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     Le 29 avril 1792 – La déroute de Marquain dans EPHEMERIDE MILITAIRE le-bucher-de-lille-150x150

     

    La déroute de Marquain

    D’après « Victoires, conquêtes, désastres, revers et guerres civiles des Français » – Charles-Nicolas Beauvais – 1817


    Le gouvernement français ayant déclaré la guerre à François II, roi de Bohème et de Hongrie, s’occupait des moyens d’ouvrir la campagne avec avantage, et de devancer les préparatifs de l’ennemi. Les guerriers les plus distingués de cette époque, étaient les maréchaux Rochambeau et Luckner, les généraux Lafayette et Dumouriez.

    Celui-ci tenait le portefeuille des affaires étrangères, et avait puissamment contribué à faire prendre à la France l’initiative dans la grande lutte qui se préparait. Les trois premiers commandaient les seules armées que la France eût alors à sa disposition. Rochambeau était en Flandre, Luckner en Alsace, et Lafayette campait sur la Moselle, près Metz.

    Deux avis partageaient le conseil des ministres. Rochambeau, qui connaissait l’état de détresse dans lequel se trouvait la France, voulait que les armées se tinssent sur la défensive ; mais Dumouriez, dont l’esprit actif et remuant se plaisait dans les entreprises extrêmes, parlait en faveur de l’offensive.

    Les efforts que les Belges venaient de faire récemment pour secouer le joug de la maison d’Autriche, faisaient concevoir, au ministre des affaires étrangères, l’espérance que les Français seraient reçus comme des libérateurs, par un peuple que tourmentait le besoin de rompre ses chaînes.

    La guerre était donc imminente ; mais le ministère constitutionnel avait voulu laisser aux alliés le tort de commencer les hostilités. Le plan de campagne, concerté sous le ministre Narbonne, avait été que, dans ce dernier cas, Lafayette entrerait en Belgique à la tête de quarante mille hommes, et serait soutenu par l’armée de Rochambeau. Lorsque le parti, qu’on appelait jacobin, parvint au ministère, Dumouriez en fut le chef et changea le projet.

    Le 21 avril, le maréchal de Rochambeau partit de Paris pour se mettre à la tête des troupes françaises rassemblées en Flandre. Le 24, il reçut l’ordre de faire exécuter un plan de Dumouriez, qui ne lui avait pas été communiqué. Et, en conséquence, le 27 suivant, le général Biron, qui commandait sous ses ordres le camp de Famars, s’avança avec six bataillons et six escadrons, pour s’emparer de Quiévrain. Ce poste militaire, le premier qui se trouvât sur la frontière ennemie, était occupé par un faible détachement de l’armée autrichienne aux ordres du général Beaulieu.

    Biron n’eut point de peine à dissiper l’ennemi et à s’emparer de Quiévrain où il campa le 28 avril. Le lendemain, il se met en marche pour attaquer les avant-postes de Beaulieu, qui occupaient les hauteurs de Boussu et défendaient les approches de Mons.

    Après un combat où les Français restèrent vainqueurs, Biron se porta sur Mons, dont Dumouriez croyait les habitants disposés à donner les premiers le signal de l’insurrection. Mais, contre son attente, aucun mouvement n’ayant eu lieu à l’approche du général français, il craignit d’être attaqué par les forces supérieures du général autrichien, et donna ordre à ses troupes de rétrograder jusqu’à Boussu poury passser la nuit.

    Tout était tranquille dans le camp, lorsque, vers dix heures du soir, les cinquième et sixième régiments de dragons montent à cheval, sans ordre, et se retirent au grand trot, en criant : « Nous sommes trahis ». Biron accourt ; il est entouré par les mutins qui voulaient l’entraîner avec eux.

    Cependant, secondé par Dampierre, colonel du premier de ces corps, il réussit à en ramener la plus grande partie. Le reste continue à fuir jusqu’a Valenciennes, en criant toujours qu’ils sont trahis, abandonnés par le général Biron, qu’ils accusent d’avoir déserté, et publient sur leur passage qu’un gros de cavalerie ennemie a pénétré dans leur camp.

    Biron, voyant alors qu’il ne peut plus compter sur ces troupes, ordonne la retraite pour le lendemain à la pointe du jour. Elle commençait à s’effectuer, quand le général Beaulieu se mit à la poursuite des Français avec la plus grande partie de ses forces, pendant que l’autre manœuvrait pour les tourner. Vivement inquiété par les troupes légères autrichiennes, Biron se replie précipitamment. Une retraite qu’il se proposait de faire dans le plus grand ordre possible, devient bientôt une déroute complète.

