La bataille du Mamelon Vert
D’après « Souvenirs de la guerre de Crimée, 1854-1856 » – Charles Alexandre Fay – 1867
C’est le 26 mai que le général Bosquet écrivit au général Pélissier la lettre n° 375, destinée à faire connaître la façon dont il entendait conduire l’assaut projeté.
« Dans le dispositif des troupes que j’ai étudié avec les généraux de division, je prends pour base que l’artillerie aura ouvert et continué suffisamment son feu avec les moyens demandés ; que le génie aura bien calculé ses tracés de communication et ses moyens de les exécuter ; enfin qu’il est question d’enlever et d’occuper définitivement, d’une part, le Mamelon Vert, de l’autre, les deux ouvrages des 22 et 27 Février sur le mont Sapone.
Comme l’ennemi aura naturellement grand intérêt à défendre ces ouvrages, et qu’il peut sortir de ce côté par de larges ouvertures, avec des forces imposantes, sans autre inquiétude pour sa retraite, que celle de voir entrer avec lui l’assaillant pêle-mêle dans la ville, je crois qu’il convient d’échelonner trois brigades sur chaque attaque. Les deux attaques seront prononcées à la même heure, un peu après midi. De cette manière, si l’ennemi avait réparé, pendant la nuit, une partie de ses avaries et rétabli quelques défenses, particulièrement sur les ouvrages menacés, l’artillerie, dans la matinée, aurait le temps de les ruiner de nouveau. Cinq ou six heures de jour suffiraient pour les enlever, et entamer, en voyant clair, les premiers travaux d’appropriation contre l’ennemi.
Enfin, comme les Russes peuvent rendre ces attaques très rudes, il me semble utile que chacun combatte au grand jour et sous les yeux de ses chefs.
L’emplacement des troupes a déjà été reconnu pour un cas semblable, il y a quelque temps, lors du projet d’un assaut général. Les mêmes dispositions seront prises, etc., etc. Enfin, il est évident que nous devons rester sur place, pendant quarante-huit heures, c’est-à-dire jusqu’à ce que nos travaux soient consolidés, et l’ennemi repoussé un assez grand nombre de fois, ou assez vertement une ou deux fois, pour qu’il renonce définitivement à ses positions. Relever les gardes d’une manière absolue et complète avant vingt-quatre heures serait impossible avec nos effectifs.
J’aurai soin que le service des ambulances, et particulièrement celui de l’eau, soient assurés. Je n’ai plus qu’une précaution à indiquer, mais que je ne saurais assurer personnellement. Le Mamelon Vert n’est battu sur sa face droite que par les batteries anglaises ; si ces batteries le veulent, je sais par expérience que leur tir peut être très vif, très exact, et que, combiné avec celui de nos batteries du Carénage et de Victoria, il peut assurer la ruine de l’artillerie du Mamelon.
Je demande, en conséquence, que le concours des Anglais nous soit loyalement prêté… Je calcule aussi que les Anglais auront essayé de ruiner avec leur artillerie les batteries du Grand-Redan (sans négliger les faces qui ne les voient pas, eux, mais qui voient en plein le Mamelon Vert), et que leurs colonnes d’attaque appelleront sur leur centre une partie de l’attention de l’ennemi ».
Par suite de ces dispositions, approuvées par le commandant en chef, et complétées par une dépêche du 31 mai (n° 380), on se mit vigoureusement à l’œuvre de notre côté pour se préparer à l’assaut ; la deuxième parallèle du Carénage fut terminée dans la nuit du 26, et nous rapprocha de deux cent cinquante mètres de l’Ouvrage blanc le plus avancé.
Au milieu de tous ces préparatifs de combat, on fit une découverte heureuse : dans la journée du 30, pendant une reconnaissance faite par les généraux Niel et Frossard, le long du ravin du Carénage, dans le but d’étudier les communications entreprises dans ce fossé naturel, le commandant du génie Boissonnet, chef d’attaque ce jour-là, découvrit une ligne de vingt-quatre caisses de poudre, formant barrage dans la largeur du ravin.
Au-dessus de ces caisses, se trouvait, à fleur de terre, un tube de verre enveloppé de cuivre ; il devait être écrasé par les colonnes en marche, et laisser échapper une composition fulminante destinée à communiquer le feu à la poudre des caisses. A la suite d’un petit engagement, seize de ces engins de destruction furent enlevés et portés au grand parc d’artillerie.
