La bataille de la crête de Vimy
D’après « La grande guerre » – Alphonse Nicot – 1920
Au commencement du mois d’avril, les forces allemandes sur le front français s’élevaient à 145 divisions, c’est-à-dire à 1 450 000 hommes. Sur ces 145 divisions, 45 étaient tenues en réserve.
Mais les armées de l’Entente avaient la supériorité et du matériel et du nombre. L’Angleterre avait, en effet, voté le service obligatoire, et ses armées, renforcées de ses héroïques contingents du Canada et de l’Australie, s’étaient augmentées sans cesse.
Le général Nivelle et le maréchal sir Douglas Haig avaient combiné leur offensive dans le dessein d’user le plus vite possible les relèves de Hindenburg.
Les deux chefs alliés se proposaient également de réduire à néant les deux points d’appui de la ligne de retraite allemande, c’est-à-dire d’une part, la crête de Vimy qui commande la plaine de Douai, et d’autre part le plateau de Craonne qui commande toute l’étendue de la plaine de Laon.
Tel était l’objectif que se proposait d’atteindre l’offensive combinée qu’allaient mener les armées françaises et britanniques.
La fameuse « crête de Vimy », cette position d’une importance stratégique exceptionnelle par suite même de sa position géographique, occupée par les Allemands, avait résisté aux attaques françaises en décembre 1914, en mai, juin et septembre 1915.
Cette crête, longue arête dirigée du nord-ouest au sud-est, s’abaisse en pente douce vers l’ouest, tandis qu’elle tombe presque à pic, d’une hauteur de 60 mètres, sur la plaine de Lens et de Douai. Elle avait été utilisée par les Allemands avec toutes les ressources de la fortification moderne, et ils en avaient fait une position défensive de premier ordre.
C’est contre ces formidables défenses que le maréchal sir Douglas Haig allait lancer deux armées britanniques : celle du général Horne, au nord, et celle du général Allenby, au sud.
L’attaque commença par une préparation d’artillerie sans précédent.
D’un côté, les Allemands avaient massé, sur une longueur de front de 20 kilomètres, plus de 3000 pièces de canon, principalement d’artillerie lourde.
De l’autre, nos alliés anglais avaient aligné, en face de cette artillerie ennemie, plus de 4000 pièces, qui, pendant sept jours consécutifs, lancèrent sur les lignes allemandes plus de six millions d’obus de tous calibres !
En outre, comme prélude, comme « ouverture » de cette gigantesque symphonie de bouches à feu, une lutte aérienne avait inauguré l’action.
Les avions britanniques, affirmant d’une façon décisive leur supériorité sur l’aviation allemande, accomplirent de véritables tours de force. C’est ainsi qu’ils prirent 1700 vues photographiques des batteries et des positions ennemies ; qu’ils effectuèrent 17 opérations de bombardement intensif ; qu’ils abattirent 15 avions allemands, en contraignirent 31 à atterrir désemparés.
Et ces magnifiques exploits aériens, les aviateurs anglais les accomplissaient en dépit des conditions atmosphériques les plus dures. La pluie, la neige tombaient, en effet, sans interruption, et c’est dans des rafales perpétuelles que les avions britanniques devaient s’envoler pour l’exécution de leurs raids audacieux.
Le 9 avril 1917, le maréchal sir Douglas Haig donna l’ordre d’attaquer. A 5 heures 30 du matin, les bataillons anglais s’élancèrent sur une longueur de front de 20 kilomètres, du sud de Givenchy-en-Goëlle jusqu’au Cojeul. Et, comme si le Ciel avait voulu manifester son aide à nos alliés, la pluie cessa vers 8 heures.
Au nord, les divisions canadiennes de l’armée du général Horne escaladèrent les pentes de Vimy, sous le commandement du général Bying. Admirablement soutenus par le feu de l’artillerie, ces héroïques soldats avancèrent sous la protection d’une véritable voûte de fer, voûte faite des obus lancés par les 4000 canons de l’artillerie anglaise, et qui se déplaçait progressivement, avec une régularité géométrique, au fur et à mesure de l’avance de l’infanterie dont elle avait à protéger les mouvements.
C’est alors que tombèrent aux mains de nos alliés la ferme de la Folie, le hameau des Tilleuls, la cote 132, le village de Thélus. Le lendemain, ce fut le village et le bois de Farbus.
Le 10, au soir, toute la partie septentrionale de la crête qui résistait encore fut enlevée et occupée solidement par les Anglais. C’était un heureux et brillant début.
Au centre, par conséquent à l’est d’Arras, l’avance britannique fut encore plus foudroyante. Saint-Laurent-Blangy fut emporté avec un brio extraordinaire, et les « Tommies » se lancèrent en plein à travers les positions allemandes échelonnées le long de la Scarpe, vers un important système de fortifications établi pour relier Athies à Fenchy. Le 9 avril, ces deux villages furent conquis de haute lutte. Il en fut de même, le lendemain, 10 avril, pour Fampoux.
Au sud, pendant ce temps-là, l’armée du général Allenby s’était emparée de Tilloy, de Neuville-Vitasse et avait, en outre, enlevé de nombreux abris bétonnés ainsi que quantité de réduits fortifiés et armés de mitrailleuses.
En deux journées de bataille, les deux armées des généraux Horne et Allenby avaient fait 11000 prisonniers, capturé 100 canons, 60 mortiers, 170 mitrailleuses. C’était, pour les troupes britanniques, un succès éclatant.
Pour en savoir plus sur la bataille de la crête de Vimy :
- Un reportage sur la chaîne Public Sénat
Hommage aux soldats canadiens, héros de Vimy