Le combat de Mapa
D’après « Les Hauts faits de l’armée coloniale » – F. Bertout de Solières – 1912
Par suite d’une erreur dans la dénomination de l’un des fleuves servant à la délimitation de notre colonie de la Guyane, erreur remontant au traité d’Utrecht (11 avril 1713), il existait une région sur laquelle la France et le Brésil élevaient des revendications communes : on nommait ce territoire le contesté franco-brésilien.
De nombreux pourparlers, des arbitrages de toutes sortes n’avaient pas, depuis plus d’un siècle, fait avancer la question. Elle vient d’être réglée récemment par un arbitrage de la Suisse.
En attendant, un chef insurrectionnel du Brésil, le capitaine Véroz Cardozo de Cabrai, homme énergique et vigoureux, s’était installé en maître sur ce territoire, s’instituant lui-même général gouverneur.
Etabli à Mapa, petite ville du Contesté, non loin du cap del Norte, commandant à une bande de brigands (anciens forçats, brésiliens déserteurs, anciens émeutiers de la province de Para), il avait persuadé aux habitants du territoire que tout l’or trouvé par les prospecteurs (chercheurs d’or) était la propriété absolue des occupants, qu’en conséquence, il ne fallait pas permettre aux étrangers, particulièrement aux Français, de venir s’installer dans le pays.
Le Brésil, agissant avec traîtrise, avait procuré à Cabrai, des fusils à tir rapide nécessaires à sa bande lui envoyant également d’ex-officiers et sous-officiers de l’armée régulière, lui payant une solde considérable, lui promettant des avantages encore plus grands s’ils parvenaient, lui et les siens, à drainer au bénéfice du Brésil tout le trafic du pays.
Cabrai mit tout en œuvre pour arriver à ce but.
Plusieurs pillages de nos nationaux avaient été laissés impunis lorsqu’en 1891 la capture de Trajane, notre représentant à Counani, la capitale du Contesté, décida le gouvernement à agir vigoureusement.
Le chef de bataillon Péroz, commandant les troupes à la Guyane, reçut l’ordre de demander des explications, d’exiger la mise en liberté du prisonnier et d’obtenir des garanties pour l’avenir.
L’aviso le Bengali partit de Cayenne pour Mapa emportant 60 hommes d’infanterie de marine commandés par le capitaine Lunier et le lieutenant Destoup, ainsi qu’une section de débarquement, 24 marins sous les ordres de l’enseigne de vaisseau d’Escrienne.
La troupe débarqua le 15 mai 1895, et l’infanterie de marine prit aussitôt position autour de la ville. Le capitaine Lunier, accompagné d’un clairon et d’un sous-officier, pénétra dans Mapa et fut reçu immédiatement par Cabrai, entouré d’une soixantaine de partisans porteurs de Winchesters.
Dès que Lunier eut réclamé la livraison du prisonnier, Cabrai, rompant l’entretien, décharge à bout portant son revolver sur le malheureux officier, puis se jetant de côté, démasque sa troupe et commande un feu de salve sur les marins arrêtés à 150 mètres. En même temps, des hommes postés aux étages supérieurs des maisons commençaient un feu rapide très violent.
4 marins furent tués sur le coup, 11 marins et le clairon ainsi que l’enseigne de vaisseau furent blessés.
Au bruit de la fusillade, le lieutenant Destoup fait mettre baïonnette au canon à ses marsouins et se jette au secours des marins entourés de tous les côtés.
Une lutte corps à corps s’engage terrible.
Destoup reçoit dans ses bras le capitaine Lunier qui a été atteint de cinq coups de feu. Après l’avoir fait transporter en arrière, il prend le commandement de toute la troupe et charge vigoureusement.
Un combat de rues succède alors à la mêlée. L’église, les maisons, attaquées l’une après l’autre sont l’objet d’une défense opiniâtre. Le village est livré aux flammes au fur et à mesure de sa prise. A 1 heure de l’après-midi, tout était détruit. L’ennemi comptait 60 tués et autant de blessés, parmi lesquels Cabrai lui-même.
Malheureusement, de notre côté, nous avions 7 morts et parmi eux le capitaine, 19 blessés dont l’enseigne de vaisseau.
78 combattants avaient donc réduit au silence plus de 300 partisans sans compter les habitants qui faisaient cause commune avec eux. La mort du capitaine était vengée et l’honneur du drapeau français lavé dans le sang.
Par son entrain, sa vigueur, sa présence d’esprit, le lieutenant Destoup resté chef de l’expédition, après la mise hors de combat des autres officiers, rétablit la situation gravement compromise par le misérable guet-apens dont les marins avaient été victimes.
Un mois après, cet officier recevait par cablogramme la nouvelle qu’il était fait chevalier de la Légion d’Honneur pour sa vaillante conduite.
Entré au 66e de ligne en 1882, passé comme sergent dans l’infanterie de marine, sorti de Saint-Maixent en 1891, dans un bon rang, Destoup avait été nommé lieutenant le 1er mars 1893.
Tebbal on 2 mars 2021
Bonjour
Mon arrière grand oncle a incorporé la Marine sur le bengali en mars 1898 nous n de bons plus d archives le concernant depuis. j aimerai savoir quelle expédition le bengali avait entrepris à cette date.
Cordialement
Marilyn tebbal