Le 3 juin, le général Pélissier fit une reconnaissance dans la vallée de Baïdar, avec 4000 hommes d’infanterie, dix escadrons de cavalerie, deux batteries à cheval et une de montagne, sous le commandement du général Morris. Cette colonne s’avança jusqu’à Ourkouska, au delà de Baïdar, et, à droite, jusqu’au passage Phoros, sur la route de Yalta. Elle fut rejointe par un détachement piémontais, qui avait suivi les hauteurs, sous le commandement du général de La Marmora. A la nuit, toutes ces troupes étaient rentrées au bivouac, sans avoir rencontré de résistance.
Enfin le 6 juin, à trois heures de l’après-midi, le feu devint général au vieux siège, et de notre côté. La place y répondit vigoureusement, tandis que nous prenions les dernières mesures pour l’importante opération que nous devions entreprendre le lendemain.
Elle devait se faire en plein jour. C’est l’attaque française, par excellence, car les grands combats de nuit, nous l’avions constaté plus d’une fois pendant le siège, ne convenaient pas, en général, à nos soldats.
On décida que l’assaut serait livré à six heures et demie du soir, à une heure telle que l’on pût combattre de jour, et travailler de nuit, pour s’établir dans les ouvrages conquis, sans être écrasés par le feu de l’ennemi.
Le général Bosquet, après avoir pris toutes ses dispositions pour cette grande entreprise, la fit précéder d’un ordre du jour, qui fut lu aux troupes au moment où elles allaient prendre leurs emplacements de combat : « Officiers et soldats du deuxième corps, leur disait-il, le général en chef a jugé que le moment était venu de frapper l’ennemi au cœur, et le deuxième corps aura l’honneur de porter les premiers coups, en enlevant, en plein jour, le Mamelon Vert et les Ouvrages blancs du mont Sapone. Nous les enlèverons à la française, et aux cris de vive l’Empereur ! Mais que chacun se souvienne que, là où nous mettons le pied, nous restons avec fermeté ».
On achevait cette lecture aux bataillons sous les armes, lorsque le général Bosquet, parcourant rapidement le front des troupes, leur jeta quelques chaleureuses paroles qu’elles accueillirent partout avec les plus vives acclamations.
Il était quatre heures et demie, lorsque les quatre divisions désignées pour l’assaut entrèrent dans les tranchées, chaque homme muni de deux jours de vivres et de quatre-vingts cartouches. La droite de nos parallèles du Carénage fut occupée par la première brigade de la division Mayran, commandée par le général de Lavarande. Cette colonne était chargée d’attaquer l’ouvrage du 27 Février. A sa gauche, était placée la deuxième brigade de la même division, sous les ordres du général de Failly. Elle devait enlever l’ouvrage du 22 Février.
L’ensemble des opérations contre les Ouvrages blancs était confié au général Mayran. Il avait comme soutien la division Dulac, dont la première brigade, avec le général de Saint-Pol, devait occuper la parallèle du Carénage dès que le mouvement offensif se prononcerait, tandis que la brigade Bisson formerait une deuxième réserve plus en arrière, et que la division turque d’Osman-Pacha occuperait le plateau d’Inkermann.
Le général Camou dirigeait le mouvement en face du Mamelon Vert avec sa division, soutenue de la division Brunet, rappelée de la Tchernaya, pour prendre part à l’assaut ; et enfin, de deux bataillons de la Garde, qui formaient une dernière et vigoureuse ressource.
La première brigade de la deuxième division, sous le commandement du général de Wimpffen, occupait les parallèles devant la redoute Victoria avec les Tirailleurs Algériens (colonel Rose) à droite, le 50e de ligne (colonel de Brancion) au centre, et le 3e de Zouaves (colonel Polhès) à gauche. Elle devait être remplacée dans les tranchées par la brigade Vergé, massée dans le ravin de Karabelnaya, en avant de la division Brunet, qui était destinée à former la réserve de ce côté. Enfin, deux bataillons du 97e et du 61e, sous le commandement du lieutenant-colonel Larrouy d’Orion, du premier de ces corps, devaient, entre les deux attaques, descendre jusqu’au fond du ravin du Carénage, afin de tourner l’ennemi, et de le couper dans sa retraite des Ouvrages blancs sur le corps de place.
