anglaise et prussienne, cantonnées en Belgique et sur la rive gauche du Rhin, par leur proximité, étaient seules prêtes à entrer en lice.

    Napoléon résolut de les attaquer avant que l’arrivée des troupes des autres puissances ne le contraignît à diviser ses forces.

    Il rassembla en conséquence dans nos provinces du Nord l’armée principale, qu’il devait commander lui-même.

    Au 14 juin 1815, cette armée, forte de cent six mille hommes, dont dix-huit mille de cavalerie, et de trois cents bouches à feu, se trouva réunie sur les frontières de la Belgique, de Solre-sur-Sambre, à Beaumont et Philippeville.

    Elle était composée :
    - de la garde ;
    - de cinq corps d’infanterie commandés, le 1er par le lieutenant-général Drouet, comte d’Erlon ; le 2e par le lieutenant-général comte Reille, le 3e par le 
    lieutenant-général comte Vandamme, le 4e par le lieutenant-général comte Gérard, le 6e par le lieutenant-général Mouton, comte de Lobau ;
    - de quatre corps de cavalerie, aux ordres des lieutenants-généraux Kellermann, Pajol, Excelmans et Milhaud.

    L’armée anglaise, composée de Belges, de Hollandais, de Hanovriens, des troupes de Brunswick, et forte de quatre-vingt-huit mille hommes, ayant opéré un mouvement concentrique, couvrait Bruxelles et allait appuyer sa gauche à la droite de l’armée prussienne, qui de Namur s’était portée sur Fleurus. La force de celle-ci pouvait s’élever à cent vingt mille combattants, dont quatre-vingt-dix mille seulement étaient réunis sur ce point au 14 juin.

    Napoléon, prévoyant que l’armée alliée ne tarderait pas à commencer les hostilités, résolut de prendre l’initiative, et de la surprendre par une brusque attaque, lorsqu’on ne pouvait encore croire que les moyens offensifs de l’armée française fussent prêts. Son dessein était de pénétrer en Belgique sur le point où les Anglais se joignaient à la droite des Prussiens, et de séparer ainsi par leur centre, les deux ailes de l’armée alliée. Ce point, qui paraissait être le plus faible de la ligne ennemie, avait l’avantage de se trouver sur la grande route de Bruxelles, où l’on pouvait arriver par les routes de Wavre et des Quatre-Bras.

    En conséquence, le 15 juin, à trois heures du matin, l’armée française s’ébranla et passa la frontière. Les avant-postes prussiens se replièrent.

    Divers engagements, dans lesquels nous fimes six cents prisonniers, eurent lieu, et l’ennemi ayant évacué Charleroi, l’armée passa la Sambre dans cette ville, à Marchienne-au-Pont et au Châtelet.

    Le 2e corps, ayant passé à Marchienne, marcha sur Gosselie, gros bourg sur la route de Bruxelles, dans l’intention d’ôter cette retraite à la colonne forcée à Charleroi. Il fit deux cents prisonniers, rejeta les Prussiens sur Fleurus, où ils paraissaient se concentrer, et notre cavalerie poussa jusqu’à Frasne, observant les Anglais.

    Pendant ce temps, le centre de l’armée se portait en avant sur la route de Fleurus, où l’ennemi avait pris position, adossé à un bois. Le général Letort, major des dragons de la garde, commandait ce jour-là les escadrons de service. Il poursuivit, en la sabrant, la cavalerie prussienne jusque sur les carrés de l’infanterie, et dans une de ces charges, il fut blessé mortellement d’une balle dans le bas-ventre.

    La cavalerie du général Excelmans ayant passé la Sambre au Châtelet et à Charleroi, arrivait dans ce moment par le flanc gauche de l’ennemi, qui, s’appuyant au bois, soutenu par de l’artillerie, défendait opiniâtrement sa position. Les 15e et 20e de dragons, commandés par les colonels Chaillot et Briqueville, formaient la tête de colonne du corps du général Excelmans.

    Le général Vincent, qui les commandait, les porte aussitôt sur les Prussiens, culbute la cavalerie, et prenant de flanc les deux carrés, il les enfonce, leur fait un grand nombre de prisonniers, et la position est enlevée. L’ennemi se retira. Nos avant-postes le suivirent jusqu’à Fleurus, où ils s’établirent. Il était huit heures ; Napoléon retourna à Charleroi.

    Le 2e corps à notre gauche occupait Gosselie sur la route de Bruxelles ; le 3e à notre droite était sur la route de Namur, le reste de l’armée bivouaqua dans les villages environnants.

    Cette journée, dans laquelle l’ennemi perdit en tués ou prisonniers de douze à quinze cents hommes, était d’un favorable augure. Elle avait électrisé le courage de nos soldats. Partout où notre infanterie avait rencontré les Prussiens, elle avait couru sus, sans tirer un coup de fusil, et s’était élancée à la baïonnette au milieu de leurs masses. Notre cavalerie n’avait pas témoigné moins d’ardeur.

    Chacun se rappelait les jactances prussiennes de 1814, les menaces journellement renouvelées de ne faire grâce à aucun Français, les proclamations énergumènes et toutes récentes d’un certain Justus Grüner (*), gouverneur des provinces prussiennes sur la rive gauche du Rhin ; et les Français, indignés, montrèrent encore une fois qu’il était plus facile de les injurier que de les battre.

     

    (*) Cet aimable philanthrope comparait ingénieusement Paris et la France à Babylone. « Le fer et la flamme, disait-il, devaient être employés pour la détruire, et, en expiation de leurs crimes, les habitants menés en esclavage ».

     

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