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    Le 19 mars 1900 – Le combat d’In-Rhar dans EPHEMERIDE MILITAIRE le-combat-din-rhar-150x150

     

    Le combat d’In-Rhar

    D’après « A la Conquête du continent noir – Missions militaires et civiles de 1892 à 1900 » – Gustave Vallat – 1901

     

    Le colonel d’Eu, arrivé à In-Salah le 15 mars, y apprit que tous les éléments hostiles à la France s’étaient concentrés, sous la direction du pacha de Timmi, à In-Rahr, le groupe d’oasis situé immédiatement à l’ouest d’In-Salah, à environ cinquante kilomètres de ce centre.

    Il mit aussitôt en marche une forte colonne composée de troupes sahariennes, de détachements du bataillon d’Afrique, de tirailleurs algériens, d’une section d’artillerie et de goumiers.

    Nos troupes se trouvèrent en présence des forces ennemies, pouvant être évaluées à 2500 ou 3000 hommes.

    Le combat s’engagea le matin du 19 dans l’oasis d’abord, puis sous les murs d’enceinte derrière lesquels les Ksouriens furent obligés de se replier. La kasbah, où un grand nombre de combattants s’étaient réfugiés, fut bombardée et finalement prise d’assaut par notre infanterie.

    Les pertes de l’ennemi étaient d’environ 600 tués. Une centaine de blessés furent recueillis par nos troupes. L’ennemi en emporta beaucoup d’autres dans sa fuite. 450 prisonniers tombèrent entre nos mains. Le reste des forces ennemies, poursuivi par la cavalerie, fut dispersé.

    Le pacha de Timmi, El-Driss-Ben-Naïmi, gouverneur du Touat, fut fait prisonnier.

    Nos pertes étaient de neuf hommes de troupes indigènes tués et trente-huit blessés, dont deux officiers, le lieutenant Mielet du bataillon d’Afrique, et le lieutenant Voinot de l’artillerie, légèrement atteints.

     

    Voici d’ailleurs le texte même de la dépêche relatant ce haut fait d’armes, telle qu’elle a été communiquée au Conseil des Ministres par le général de Galliffet :

    « In-Rahr a été pris le 19 mars après un combat acharné et sanglant. La kasbah et la mosquée étaient défendues par des guerriers venus du Touat, d’Aoulef, de Huli. Il a fallu les prendre et donner l’assaut après bombardement.

    Nos pertes sont sérieuses : neuf tués ; savoir, deux artilleurs, dont l’un sous-officier et un tirailleur algérien, cinq tirailleurs sahariens et un spahi saharien.

    Les blessés sont : deux officiers, trente-six soldats de corps divers et huit goumiers. Sauf trois ou quatre, tous sont actuellement hors de danger.

    Les pertes de l’ennemi, qui s’était réfugié dans les kasbahs après la défense extérieure, sont énormes : 600 tués, dont beaucoup ont été ensevelis sous les ruines. Le pacha de Timmi est prisonnier avec vingt kébars environ.

    Chacun a fait son devoir ».

     

    Partis, dans la nuit, d’In-Salah pour In-Rahr (cinquante-six kilomètres) et arrivés à huit heures du matin, dit le lieutenant Poulet dans une lettre écrite à un de ses camarades, nous avons trouvé le village soi-disant abandonné ! Ce n’était vrai que pour, les premières maisons ; les suivantes, voisines des deux kasbahs, étaient fortement occupées. En les reconnaissant, on s’est un peu plus engagé qu’on n’en avait envie, et ma foi, on s’est échauffé et on a enlevé le village, maison par maison, enfonçant les portes à coups de crosse, trouant les murs avec les trois outils portatifs que nous possédions.

    Le capitaine Pierron, qui commande la compagnie des tirailleurs sahariens depuis sa formation en 1895, a été d’un entrain merveilleux. En voilà un chef ! Nous étions enthousiasmés de le suivre, et, chose remarquable, son exemple n’entretient pas seulement la bravoure des hommes, il leur apprend la discipline du feu, la plus difficile de toutes à observer. Songez que dans mon peloton, composé de trois sections, chaque tirailleur avait 200 cartouches, et qu’il n’en a été brûlé qu’une moyenne de treize par homme !