D’après les ordres du général Frossard, qui dirigea l’ensemble des travaux du génie avec son habileté accoutumée, les colonnes d’assaut étaient accompagnées et souvent précédées de brigades de sapeurs, portant à la ceinture, ainsi qu’une compagnie d’infanterie de chaque colonne, des outils à manche court. Ces brigades, conduites par des officiers du génie, étaient destinées à retourner contre la place ses ouvrages de contre-approche.
Enfin, l’artillerie, commandée par le général Beuret, après avoir bien préparé la journée par un feu de vingt-quatre heures, devait appuyer le mouvement, en changeant le tir de toutes les batteries du Carénage et de Victoria, pour le diriger sur les points où l’ennemi pouvait se porter en force. Des détachements de canonniers allaient marcher en outre avec chaque tête de colonne, pour tourner contre les Russes les pièces de leurs ouvrages, et reconnaître les travaux à effectuer.
A six heures trois quarts du soir, le général Bosquet, établi à la batterie Lancastre, pour suivre tous les détails de l’attaque, donna le signal, qui était impatiemment attendu. On le transmit aussitôt à toutes les troupes par un bouquet de six fusées de guerre, lancées de la redoute Victoria, où le général en chef s’était placé avec tout son état-major.
Aussitôt, les têtes de colonne s’élancent en dehors des tranchées. La brigade de Lavarande, son général en tête, franchit les trois cents mètres qui la séparent de l’ouvrage du 27 Février, et, malgré la mitraille et la mousqueterie qui lui font perdre beaucoup de monde, pénètre dans la batterie par les embrasures et par les brèches. Une lutte corps à corps, à la baïonnette, s’engage sur tous les points ; une partie des défenseurs est tuée sur place, et bientôt « nous sommes maîtres du retranchement » (Rapport du général Bosquet).
De son côté, la brigade de Failly gagne au pas de course l’Ouvrage blanc du 22, placé à une distance double, et, sans se laisser arrêter, ni par les difficultés de terrain, ni par les feux du premier ouvrage, qui la prend en flanc, elle arrive « en masse compacte sur la batterie, escalade le parapet, sous un feu meurtrier, et bientôt l’héroïque résistance de l’ennemi est brisée » (Rapport du général Bosquet).
Les Russes se retirent en désordre, partie vers le pont de la baie du Carénage, partie vers l’ouvrage du 2 Mai. Mais ils sont suivis sur ce dernier point par de vaillants soldats, qui s’en emparent, refoulent à la baïonnette un retour offensif des défenseurs, et leur font soixante prisonniers, dont trois officiers. Toutefois, ne pouvant conserver cet ouvrage, éloigné de cinq cents mètres de celui du 22 Février, et enveloppé de feux de toutes parts, ils enclouent les pièces et se retirent dans cette dernière redoute.
En même temps, le lieutenant-colonel Larrouy d’Orion descendait, avec ses deux bataillons, le ravin du Carénage, et, gravissant la berge droite de ce ravin, il coupait dans leur retraite les Russes chassés des Ouvrages blancs. Cette opération, qui nous valut quatre cents prisonniers, dont cent vingt officiers, fut conduite, dit le rapport, « avec une remarquable bravoure et une énergique prudence, et fit le plus grand honneur à son chef » (Rapport du général Bosquet) qui, malheureusement, devait être tué le 18 juin.
A l’attaque Victoria, les troupes avaient obéi avec la même ardeur au signal donné de la batterie Lancastre, et, sans s’occuper de la mitraille du Mamelon Vert, des feux convergents du Grand-Redan et des batteries situées à gauche de Malakof, elles avaient gravi avec un entrain irrésistible la pente qui menait à leur objectif, situé à quatre cent cinquante mètres du point de départ.
En un instant, les postes avancés du Mamelon Vert furent balayés, et leurs défenseurs tués ou mis en fuite. Puis, les Zouaves, tournant par la droite l’ouvrage russe, y pénétrèrent avec impétuosité, tandis que la batterie de quatre pièces, placée à la gauche de cet ouvrage, était enlevée avec la même vigueur par les Tirailleurs Algériens.
De son côté, le 50e marchait droit sur le centre ; et, tout à coup, au milieu de la fumée, un drapeau français apparut planté sur le parapet et fut « salué de mille cris ; c’était celui du 50e, soutenu de la main même du chevaleresque colonel de Brancion, qui tomba aussitôt sous la mitraille ennemie, glorieusement enseveli dans son triomphe » (Rapport du général Bosquet).