    Les Français ne s’arrêtent qu’à Quiévrain. Les Autrichiens profitent de leur victoire ; ils tombent sur les Français qui, frappés encore de terreur, n’opposent qu’une faible résistance, et sont forcés à rétrograder en désordre jusqu’à leur camp de Famars.

    Deux cent cinquante Français restèrent morts sur le champ de bataille ; cinq pièces de canon et un grand nombre de prisonniers tombèrent au pouvoir des vainqueurs. La perte éprouvée par le général Biron, dans cette première affaire, eût été beaucoup plus considérable encore, si le maréchal de Rochambeau, informé de ce désastre, ne se fût pas avancé au-delà d’Huin, avec trois régiments arrivés la veille à Valenciennes, et n’eût pas placé, sur les hauteurs de Sainte-Sauve, huit pièces de canon, qui arrêtèrent les Autrichiens et favorisèrent la retraite des Français.

    Le général Biron avait échoué, comme nous l’avons dit, dans son entreprise sur Quiévrain et Mons. Le maréchal de camp Theobald Dillon faisait en même temps, sur Tournai, une tentative semblable, dont l’issue était encore plus malheureuse. Sorti de Lille, où il commandait, avec dix escadrons, six bataillons et six pièces de canon, il rencontre le général-major autrichien, comte d’Happoncourt, campé avec trois mille hommes sur les hauteurs de Marquain.

    En un moment, les éclaireurs ennemis attaquèrent ceux des Français, et ce mouvement présageait que l’intention du général autrichien était d’en venir à un engagement général. Cependant Dillon avait ordre d’éviter toute espèce de combat.

    Dumouriez avait si bien persuadé qu’il suffirait aux Français de se montrer pour déterminer les Belges en leur faveur, qu’aucune disposition n’avait été prise en cas d’attaque de la part des troupes autrichiennes.

    Dillon voyant donc l’ennemi s’ébranler pour venir a sa rencontre, donne l’ordre de la retraite. Quelques signes d’insubordination, qui s’étaient manifestés parmi ses soldats, depuis son départ de Lille, lui prouvant qu’il devait peu compter sur eux, rendaient cette mesure encore plus nécessaire.

    Au premier mouvement rétrograde que font les Français, l’ennemi tire au hasard quelques coups de canon, dont les boulets n’atteignent pas même les derniers rangs de l’armée de Dillon.

    Cependant telle était alors la défiance du soldat français envers ses généraux, que, de même qu’à Quiévrain, une terreur panique s’empare des escadrons qui couvraient la retraite. Au bruit du canon, qui tonnait vainement derrière eux, ils prennent l’épouvante, et se jettent sur l’infanterie, en criant : « Sauve qui peut ; nous sommes trahis ».

    Ce mouvement et ces cris répandent la confusion parmi les Français. Quatre canons, leurs caissons, les bagages sont abandonnés par les charretiers, et l’armée entière se jette pêle-mêle sur la chaussée, fuyant vers Baisieu.

    En vain le général Dillon tente d’y rallier les fuyards, avant que l’ennemi les atteigne. Des cris tumultueux, des apostrophes insultantes se font entendre autour du général ; il est même atteint d’un coup de pistolet, que lui tire un de ces furieux.

    En même temps, les Autrichiens surviennent ; l’alarme est générale, et cette cohue de troupes désorganisées traverse précipitamment Baisieu, continuant à fuir vers Lille. A peine sont-elles arrivées dans cette dernière ville, qu’il se forme en dedans de la porte de Fives, un rassemblement considérable de soldats des différents régiments composant la garnison.

    Le colonel du génie Berthois, qui avait accompagné le général Dillon, est arrêté par eux, pendu à l’un des créneaux de la place, et mis en pièces. Telle est la fureur aveugle qui les transporte, qu’ils se jettent sur trois ou quatre prisonniers ennemis qu’on ramenait, et les égorgent. Cet excès d’atrocité ne peut encore assouvir la rage de ces lâches.

    Au moment où ils se couvraient de honte par cet abominable oubli des droits de la guerre, le malheureux Dillon, déjà blessé, rentrait, conduit dans une voiture. Ils s’élancent sur lui, le massacrent à coups de fusil et de baïonnette, arrachent son cadavre de la voiture, le traînent dans les rues jusqu’à la grande place, où ils le jettent dans un feu allumé avec les enseignes de plusieurs auberges voisines.

    Arthur Dillon, frère de Théobald, vint en personne porter ses plaintes à l’assemblée. Les assassins furent punis, et la veuve de l’infortuné général obtint une pension pour élever ses enfants.

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