     

    Voici enfin un document officiel qui permet de se rendre compte de l’ardeur et de la vaillance déployées par nos soldats au cours de cette brillante expédition ; c’est l’ordre du jour du général commandant en chef le 19e corps au sujet du combat d’In-Rahr :

    • Le lieutenant Gruillet, du 1er Tirailleurs, est mis à l’ordre du jour pour sa crânerie ; il a fait le coup de feu et, à la sonnerie de la charge, s’est précipité dans la kasbah à la tête de sa section.
    • Le lieutenant Dore, du 2e bataillon d’Afrique, est également entré un des premiers, et resté constamment exposé au feu de l’ennemi avec une indifférence superbe.
    • Le sous-lieutenant Castelle, du 7e génie, a eu une conduite digne de tout éloge ; il a opéré la destruction des toitures, sous un feu à bout portant, avec un calme et un sang-froid remarquables. Lors de la résistance désespérée des défenseurs, il est resté pendant au moins vingt minutes à côté de son chef, M. le capitaine Bassenne, en face d’une brèche que l’artillerie n’avait pas encore rendue praticable et qu’il essayait d’agrandir au moyen de pétards de dynamite qu’il plaçait lui-même. Il a eu, à ses côtés, un tirailleur saharien tué et plusieurs blessés dans la section chargée de tenir les défenseurs éloignés de la brèche.
    • M. Maignon, officier d’administration, s’est particulièrement distingué par son dévouement dans l’enlèvement et l’installation des blessés.
    • Saucau, sergent-fourrier au 1er Tirailleurs, a entraîné à plusieurs reprises ses hommes dans l’intérieur de la kasbah.
    • Maris, maréchal des logis au 13e régiment d’artillerie, a fait preuve de sang-froid pendant tout le combat d’In-Rahr. Il a remplacé, sans sourciller, le chef de la première pièce qui venait d’être tué et a fait crânement son devoir, malgré les pertes que subissait l’artillerie en butte au feu de l’ennemi.
    •  Viau, sergent aux Tirailleurs sahariens, est entré le premier à l’assaut dans la mosquée. Il en est ressorti le premier pour marcher, sous un feu très violent, à l’assaut de la kasbah, et c’est à ce moment qu’il a été tué. C’était un sous-officier modèle, dont la mémoire mérite d’être honorée.
    • Le caporal clairon indigène du 1er Tirailleurs, Bessidik-Lahdaoui-ben-Kouider, est resté sans cesse aux côtés du lieutenant-colonel commandant la colonne, a sonné la charge, puis s’est élancé, tout en continuant à sonner, sur la brèche, au milieu des balles. Il a donné l’exemple du vrai courage par son calme et son sang-froid.
    • Un caporal français du même régiment, Barbier, désigné pour aller reconnaître l’état de la brèche avant l’assaut, s’est crânement avancé jusqu’à dix mètres de cette dernière, malgré un feu très vif, et a rapporté des renseignements précieux. Pendant l’assaut et la prise de la kasbah, il a fait preuve de grand courage.
    • Le tirailleur saharien Grange s’est fait remarquer en plusieurs circonstances du combat, et particulièrement en allant chercher, sous un feu extrêmement violent, de son propre mouvement et par sa bravoure, le corps d’un tirailleur saharien tué.
    • Le tirailleur Detroyat, se trouvant au premier rang lors de l’assaut, est tombé frappé par une balle, et, ne pouvant continuer, a excité ses camarades à marcher en avant.

    Les joyeux ont dignement fait oublier les fautes qui les ont fait envoyer au 2e bataillon d’Afrique. Quatre d’entre eux méritent surtout une citation :

    • Denelle a franchi crânement la brèche de la kasbah et a énergiquement combattu jusqu’au moment où il a été blessé.
    • Begnon, placé à l’extérieur de la kasbah pour battre les approches, s’est bravement conduit et a été blessé assez grièvement.
    • Fualdès, ayant reçu une blessure légère, il est vrai, est resté à sa place sur la chaîne et a continué à faire vaillamment son devoir.
    • Langa, blessé, comme Fualdès, a tenu bon et ne s’est fait panser que quand l’action a été terminée.

    Enfin trois turcos se sont conduits avec une force d’âme peu commune :

    • Gellouli a montré beaucoup de calme et de sang-froid en allant reconnaître la brèche d’assaut.
    • Ouarhane a fait preuve de la plus grande bravoure et de la plus grande énergie : blessé une première fois au côté gauche, il a continué à combattre sans se faire panser, et n’a été arrêté que par une seconde balle qui lui a brisé l’épaule droite.
    • Hemmaz, blessé à la tête, s’est fait panser à la hâte, a rejoint sa compagnie à la tête de laquelle il a combattu jusqu’à la fin de l’action, et n’est rentré à l’ambulance que le lendemain.

    Nous voyons par ces citations à l’ordre du jour, réservées aux plus braves entre les braves, que sous notre drapeau, emblème de l’unité, les sous-officiers et les simples soldats rivalisent d’héroïsme avec les officiers.

     

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