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     Le 14 juin 1800 – La bataille de Marengo dans EPHEMERIDE MILITAIRE la-bataille-de-marengo-150x150

     

    La bataille de Marengo

    D’après « Relation de la bataille de Marengo » – Louis Alexandre Berthier – 1805

     

    Bonaparte conserva deux jours sa position de Monte-Bello. Mais étonné de l’immobilité de l’ennemi, et sachant que depuis plusieurs jours il avait rallié ses divisions qui étaient de retour de Nice, il pensa que M. de Mélas s’occupait des moyens d’échapper à la position critique où il se trouvait, et dans ce cas le général autrichien devait nécessairement prendre un de ces trois partis.

    Le premier était de passer le Pô (il avait à Casal une tête de pont tellement fortifiée par les marais et protégée par la rive droite, qu’il avait été jugé difficile de l’emporter), de franchir ensuite le Tésin, de traverser la Lombardie et d’opérer une jonction sur l’Adda avec le général Wucassovitsch. L’armée autrichienne avait un équipage de pont, une artillerie considérable, et plus de douze mille chevaux de charroi.

    En second lieu, il pouvait se porter sur Gènes, se réunir avec le corps de la Toscane et avec une division de douze mille Anglais, regagner ensuite Mantoue, en faisant transporter son artillerie par mer, ou bien profiter de la nature des lieux pour s’y soutenir jusque ce qu’il eût pu recevoir d’Allemagne de nouvelles troupes, et mettre ainsi l’armée de réserve entre deux armées. Ce qui aurait traîné la guerre en longueur, amené des évévements incertains, et embarrassé d’autant plus Bonaparte, que sa présence devenait nécessaire à Paris.

    Enfin, il restait à l’ennemi, pour troisième ressource, à se porter sur le général Masséna, qui, selon tous les calculs, devait être arrivé à Acqui, à l’envelopper avec les dix ou douze mille hommes qu’on lui supposait encore en état de combattre, et, après sa défaite, attendre les nouvelles chances favorables que la guerre de postes et les marches pourraient faire naître.

    Afin de parer au premier parti, Bonaparte avait laissé sur le Pô un corps d’observation de trois mille hommes, qui devait retarder le passage de ce fleuve et de la Sésia, et se rejoindre ensuite au général Moncey pour disputer celui du Tésin. On ne doutait pas que ces obstacles opposés à M. de Mélas ne donnassent le temps à l’armée de repasser sur la rive gauche du Pô, et d’arriver avant lui sur le Tésin.

    A l’égard des deux autres partis que l’ennemi pouvait prendre, Bonaparte jugea qu’il n’avait qu’à se mettre en mouvement avec son armée, pour agir selon les circonstances. On était arrivé près de Tortone, lorsque le général Desaix, qui d’Egypte avait débarqué à Toulon, vint joindre l’armée à franc-étrier. Iil reçoit le commandement d’une division, et sur-le-champ, il est envoyé à Rivalta pour servir d’avant-garde et couper le chemin à l’ennemi, dans le cas où il se dirigerait sur Gènes.

    Bonaparte, avec le reste de l’armée, passe la nuit le long de la Scrivia.

    Le 24 prairial, à huit heures du matin, il se rend à Castel-Nuovo, et fait battre la plaine de Marengo par la cavalerie légère. Il apprend que l’ennemi n’a point de poste à San-Giuliano, ni dans la plaine. Il juge alors devoir se mettre en marche ; il arrive à trois heures après midi. A quatre heures, on trouve à Marengo les avant-postes ennemis.

    Aussitôt, il ordonne l’attaque du village. La résistance ne fut pas vive ; Marengo est pris, et l’ennemi acculé sur la Bormida.

    Bonaparte se confirme dans son idée, que, puisque l’ennemi, au lieu de l’attendre dans la plaine de Marengo, avait laissé prendre le village, c’est qu’il était décidé à suivre un des trois partis dont il a été fait mention.

    L’avant-garde reçoit l’ordre de repousser les postes ennemis au-delà de la Bormida, et, s’il est possible, d’en brûler les ponts.

    Cet ordre donné, Bonaparte part pour se rendre au quartier général à Voghera, où il devait recevoir les rapports de tous les postes de son armée et ceux des espions. Il espérait, par les mouvements de l’ennemi, deviner ses véritables pensées. Mais, à peine arrivé à la tour de Garafolla, il reçoit des nouvelles de Rivalta et du Pô. Il s’arrête dans cette ferme le reste de la nuit.

