La catastrophe du Petropavlosk – Guerre russo-japonaise
D’après « Précis de quelques campagnes contemporaines » – Émile Bujac
Le mardi 12, dans la soirée, un groupe de torpilleurs russes sort en reconnaissance au large de Port-Arthur. Il ne sait pas éventer la venue, vers minuit, d’une flottille de 12 destroyers (4e et 5e divisions) et de torpilleurs (14e division), appuyant le Loryu-Maru (capitaine Oda).
Celui-ci, favorisé par une nuit obscure, un ciel couvert, une pluie torrentielle, sème des torpilles de blocus au seuil du goulet, mal éclairé par quatre projecteurs. La flottille se retire, l’œuvre achevée.
A l’aube, autre épisode. La 2e division de destroyers (quatre unités), postée près de Swaison-Point, intercepte le passage à deux torpilleurs russes rentrant de Dalny à Port-Arthur. Le Samjlu s’esquive ; mais le Beztrashni (220 tonnes) coule, un obus ayant pénétré dans la chambre des torpilles et provoqué une explosion. Cinq hommes seulement peuvent être sauvés. En cette aventure, deux blessés à bord de l’Ikazuchi.
De son côté, le Bayan – de service – s’enhardit à recueillir les torpilleurs. Il ne tarde pas (7 heures) à échanger une lointaine canonnade avec une escadre servant de soutien aux destroyers (contre-amiral Dewa, 3e escadre).
Peu après (8 heures), l’amiral Makaroff, informé, se porte au dehors avec les cuirassés Petropavlosk (pavillon amiral), Poltawa, Pobieda, les croiseurs Novik, Askold, Diana. Les antennes japonaises se replient, entraînant sous des coups de canon les navires russes.
Alors à 15 milles au large, dans le sud, le télégraphe sans fil annonce la réussite de l’astucieuse manœuvre à l’amiral Togo. Celui-ci, caché dans le brouillard, n’a pu se tenir à moins de 30 milles de la côte. Il se rue à toute vitesse avec son escadre de cuirassés – Mikasa (chef de file), Hatsuse, Asahi (pavillon amiral), Shikishima, Fuji, empruntant à la 2e escadre les croiseurs Kasuga et Nisshin, qui, pour la première fois, apparaissent dans la composition de la flotte de combat.
L’amiral a l’intention de menacer la ligne de retraite des Russes, de les inciter à la bataille. Mais Makaroff ne se laisse pas approcher et regagne le port où se tiennent prêts à le rejoindre les cuirassés Peresvet et Sevastopol.
En ce retour, la catastrophe ! Au milieu d’une trombe d’eau, une énorme masse retombe, renversée. Le Petropavlosk vient de s’abîmer, ensevelissant 40 officiers et 750 hommes d’équipage. 80 personnes environ peuvent être sauvées, et dans le nombre, le jeune grand-duc Cyrille (9h43, à 2 milles de l’entrée de la rade).
Presque en même temps, le Popieda heurtait, lui aussi, une torpille. Toutefois, il parvenait à se faire secourir.
Le lendemain 14, les Nippons réapparaissent devant Port-Arthur. Les 2e, 4e et 5e divisions de destroyers, la 9e division de torpilleurs à 3 heures du matin ; la 3e escadre à 7 heures ; puis la 1ère à 9 heures.
Le Kasuga et le Nisshin, placés à l’Ouest de Lia-Ti-Chan, usent du tir indirect contre deux ouvrages. Leurs canons, susceptibles de tirer sous un grand angle, compromettent des sites élevés, qui ne doivent pas habituellement convoiter les pièces de la marine.
La flotte s’estompe dans le lointain vers 1h30.
Le vendredi, dernière démonstration : de 10 heures à 13 heures, bombardements – avec quelques intermittences – des batteries de la presqu’île du Tigre et de la Montagne d’Or.