L’attaque de Mazagran
D’après « L’Algérie française » – Arsène Berteuil – 1856
La division d’Oran, dès le 13 décembre 1839, avait à soutenir à Mazagran et à Mostaganem des attaques très vives. Les forces que déployait l’ennemi dans cette province étaient assez considérables pour que de nouvelles troupes dussent être dirigées de ce côté, non dans un but agressif, mais pour résister avec succès, dans les positions occupées, à des hostilités qui, dans aucun temps, n’avaient semblé plus vives et plus menaçantes.
C’est sur la partie la plus faible de notre occupation qu’Abd-el-Kader a dirigé ses premiers coups et ouvert les hostilités dans la province d’Oran.
Dès le 13 décembre, les Arabes, avec des forces considérables, se sont portés sur Mazagran, ancienne et petite ville en ruines, à une lieu de Mostaganem, à quelque distance de la mer.
Il y avait alors pour toute garnison une compagnie du 1er bataillon d’infanterie légère d’Afrique, vingt-cinq spahis réguliers et quelques cavaliers indigènes. La fusillade s’engagea bientôt entre nos troupes et les Arabes.
Averti à Mostaganem de cet engagement, l’on fit sortir cinquante Turcs, à qui l’on ne remit que très peu de cartouches. Ils furent bientôt assaillis par un nombre considérable d’Arabes, ils se défendirent avec courage. Mais, après avoir brûlé les faibles munitions qu’ils possédaient, ils furent à la merci de leurs ennemis, qui les taillèrent en pièces. Vingt-huit têtes furent enlevées. Ceux qui échappèrent au carnage se réfugièrent dans Mazagran.
Voyant les Turcs aux prises, le lieutenant colonel Dubarrail, commandant de la place de Mostaganem, sortit avec deux compagnies d’élite du bataillon du 15e léger, qui y était détaché, deux pièces de canon, et un peloton composé de chasseurs à cheval et de spahis.
Les Arabes se précipitèrent aussitôt sur ce détachement, qui fut obligé de battre en retraite jusque sur une esplanade qui touche à la ville. Là, une lutte s’engagea corps à corps, et la mêlée devint tellement forte, que l’artillerie de la place ne put jouer, dans la crainte de mitrailler les nôtres.
Une section de voltigeurs, que l’on avait déployée en tirailleurs, fut coupée et enveloppée de toutes parts. Elle perdit trois hommes, douze furent blessés. Les Arabes essayèrent d’enlever les deux pièces de canon que l’on avait amenées, mais ils furent vivement repoussés par les chasseurs à cheval qui les défendaient. Voyant leur tentative échouée, ils se dispersèrent et regagnèrent leurs tribus, les troupes de sortie rentrèrent en ville.
La perte des Arabes est évaluée à cinquante ou soixante hommes. Mais rien n’est moins exact que ce chiffre-là. Les Arabes, ne laissant jamais leurs morts sur le champ de bataille, il sera toujours impossible d’en fixer le nombre.