    Cependant l’ennemi passa celle du 25 dans la plus grande agitation. Il sentit combien sa position était pénible, et quelle faute il avait faite de laisser prendre Marengo. Mais, croyant tout projet de retraite désormais trop tardif, et l’armée française trop près pour lui permettre d’échapper par le Pô ou par Gènes, il prend la noble résolution de s’ouvrir un passage à travers notre armée, et, dans ce dessein, son premier effort dut être de reprendre Marengo.

    En effet, l’armée autrichienne débouche dès six heures du matin par ses ponts de la Bormida, et elle porte le gros de sa cavalerie, sous les ordres du général Elnitz, sur sa gauche. Son infanterie était composée des deux lignes aux ordres des généraux Haddick et Kaim, et d’un corps de grenadiers commandé par le général Ott.

    L’armée française se trouvait en échelons par division, la gauche en avant. La division Gardanne formait l’échelon de gauche à la cassine Pedrabona, la division Chambarlhac le second échelon à Marengo, et la division du général Lannes formait le troisième, tenant la droite de la ligne et en arrière de la droite de la division Chambarlhac. Les divisions Carra-Saint-Cyr et Desaix en réserve, la dernière en marche venant de Rivalta d’où elle avait été rappelée aussitôt que le projet de l’ennemi avait été connu.

    Le lieutenant général Murat, commandant la cavalerie, avait placé la brigade Kellermanm sur la gauche, celle de Champeaux sur la droite, et le vingt-unième régiment de chasseurs , ainsi que le douzième de hussards, à Salé, sous les ordres du général de brigade Rivaud, pour surveiller les mouvements de l’ennemi sur le flanc droit, et devenir au besoin le pivot de la ligne.

    Les lignes autrichiennes, après quelques escarmouches d’avant-poste, se mirent en mouvement à huit heures du matin, attaquèrent la division Gardanne, qui, après avoir soutenu, avec la quarante-quatrième et la cinquante-unième demi-brigade, un combat vif et meurtrier, dut se retirer sur le village de Marengo.

    Le corps de Kaim continua alors son mouvement, franchit le ruisseau et s’étendit sur la gauche. Celui de Haddick se déploya : mais son aile droite dut combattre pour se prolonger en obliquant sur la droite, parce que quelques troupes légères de la division Gardanne s’étant jetées avec une pièce de canon dans la cassine Stortigliana, attaquèrent et mirent en désordre les têtes de ses premières colonnes qui remontaient la Bormida pour déborder la gauche de l’avant-garde française.

    Le village de Marengo devenait le centre de l’attaque. Le général Victor reçut l’ordre de le défendre le plus longtemps qu’il serait possible, mais sans chercher à reprendre la position qu’avait occupée la division Gardanne, qui fut placée sur la droite du village, s’appuyant au ruisseau et à des terrains marécageux.

    La grande supériorité des Autrichiens leur permettait d’attaquer le village avec des forces considérables, en même temps que la droite du général Haddick s’étendait pour déborder la gauche des Français, et que la division du général Kaim cherchait à se déployer sur la gauche de Marengo, pour dépasser notre droite.

    En ce moment le corps du général Oreilly, de la division Haddick, aborde la division Chambarlhac. La vingt-quatrième demi-brigade légère et les deux bataillons de la quatre-vingt-seizième de ligne soutiennent le choc. Les deuxième et vingtième régiments de cavalerie et le sixième de dragons s’avancent et chargent avec succès la première ligne ennemie. Mais la seconde prend part à l’action.

    Alors Marengo est attaqué avec une nouvelle fureur, et défendu avec la même intrépidité. La gauche seule du général Chambarlhac, sur laquelle arrive le gros du corps d’Oreilly, est ébranlée.

    Le général Lannes était arrivé sur la ligne à la hauteur des premiers échelons, et formait la droite avec la division Watrin et la brigade Mainony. Il attaque un corps de la division Kaim qui se trouve devant lui, et qui était en marche sur Castel-Ceriolo ; mais débordé bientôt par cette division entièrement déployée, il est forcé de soutenir les attaques les plus vives tant d’infanterie que de cavalerie. Il les repousse avec vigueur à la tête de la sixième demi-brigade légère et des vingt-deuxième, vingt-huitième et quarantième de ligne.

