D’après « Histoire de Paris » – Amédée Gabourd – 1863
Le 29 décembre 1855, eut lieu l’une de ces grandes cérémonies nationales qui semblent empruntées aux fastes du Ier Empire.
Ce jour-là, les troupes qui revenaient d’Orient, firent à Paris leur entrée solennelle. La population entière s’était portée sur leur passage pour les acclamer au nom de la France. Les rues, les boulevards, les places que devaient traverser nos soldats victorieux étaient ornés d’emblèmes significatifs et pavoisés à tous les étages de drapeaux français, anglais et sardes.
Sur la place de la Bastille, un arc de triomphe gigantesque, surmonté de deux aigles aux ailes déployées et d’une couronne de lauriers, portait cette inscription en grandes lettres d’or : A la Gloire de l’Armée d’Orient.
Les noms des victoires remportées en Crimée étaient également écrits sur diverses faces de l’Arc de Triomphe. Le défilé de la garde impériale eut lieu sous les yeux de l’Empereur, et les troupes vinrent passer au pied de la colonne de la Grande-Armée.
En avant de chaque corps, marchaient les blessés, dont l’aspect excitait particulièrement les émotions patriotiques de la foule. Sur le passage de chaque régiment, la population jetait des couronnes et faisait entendre des cris d’admiration et de sympathie.
D’après « Histoire populaire illustrée de l’empereur Napoléon III » – Adolphe Granier de Cassagnac – 1874
Le 29 décembre 1855, la garde impériale et quelques troupes de ligne rentrèrent et exécutèrent le défilé, devant l’Empereur, qui les attendait au pied de la colonne Vendôme, et en présence d’une foule dont l’enthousiasme, tenait du délire.
L’Empereur Napoléon III leur adressa un discours :
« Soldats,
Je viens au-devant de vous comme autrefois le sénat romain allait aux portes de Rome au-devant de ses légions victorieuses. Je viens vous dire que vous avez bien mérité de la patrie.
Mon émotion est grande, car au bonheur de vous revoir se mêlent de douloureux regrets pour ceux qui ne sont plus, et un profond chagrin de n’avoir pu moi-même vous conduire au combat.
Soldats de la garde comme soldats de la ligne, soyez les bienvenus !
Vous représentez cette armée d’Orient dont le courage et la persévérance ont de nouveau illustré nos aigles et reconquis à la France le Rang qui lui est dû.
La patrie, attentive à tout ce qui se passe en Orient, vous accueille avec d’autant plus d’orgueil, qu’elle mesure vos efforts à la résistance opiniâtre de l’ennemi.
Je vous ai rappelés, quoique la guerre ne soit pas terminée, parce qu’il est juste de remplacer à leur tour les régiments qui ont le plus souffert. Chacun pourra ainsi aller prendre sa part de gloire, et le pays, qui entretient six cent mille soldats, a intérêt à ce qu’il y ait maintenant en France une armée nombreuse et aguerrie, prête à se porter où le besoin l’exige.
Gardez donc soigneusement les habitudes de la guerre ; fortifiez-vous dans l’expérience acquise ; tenez-vous prêts à répondre, s’il le faut, à mon appel. Mais, en ce jour, oubliez les épreuves de la vie du soldat ; remerciez Dieu de vous avoir épargnés, et marchez fièrement au milieu de vos frères d’armes et de vos concitoyens, dont les acclamations vous attendent ! ».