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  • 17 février 2013 - Par Au fil des mots et de l'histoire

     

     Le 17 février 1915 – La conquête de la redoute des Éparges dans EPHEMERIDE MILITAIRE les-eparges-1915-150x150

     

    La conquête de la redoute des Éparges (17-21 février 1915)

    D’après « La grande guerre du XXe siècle » – 1916

     

    L’investissement de Verdun a toujours été l’un des objectifs de l’état-major allemand. Il y a employé de grands moyens. L’on sait qu’ils furent coûteux et inutiles.

    L’offensive allemande, menée au sud-est du camp retranché, sur la Meuse, a été arrêtée à Saint-Mihiel, et l’ennemi n’a pas pu progresser sur les côtes de Meuse, qui forment à l’Est la défense de la place. Sur ces hauteurs, la ligne du front était demeurée, depuis plusieurs mois, immuable.

    Lorsqu’ils portèrent leurs efforts sur Saint-Mihiel, les Allemands réussirent à mordre sur les côtes de Meuse, au Nord-Est de la ville.

    Ils occupent Vigneulles-lès-Hattonchatel et la forêt de la Montagne. Plus au Nord, leur emprise se rétrécit. Ce ne sont pas les côtes de Meuse elles-mêmes qu’ils tiennent, mais la partie méridionale d’une ligne de hauteurs qui les borde du Sud au Nord.

    Nous occupons nous-mêmes l’extrémité Nord de ce bastion avancé de la falaise lorraine : la côte de Hure et la forêt de Montgimont.

    Dans le vallon qui sépare ces hauteurs des côtes de Meuse proprement dites, quelques maisons composent le village des Éparges.

    C’est à l’Est de ce village que sont creusées les premières tranchées allemandes. Sur la crête de la colline, l’ennemi a organisé une position très forte – une sorte de grande redoute, bastionnée aux deux extrémités Ouest et Est, et dont la courtine est fermée par deux lignes de tranchées. Cet ouvrage défend les deux cols qui, du village de Combres à la lisière de la Woëvre, conduisent l’un aux Éparges, l’autre à Saint-Remy.

    Le village des Éparges est entre nos mains. Saint-Remy a été enlevé aux Allemands par un coup de main, le 9 février. Une progression de notre part dans cette région menace donc la position des Allemands de la forêt de la Montagne et indirectement leur occupation de Saint-Mihiel. Ainsi s’explique l’acharnement mis par nos adversaires à défendre leur redoute des Éparges.

    Notre attaque avait été préparée par une avance méthodique à la sape. Par des boyaux, nous avions cheminé depuis le fond du vallon vers les tranchées ennemies, devant lesquelles des fourneaux de mine avaient été installés.

    Le 17 février au matin, le feu était mis aux mines. Une ligne d’entonnoirs bouleversait le glacis, offrant une première protection à nos troupes d’assaut. Celles-ci attendirent que le canon leur ouvrît la route.

    Notre préparation d’artillerie, particulièrement intense, obtint des résultats remarquables. Toutes les défenses accessoires furent détruites. La rapidité et la précision tir produisirent en même temps une impression de terreur sur l’ennemi.

    Un officier du 8e bavarois, fait prisonnier, a déclaré qu’il n’avait pu prévenir la panique de ses hommes. La plupart s’étaient enfuis ; presque tous ceux qu’il put retenir furent tués, et, lorsque les Français apparurent baïonnette au canon, ils se rendirent. Ils n’étaient plus que 25.

    Dès que notre artillerie eut allongé son tir, nos troupes d’assaut s’avancèrent vers le bastion Ouest, objectif désigné de l’attaque. Elles avaient occupé d’abord les entonnoirs d’explosion de mine, puis successivement la première et la deuxième ligne de tranchées. Tout le bastion Ouest était à nous.

    En face du bastion Est, profitant de l’effet de surprise produit sur l’ennemi, nous avions également enlevé une partie de l’ouvrage.

    Au total, notre gain représentait 500 mètres de tranchées et nos pertes en hommes étaient très minimes.

    Dans la nuit du 17 au 18, l’ennemi commença à bombarder les positions qu’il avait perdues. Le 19, au matin, il tenta sans succès une contre-attaque. Dans l’après-midi, le bombardement redoubla d’intensité. L’ennemi avait concentré le feu de plusieurs pièces de 210 et de 150 sur ce point, qu’il lui était facile de repérer.

    Le commandement fit évacuer momentanément le bastion Ouest. A la fin de la journée, ordre fut donné de reprendre la position.

    Nos batteries rouvrirent le feu sur les tranchées que l’ennemi avait de nouveau garnies ; puis nos troupiers complétèrent leur succès à la baïonnette par un corps à corps d’une extrême violence.

    Dans une seule tranchée, un de nos officiers compta 200 cadavres allemands. Les survivants, 25, s’étaient rendus.

    La journée du 19 est marquée par cinq contre-attaques allemandes. La première dès le matin, la cinquième vers minuit. Elles sont toutes, soit enrayées par l’artillerie, soit repoussées par l’infanterie. L’ennemi y éprouve de lourdes pertes.

    Le 20 février, nous déclenchons une nouvelle attaque sur le bastion Est. Nous nous emparons d’un bois de sapins où les tranchées allemandes formaient le saillant avancé du bastion. Nous y faisons plus de 200 prisonniers, dont deux officiers. Dans la tranchée, nous trouvons trois mitrailleuses et deux minenwerfer.

    Sur la courtine, nous avons également tenté une attaque. Nous perçons la ligne, mais nous ne réussissons pas à nous y maintenir. Une contre-attaque ennemie sur le bastion Ouest n’a pas plus de succès que les précédentes. De nombreux cadavres allemands gisent sur le glacis.

    Pendant la nuit, les Allemands jettent des bombes et des pétards pour gêner nos travailleurs, qui organisent la position conquise.

    Le 20 au matin, ils déclenchent sur le bois de sapins une attaque massive – c’est la septième – sous le poids de laquelle nos soldats fléchissent un instant. Mais, par une contre-attaque vigoureuse, ceux-ci reviennent à la lisière Ouest du bois, et gagnent dans les tranchées formant courtine entre les deux bastions une longueur d’une centaine de mètres.

    Le 21, nous repoussons encore une contre-attaque allemande ! C’est la dernière. L’ennemi est manifestement épuisé.

    Dans une partie de l’ouvrage conquis, nous avons enterré les cadavres allemands. On en a déjà enseveli trois cents. Il en reste au moins autant autour de l’ouvrage, et sur les pentes jusqu’à Combres, on en aperçoit encore.

    Les pertes ennemies peuvent être évaluées à 3000 hommes, soit la moitié des effectifs engagés.

    Au cours de ces combats, se sont affirmées la maîtrise de notre artillerie et les incomparables qualités offensives de notre infanterie.

    Après cinq mois de tranchées, celle-ci n’a rien perdu de sa bravoure et de son entrain. Mais elle a appris à être prudente et manœuvrière, et l’efficacité de notre artillerie lui donne une confiance qui est un des meilleurs éléments du succès.

    [Communiqué officiel français, 24 fevr 1915]

     

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