    La brigade de cavalerie commandée par le général Champeaux, et destinée à flanquer le corps du général Lannes, reçoit ordre de charger pour en soutenir la droite. Elle exécute cette charge avec le premier et le huitième régiment de dragons, et le général Champeaux reçoit une blessure mortelle.

    Le général Lannes contient l’ennemi sur le ruisseau à la Barbotta, et appuie ainsi la brillante défense que faisait à Marengo la division Gardanne. Ce village si vivement disputé était encore en notre pouvoir. Plusieurs fois les Autrichiens y entrent avec fureur, mais ne peuvent s’y établir. Nos troupes, par des prodiges de valeur, conservent cet important appui du centre de la ligne.

    Cependant le général Elnitz, commandant la cavalerie ennemie, longe la Bormida, dépasse Castel-Ceriolo, déborde toute notre droite et se déploie par escadron entre la cassine la Buzana et notre première ligne.

    Sa manœuvre tendait évidemment à prendre notre première ligne à dos, ce qui pouvait être décisif en faveur de l’armée autrichienne.

    Mais Bonaparte avait déjà fait entrer dans son plan les moyens de déjouer cette manoeuvre dangereuse, et, dès dix heures du matin, les mouvements de toute cette journée étaient décidés dans sa pensée.

    Il avait ordonné à la deuxième ligne ou réserve de marcher par échelons, la droite en avant. Le général Carra-Saint-Cyr, qui commandait l’échelon de droite, n’était pas encore à la hauteur de la première ligne. Bonaparte y place sur-le-champ les grenadiers de sa garde avec leurs canons, pour arrêter les mouvements du général Elnitz. Isolés à plus de trois cents toises de la droite de notre ligne, ils paraissent une redoute de granit au milieu d’une plaine immense.

    La cavalerie ennemie les entoure : on vit alors tout ce que peut l’infanterie d’élite. Plusieurs escadrons sont rompus, et le temps que la cavalerie ennemie perd dans ses faux mouvements, donne au général Carra-Saint-Cyr celui d’arriver à la hauteur des grenadiers. Il les dépasse et se porte sur Castel-Ceriolo, après avoir repoussé les charges de la cavalerie qui veut s’opposer à sa marche sur ce village, où il parvient à s’établir en délogeant les chasseurs tyroliens et ceux du Loup, vainement secourus par les grenadiers de Morzini.

    Le deuxième échelon de la réserve, commandé par le général Desaix, était en marche pour se placer en arrière de la gauche du premier, et à grande distance, à la hauteur de San-Giuliano.

    Dès l’instant que Bonaparte voit que la division du général Carra-Saint-Cyr est établie dans Castel-Ceriolo, il ordonne à la première ligne, la retraite, par échelons, la gauche en avant. Les échelons de gauche de la ligne exécutent ce mouvement au pas ordinaire, tandis que les échelons du centre le font au très petit pas, et seulement après que les premiers (ceux de gauche) ont pris leur distance.

    Le général ennemi apprécie mal cette manœuvre, et croit l’armée en pleine retraite, lorsqu’en réalité, elle ne fait qu’un mouvement de conversion. Il cherche avec une nouvelle confiance à exécuter son projet de tourner notre gauche et de nous couper le chemin de Tortone. C’est dans ce dessein qu’il forme cette colonne de cinq mille grenadiers qui se porte sur la grande route, afin de prévenir et d’empêcher le ralliement des corps de l’armée française qu’il suppose en désordre.

    Cependant, pendant les quatre heures que notre armée mit à faire ce mouvement de conversion, elle offrit le spectacle le plus majestueux et le plus terrible.

    L’armée autrichienne dirigeait ses principales forces sur notre centre et sur notre gauche. Elle suivait le mouvement de retraite de la première ligne, laissant à sa cavalerie le soin de déborder notre droite au-delà de Castel-Ceriolo.

    Nos échelons faisaient leur retraite en échiquier par bataillon dans le silence le plus profond. On les voyait sous le feu de quatre-vingts pièces de canon, manœuvrer comme à l’exercice, s’arrêter souvent, et présenter des rangs toujours pleins, parce que les braves se serraient, quand l’un d’eux était frappé.

    Bonaparte s’y porta plusieurs fois pour donner au général Desaix le temps de prendre la position qui lui était désignée. Il distingua surtout dans ce mouvement de conversion, qui en fut un véritable de retraite pour la première ligne, l’ordre et le sang-froid de la division commandée par le général Lannes.

