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  • 11 novembre 2012 - Par Au fil des mots et de l'histoire

     

    Le 11 novembre 1843 - Le combat de l’oued Malah dans EPHEMERIDE MILITAIRE chasseur-dafrique-150x150

     

    Le combat de l’oued Malah

    D’après « Revue des deux mondes » – 1860

     

    Le combat de Malah fut livré en novembre 1843 par un de ces généraux que Mazarin désignait sous le nom d’heureux, le général Tempoure. Sorti de Mascara à la poursuite des restes de l’infanterie de l’émir, que ce demier avait confiée au commandement de Ben-Allal-si-Embarek, le général Tempoure marchait sans trop de chance de l’atteindre. Ben-Allal, en pleine retraite, cherchait à gagner El-Gorr, au sud-ouest de Tlemcen, où il devait opérer sa jonction avec Abd-el-Kader.

    Arrivé à Assi-el-Kerma, le général français y campa avec huit cents hommes d’infanterie, trois pièces d’artillerie, et le 2e et le 4e chasseurs. Il leva bientôt ses tentes, et se dirigea sur Tamsert. Là, les restes d’un bivouac récemment abandonné lui donnèrent à soupçonner qu’il était sur la trace de l’ennemi. Des traces de bestiaux, de bêtes de somme, ne lui laissèrent plus aucun doute sur la direction prise.

    Le général Tempoure se remit en route, et sa colonne, à. travers une pluie battante, gagna Aïn-Bouchegara, où elle établit son bivouac. Deux Arabes que l’on venait d’arrêter apprirent au général que Ben-Allal avait couché la veille à cinq lieues du point où il se trouvait lui-même. La pluie continuait à tomber avec violence. Le terrain détrempé était presque impraticable. Le général n’en tint compte, et continua sa marche.

    A la pointe du jour, le 11 novembre 1843, après une marche de nuit où ni les torrents grossis par la pluie, ni les ravins, ni les forêts qu’il fallut traverser, ne purent ralentir l’ardeur de nos braves soldats, une forte fumée, sortant d’un bois à l’origine de la vallée de l’Oued-Malah (qui a donné son nom à ce combat), leur apparut enfin, et fit tressaillir tous les cœurs. L’ennemi était là !

    Tant de courage et de persévérance allait enfin recevoir sa récompense. Bientôt une vedette ennemie tira un coup de fusil, et courut à toute bride donner l’alarme dans le camp de Ben-Allal. Mais le colonel Tartas, à la tête des 4e et 2e de chasseurs, prit le trot et se trouva, un instant après, devant le front de Ben-Allal, qui, rangeant ses troupes en bataille, attendait bravement l’orage.

    Lancés par leur brave colonel, les chasseurs tombèrent sur cette infanterie, la culbutèrent, et le carnage devint terrible. Tous les drapeaux restèrent en leur pouvoir. On sait que Ben-Allal, témoin de la défaite de ses troupes, ne voulut pas survivre à sa honte, et qu’il trouva la mort dans une lutte héroïque contre le capitaine Gassaignoles, suivi de deux brigadiers de chasseurs et d’un sous-officier de spahis.

    L’émir perdit en Ben-Allal son meilleur ami, le compagnon fidèle de sa fortune, le plus habile et le plus intrépide de ses lieutenants. Le maréchal Bugeaud, qui savait honorer le courage même chez son ennemi, ordonna que les honneurs militaires fussent rendus à Ben-Allal comme à un officier supérieur de l’armée française.

     

     

    D’après « Histoire de l’Algérie ancienne et moderne » – M. Léon Galibert – 1843

     

    Ce brillant fait d’armes fait le plus grand honneur au général Tempoure, et au colonel Tartas, du 4e chasseurs, qui est entré le premier à la tête de la cavalerie dans le carré arabe.