Le Mamelon Vert était conquis, et le génie s’occupait à faire, avec les gabions russes trouvés sur place, un logement en arrière d’un bourrelet de terre qui existait à la gorge. Il s’efforçait en outre d’ouvrir le parapet de notre côté. Là devait se borner l’effort de nos troupes, qui, d’après les ordres reçus, n’avaient plus qu’à s’y maintenir contre les retours offensifs des Russes.
Malheureusement, nos soldats, entraînés par leur ardeur, s’acharnèrent à leur poursuite, franchirent les quatre cents mètres qui les séparaient de Malakof, arrivèrent aux fossés de la place et tentèrent d’y pénétrer avec l’ennemi. A leur tête était cet intrépide officier que l’on trouvait partout où, en Europe, retentissait le canon, et qui paraissait ignorer le danger, tant il le bravait.
Je veux parler du colonel d’état-major de La Tour du Pin, qu’une infirmité cruelle avait éloigné du service actif. Il s’en vengeait en parcourant en volontaire tous les champs de bataille, un long cornet acoustique placé dans ses fontes de pistolets. De façons distinguées, causeur spirituel et aimable, il était accueilli volontiers partout, et nous avions le plaisir de le voir souvent à la table du général Bosquet. Il interrogeait tout le monde, s’informait sans cesse des projets d’attaque, et courait du vieux siége au nouveau, selon qu’on devait se battre à l’un ou à l’autre. Presque chaque jour, on le voyait dans les tranchées, les traversant parfois à ciel ouvert, sans souci des avertissements, non plus que du sifflement des balles, qu’il n’entendait pas d’ailleurs. A Inkermann, il avait été blessé. Il devait l’être encore plus grièvement à la prise de la ville, et trouver enfin, au moment où il mettait le pied sur le sol de France, une mort qu’il m’a toujours paru, sinon chercher, du moins ne jamais éviter.
Au 7 juin, il devançait donc les soldats aventureux qui arrivèrent jusqu’aux fossés, mais il fut forcé de revenir avec eux, puisque aucune disposition n’avait été prise pour un assaut définitif. Cette retraite ne se fit pas sans de grandes pertes, car l’ennemi, faisant sortir de fortes réserves, reprit possession de la lunette du Kamtschatka, secondé dans son mouvement par l’explosion accidentelle d’un magasin à poudre ou d’une fougasse, qui blessa gravement le commandant Tixier, du 3e Chasseurs à pied, et tua sur place huit ou dix hommes.
Il vint à la pensée de nos soldats que le sol était miné sous leurs pas, ainsi que les Russes l’avaient souvent répété, et, pris de panique, la plupart se rejetèrent en arrière, laissant le champ libre aux Russes. Quelques-uns même regagnèrent en désordre nos tranchées, qu’ils encombrèrent.
C’est ainsi que l’ennemi occupa de nouveau la Lunette, reprit le tir de son artillerie, qu’on n’avait pas eu le temps d’enclouer, et s’avança même assez près de nos contre-approches.
A cette vue, le général Camou, dominant les soldats de sa haute taille, donna l’ordre au général Vergé de porter sa brigade en avant, tandis que le général Bosquet, qui suivait avec inquiétude le mouvement rétrograde, envoyait un aide de camp au général Brunet pour lui prescrire d’appuyer la deuxième division.
La brigade du général Vergé, battant la charge, monta rapidement la pente, en ralliant les troupes de la première brigade, et, après avoir enlevé le Mamelon Vert, que nous ne devions plus abandonner, se jeta à la poursuite de l’ennemi. Pour l’appuyer, le colonel Duprat de La Roquette, du 100e de ligne, qui commandait la première brigade de la division Brunet, vint occuper l’ouvrage et disposer en avant, dans une coupure, le 4e bataillon de Chasseurs à pied (commandant de Fontanges), qui, bien que sous un feu très vif, protégea efficacement le ralliement de la brigade Vergé.
Ce ralliement effectué, « la brigade Vergé s’établit dans le Mamelon, et la brigade de Wimpffen dans la parallèle russe allant de ce Mamelon au Carénage, où elle se reliait à la brigade Bisson, de la division Dulac. A gauche, vers le ravin de Karabelnaya, une partie de la première brigade de la division Brunet et la deuxième (Lafont de Villiers) restèrent en réserve dans ce ravin » (Journal de la 2e division).