    Cependant les échelons de gauche de la première ligne arrivent à la hauteur de San-Giuliano, où le général Desaix était placé. Ils continuent leur retraite, et se placent sur la gauche en arrière, s’arrêtent alors et reprennent haleine.

    Toute notre cavalerie et quinze pièces de canon étaient masquées derrière des vignes, et placées dans les intervalles des régiments du général Desaix, dont les premier et troisième bataillons étaient en colonne derrière les ailes du second déployé en bataille. L’attaque continuait à être extrêmement vive entre les deux armées.

    Au milieu de ces mouvements si compliqués, et dans la chaleur d’une bataille si opiniâtre, il devenait difficile de saisir les rapports des dispositions rapides et variées qui s’exécutaient. Mais la confiance en la victoire fut toujours entière dans la tête du chef qui les dirigeait, bien que les Autrichiens parussent eux-mêmes en avoir la certitude.

    Revenons sur la position des deux armées après ce mouvement. Le premier échelon de la seconde ligne de réserve, commandée par le général Carra-Saint-Cyr, occupait Castel-Ceriolo. Il s’était barricadé dans le village, et tenait en respect la cavalerie ennemie qui était aussi menacée sur la route de Salé. Les grenadiers de la garde étaient placés diagonalement en arrière sur la gauche de Castel-Ceriolo, l’échelon du général Lannes diagonalement en arrière sur la gauche des grenadiers.

    Le général Desaix était posté devant San-Giuliano, diagonalement en arrière sur la gauche du général Lannes, avec quinze pièces d’artillerie. Toute notre cavalerie était placée en colonnes dans les intervalles, afin de profiter du premier mouvement favorable pour agir, le corps du général Victor diagonalement en arrière sur la gauche du général Desaix.

    Il était six heures du soir, Bonaparte arrête le mouvement de retraite dans tous les rangs. Il les parcourt, s’y montre avec ce front serein qui présage la victoire, parle aux chefs, aux soldats, et leur dit que pour des Français, c’est avoir fait trop de pas en arrière, que le moment est venu de faire un pas décisif en avant. « Soldats, ajoute-t-il, souvenez-vous que mon habitude est de coucher sur le champ de bataille ».

    Au même instant, il donna l’ordre de marcher en avant, l’artillerie est démasquée, elle fait pendant dix minutes un feu terrible : l’ennemi étonné s’arrête. La charge battue en même temps sur toute la ligne, et cet élan qui se communique comme la flamme au cœur des braves, tout ajoute en ce moment à l’ardeur qu’inspire la présence d’un chef qui jamais ne leur promit vainement la gloire.

    La division Desaix, qui n’avait pas encore combattu, marche la première à l’ennemi avec cette noble assurance que lui inspire le désir de donner à son tour des preuves de cette valeur brillante qu’avaient montrée les autres divisions. Elle est fîère de suivre un général dont le poste fut toujours celui du péril et de l’honneur.

    Une légère élévation de terrain couverte de vignes dérobait à ce général une partie de la ligne ennemie. Impatient, il s’élance pour la découvrir. L’intrépide neuvième légère le suit à pas redoublés. L’ennemi est abordé avec impétuosité, la mêlée devient terrible. Plusieurs braves succombent, et Desaix n’est plus. Son dernier soupir fut un regret vers la gloire, pour laquelle il se plaignit de n’avoir pas assez vécu.

    Les regrets de Bonaparte furent les premiers tributs d’honneur payés à sa mémoire. Sa division, passée aux ordres du général Boudet, jalouse de venger son général, charge avec impétuosité l’ennemi qui, malgré sa vive détermination, ne pouvant tenir contre nos baïonnettes, se renverse sur la colonne de grenadiers qui le suivait, et qui déjà était arrivée à Cassina-Grossa, où elle attaquait nos éclaireurs.

    Les Autrichiens surpris s’arrêtent ébranlés. C’est alors que se montrèrent dans tout leur jour la profondeur et l’habileté des dispositions précédemment faites.

