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  • 22 février 2013 - Par Au fil des mots et de l'histoire

     

    D’après « La grande guerre du XXe siècle » – 1916

     

    (19-20 février 1915)

    Les communiqués ont signalé l’échec complet des attaques allemandes qui se sont produites à la fin de la semaine dernière en Belgique, au château d’Heerentage, sur la route dYpres à Menin.

    Les rapports complémentaires permettent de préciser les résultats que nous avons obtenus pendant ces trois journées de combats violents et soutenus, qui sont une glorieuse page à l’honneur de nos troupes.

    La journée du 18 février et la nuit du 18 au 19 avaient été calmes sur cette partie du front.

    Le 19 février, à 6h30 du matin, une violente canonnade est dirigée sur la partie de notre front entre la ferme Verbeke et le parc d’Heerentage. En même temps, la région de Hooge-Beliewarde est soumise à un bombardement intense, qui détruit un poste téléphonique et rompt tous les fils reliant les tranchées aux postes de commandement des chefs de bataillon.

    A 6h45, une attaque se déclenche depuis la futaie de Veldoek, au nord de la route de Menin, jusqu’aux abords de l’étang d’Heerentage. Cette attaque est menée en colonnes de pelotons débouchant à la fois. Chaque colonne est précédée de groupes de pionniers, porteurs de cisailles et de grenades à main.

    Mais le mouvement a été signalé aussitôt à notre artillerie, qui exécute un tir sur les fractions qui ont débouché. Celles-ci, en même temps, se trouvent en butte à un feu violent parti de nos tranchées et au tir d’enfilade de mitrailleuses. Des groupes entiers sont fauchés. L’attaque est repoussée.

    Sur un point, cependant, les Allemands ont pu pénétrer dans une de nos tranchées, située à 60 mètres au sud des communs du château d’Heerentage, à la limite d’un secteur particulièrement bouleversé par les gros projectiles des lance-bombes allemands.

    Malgré le feu de l’artillerie ennemie, nous réussissons à jeter une compagnie de renfort au sud de la route de Menin, une autre aux environs du château. Mais notre contre-attaque ne progresse que péniblement.

    Le parc du château est dominé par les pentes du plateau où passe la route de Zandvoorde à Veldoek. L’ennemi dispose sur ces pentes de deux étages de feux qui renforcent sa première ligne de tranchées tracée dans le fond du ruisseau de Basseville.

    Il en résulte que toutes les tentatives pour reprendre la tranchée occupée par l’ennemi sont enrayées par le feu intense des Allemands que notre artillerie ne neutralise qu’en partie. A 17h30, avec le renfort de deux compagnies et l’appui de deux groupes d’artillerie, nous reprenons cependant une portion de la tranchée, mais il reste encore une quarantaine de mètres entre les mains des Allemands.

    A 21h45, le général commandant la division prescrit d’entreprendre avant le jour une attaque pour prendre le reste de la tranchée, avec trois compagnies de renfort.

    L’attaque est faite le 20 février, à 5h45, par surprise. Un feu très violent l’arrête et l’empêche de progresser. Une deuxième attaque, à 7 heures, avec l’appui de l’artillerie, échoue encore devant le feu extrêmement vif de mitrailleuses et d’infanterie parti des lignes étagées de l’adversaire. Une troisième attaque, à 10 heures, permet de porter toute la chaîne à 30 mètres de la tranchée. Mais, là, elle est clouée sur place par le feu de l’ennemi.

    Mais pendant ce temps, à droite, nous creusons un boyau pour amener des mitrailleuses et un mortier, tandis qu’à gauche, d’autres mitrailleuses et un lance-bombes sont disposés au sud du château d’Heerentage. Des pétards amorcés sont distribués aux fractions les plus proches de l’objectif.

    Tout est prêt à 15 heures. Le colonel donne le signal de l’attaque. Mais les mitrailleuses allemandes ouvrent à 30 mètres un feu très vif ; des bombes et des pétards sont lancés. Notre artillerie, de son côté, couvre de projectiles les différents étages de tranchées ennemies. A 16 heures, tout ce qui veut fuir tombe sous le feu de nos mitrailleuses et de nos fusils.

    Des fractions de notre infanterie se précipitent alors dans la tranchée, dont les derniers défenseurs sont tués. Seuls quatre ou cinq hommes ont pu s’échapper sans tomber sous nos balles.

    A 16h30, la tranchée est complètement reprise et des dispositions immédiates en interdisent les abords à l’ennemi.

    Dans cette lutte, les éléments engagés ont rivalisé d’ardeur et de courage pour rétablir le front dont la défense leur était confiée.

    L’ennemi avait préparé un gros effort. Plus d’un régiment semble avoir été engagé, formé en cinq colonnes renforcées de groupes de pionniers. Mais les réserves allemandes ont été dispersées par notre artillerie avant d’avoir pu s’employer. Nos batteries avaient judicieusement battu le terrain en arrière du front attaqué, rendant les communications précaires et les mouvements de renforcement très dangereux.

    L’attaque ennemie a échoué et les pertes des Allemands ont été très élevées. Les prisonniers qui sont restés entre nos mains disent qu’ils sont les seuls survivants d’un peloton de 100 hommes. On a compté dans la tranchée reprise une cinquantaine de cadavres allemands et, en avant du front de la route de Menin à l’étang d’Heerentage, plus de 200 autres.

    D’autre part, le tir de notre artillerie sur les colonnes aperçues sur la route de Zandvoorde et celle de Gheluvelt a causé certainement des pertes sérieuses, comme on a pu le constater en suivant les effets du tir.

    On peut donc conclure que les pertes allemandes, dans ces deux journées des 19 et 20 février, dépassent 400 morts et que le total des pertes (blessés compris) dépasse 1000 hommes.

    Nous avons eu 50 morts et 80 blessés.

     

    [Bulletin des Armées, 25-27 févr. 1915]

     

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