Il était sept heures et demie du soir. Les Russes, convaincus désormais que nous étions décidés à nous maintenir sur les points occupés par nous, nous les abandonnèrent avec soixante-sept bouches à feu de gros calibre et six mortiers portatifs. Puis ils rentrèrent dans la place, et commencèrent un feu terrible d’artillerie pour nous écraser et empocher les travaux du génie. Celui-ci n’en poursuivit pas moins son œuvre, établissant des gabionnades du côté de l’ennemi, des communications en arrière, et nous mettant ainsi en mesure de rester au jour dans les ouvrages enlevés la veille.
Les résultats de cette brillante journée furent décisifs et produisirent, des deux côtés, un grand effet moral. Les Russes y avaient perdu leur première ligne de défense, et ils durent alors regretter d’avoir relié leurs embuscades par des parallèles si éloignées du canon de la place, puisqu’il nous avait suffi d’un seul combat et d’une seule nuit de tranchée pour nous en emparer, et faire un pas de trois cents à quatre cents mètres environ vers Sébastopol.
Le général Pélissier témoigna sa satisfaction au deuxième corps par l’ordre du jour suivant, daté du 15 : « L’enlèvement de vive force des redoutes russes en avant de Sébastopol, gage assuré du succès de nos opérations prochaines, restera l’un des faits les plus considérables de cette campagne.
Il est, pour le deuxième corps d’armée, un titre d’honneur que le général en chef est heureux de proclamer, et dont il consacre le souvenir, en citant les corps qui ont pris une part active à ce glorieux fait d’armes et les noms des militaires, de tous grades, que leur bravoure et leurs services ont fait particulièrement remarquer ».
Le général de Cissey se trouvait aux premiers rangs de cette glorieuse liste : « C’est un devoir de conscience pour moi, avait dit dans son rapport le général Bosquet, de vous citer mon chef d’état-major, qui était au Mamelon Vert, assistant à la fuite des Russes, et qui s’est occupé avec la plus grande activité de l’organisation défensive de la position enlevée à l’ennemi. Nous avons fait des pertes sensibles, ajoutait le général. Nous avons à regretter de braves soldats, mais ces pertes ne sont pas trop considérables, si l’on tient compte des troupes engagées, de la durée du combat, et de l’importance des résultats obtenus…
Les troupes ont dû rester pendant quarante-huit heures dans leurs positions d’attaque, et une partie des chefs de corps a été mise hors de combat… Au nombre des tués se trouve le brave général de Lavarande, emporté par un boulet, le 8 au matin, dans l’ouvrage du 27, qu’il avait conquis ; sa perte est un deuil pour l’armée. Le colonel Hardy, du 86e, blessé très grièvement à la tête de son régiment, vient aussi de succomber ».
Nos pertes se répartissent de la manière suivante :
Officiers |
Troupes |
Total |
|
Tués |
69 |
628 |
697 |
Blessés |
203 |
4160 |
4363 |
Disparus |
4 |
379 |
383 |
Totaux |
276 |
5167 |
5443 |
Parmi les morts, se trouvaient, avons-nous dit, le général de Lavarande et le colonel de Brancion, dont le général en chef voulut honorer la mémoire, en donnant leurs noms aux ouvrages qu’ils avaient emportés : belle et touchante pensée, qui ne put cependant prévaloir contre les anciennes dénominations habituées d’Ouvrages blancs et de Mamelon Vert.
De leur côté, les Russes, qui, d’après l’ouvrage d’Anitschkof, n’avaient engagé que seize bataillons, durent faire de plus grandes pertes que nous ; ils n’accusèrent toutefois que 2500 hommes hors de combat. Mais, au nombre des morts, se trouvait le brave et habile général Timofeïef, qui avait si vigoureusement dirigé la sortie de la place contre nos travaux de siège le jour de la bataille d’Inkermann.
Marie on 3 juin 2018
Bonjour, c’etait pas plutot en 1855 cette bataille .. un de mes ascendants y est décédé
colette on 18 février 2019
je suis d’accord c’est 1855 car un de mes ascendants a été blessé et j’ai l’information sur son livret militaire