    L’ennemi, qui avait dépassé sur notre gauche la ferme de la Ventolina, et qui se croyait au moment de nous couper la retraite, est tourné lui-même par sa gauche. Les divisions qui s’étendent de Castel-Ceriolo à San-Giuliano, prennent ses lignes en flanc. Ses bataillons entendent la fusillade de tous les côtés à la fois, sur le devant, sur le flanc gauche et sur le derrière. A peine la division Desaix a-t-elle poussé et mis en retraite la droite des Autrichiens, à peine ceux-ci commencent-ils à exécuter ce mouvement, qu’ils entendent le bruit de notre feu qui déjà leur semble partir de dessus les ponts de la Bormida et du village de Marengo.

    Dans ce moment, Bonaparte ordonne à la cavalerie qu’il avait conservée en réserve, en arrière de la droite de la division Desaix, de passer au galop par les intervalles, et de charger avec impétuosité cette formidable colonne de grenadiers, déjà, ébranlée par la division Desaix.

    Cette manœuvre hardie s’exécute à l’instant, avec autant de résolution que d’habileté. Le général Kellermann se porte au galop hors des vignes, se déploie sur le flanc gauche de la colonne ennemie, et par un quart de conversion à gauche, lance sur elle la moitié de sa brigade, tandis qu’il laisse l’autre moitié en bataille pour contenir le corps de cavalerie ennemie qu’il avait en face et lui masquer le coup hardi qu’il allait porter.

    En même temps, les grenadiers et les chasseurs de la garde renversaient sur la droite tout ce qui était devant eux. Le général Watrin attaque avec une nouvelle audace. Le général Carra-Saint-Cyr envoie, de Castel-Ceriolo, des tirailleurs le long du ruisseau et des marais jusqu’auprès de Marengo.

    Le général de cavalerie Rivaud, faisant un mouvement décidé, avait sur la route de Salé ses avant-postes déjà engagés avec ceux du général Elnitz ; et le gros de la cavalerie autrichienne contenu ainsi à l’extrémité de notre droite, laissait sa ligne d’infanterie sans appui dans la plaine.

    L’armée française franchit en trois quarts d’heure le grand espace qu’elle avait défendu pendant quatre heures.

    La cavalerie ennemie pressée par le général Rivaud, fusillée des haies de Castel-Ceriolo, se hâte d’accourir au secours de son infanterie. L’ennemi se rallie, et arrivé à Marengo, conserve le projet de garder ce village.

    La division du général Boudet, qui veut avoir la gloire de reprendre Marengo, fait une dernière charge avec cette vigueur qui avait marqué les premières.

    Le corps du général Victor, qui revenait sur des lieux où il avait si bien combattu, la soutient. L’ennemi qui se voit forcé de renoncer à vaincre veut prouver qu’il en était digne, et montre, dans ce dernier combat, toute l’énergie que l’honneur peut donner.

    Mais la victoire toute entière s’élance dans les rangs français. Les Autrichiens fatigués et affaiblis doivent céder, et nos troupes rentrent avec eux dans Marengo qu’ils évacuent pour se porter sur leurs ponts de la Bormida.

    Au nord de Marengo, le général Lannes attaquait un corps de réserve. Il n’éprouvait pas moins de résistance et n’avait pas moins de succès. Il s’empare de quelques pièces de canon. Un corps de la réserve de la cavalerie ennemie se disposait à charger la droite de la division Boudet. Mais le général Bessières, commandant les grenadiers et les chasseurs à cheval de la garde, saisit cette occasion de gloire ; et jaloux de donner à la troupe d’élite qu’il commande, l’honneur de la dernière charge, il prévient l’ennemi, s’élance, fait plier ce corps et le jette en désordre sur le ruisseau. Il découvre par-là le flanc de l’infanterie et détermine la retraite générale, en portant le trouble et l’effroi dans les rangs ennemis.

    Le jeune Beauharnais faisant briller à la tête des chasseurs, l’impétuosité de son âge réunie à l’expérience d’un guerrier consommé, montrait dès lors qu’il était digne des destinées qui l’attendaient.

    La nuit couvrait déjà la plaine, les débris de l’armée autrichienne en profitent pour repasser les ponts. Et les Français, au milieu de leurs sanglants trophées, bivouaquent sur la position qu’ils occupaient avant la bataille.

    Les Autrichiens eurent dans cette journée, quatre mille cinq cents morts, huit mille blessés et sept mille prisonniers. Ils perdirent douze drapeaux et trente pièces de canon.

    Les Français eurent onze cents hommes tués, trois mille six cents blessés et neuf cents prisonniers.

     

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