    Laissons parler le maréchal de camp Tempoure :

    Je formai une colonne de marche, composée de huit cents hommes d’infanterie choisis parmi les plus valides et de trois cents chasseurs des 2e et 4e régiments, des spahis d’Oran et de trente cavaliers indigènes. Après plusieurs jours d’une marche excessivement pénible et incertaine, pendant laquelle il fallait à chaque instant s’arrêter pour retrouver la trace perdue, nous arrivâmes à l’entrée de la vallée de Malah. Tout à coup, nous aperçûmes une forte fumée sortant d’un bois ; je ne doutai pas que l’ennemi ne fut là

    Je formai ma cavalerie sur trois colonnes, forte chacune de deux escadrons, et derrière celle du centre je plaçai deux escadrons en réserve. Je donnai au colonel Tartas, du 4e chasseurs, le commandement de cette cavalerie. Derrière la réserve, je plaçai trois cent cinquante hommes d’élite et un obusier de montagne, sous les ordres du colonel Roguet, du 41e. Je laissai deux cent cinquante hommes d’infanterie et deux obusiers à la garde de mon convoi, qui dut me suivre avec la plus grande vitesse possible, précédé à courte distance par le commandant Bosc, du 13e léger, à la tête de deux cents hommes d’élite.

    Ces dispositions prises, je me remis en marche, en profitant de tous les mouvements de terrain pour masquer mon approche. Nous continuâmes ainsi jusqu’à un quart de lieue d’une petite colline masquant le lieu d’où sortait la fumée, sans avoir aperçu un seul être vivant. Mais bientôt nous vîmes un cavalier sortir d’un taillis, tirer un coup de fusil, et s’enfuir à toute bride. Je fis alors prendre le grand trot, et, arrivés sur la colline, nous aperçûmes l’ennemi à portée de fusil.

    Avant d’aller plus loin, je dois vous faire connaître ce qui s’était passé dans le camp arabe. En commençant sa marche vers l’ouest, et pendant la route, Sidi-Embarak n’avait point connaissance de ma sortie de Mascara. Il était si loin de croire qu’on fût à sa poursuite qu’il ne se gardait même pas de ce côté. Il n’avait de poste qu’à l’ouest, craignant quelque entreprise de M. le général Bedeau. La sécurité la plus complète régnait encore dans le camp, lorsque l’Arabe dont j’ai parlé plus haut arriva à toute bride, jetant le cri d’alarme.

    Sidi-Embarak fit aussitôt prendre les armes. Il forma ses deux bataillons en colonne serrée, les drapeaux en tête, et les mit en marche au son du tambour. Ils étaient déjà arrivés au milieu d’une petite plaine qui les séparait d’une colline boisée et rocheuse qu’ils voulaient gagner. Mais, voyant qu’ils n’en avaient pas le temps, ils s’arrêtèrent et firent ferme.

    Il n’y avait pas un instant à perdre. La cavalerie mit le sabre à la main. Je lui avais prescrit de ne pas tirer un seul coup de fusil, et j’ordonnai la charge. Elle se fit dans un ordre admirable. Le colonel Tartas, dont l’élan, le sang-froid et le brillant courage ne sauraient être trop exaltés, dépassait seul son 1er escadron, et entra le premier dans les bataillons ennemis à travers une vive fusillade, pendant que les deux colonnes tournantes les enveloppaient et leur enlevaient tout espoir de salut.

    En peu d’instants, tout fut culbuté. Mais c’était surtout vers la tête de la colonne que se précipitaient mes braves chasseurs et spahis. Le lieutenant-colonel Sentuary était sur ce point et les entraînait par son exemple : c’était là qu’étaient les drapeaux. Tous ceux qui étaient autour furent sabrés, et ces glorieux trophées tombèrent entre nos mains.

    Jusque là le succès était grand, mais ce n’était pas tout : il y manquait Sidi-Embarak, le conseiller d’Abd-el-Kader, son véritable homme de guerre. Était-il parvenu à s’échapper ? Je commençais à le craindre, quand le capitaine des spahis Cassaignoles vint m’apprendre qu’il avait été tué sous ses yeux.

    Après avoir été témoin de la mort de ses porte-drapeaux, de l’horrible massacre qui venait d’avoir lieu, le kalifat, accompagné de quelques cavaliers, avait cherché à fuir. Mais, suivi de près par le capitaine Cassaignoles, qui l’avait distingué dans la mêlée à la richesse de ses vêtements, il avait été atteint, au moment où il cherchait à gagner l’escarpement rocheux qui ferme la vallée à l’est.

    Là, perdant tout espoir de salut, il s’était déterminé à vendre chèrement sa vie. D’un coup de fusil, il avait tué le brigadier du 2e chasseurs Labossaye. D’un coup de pistolet, il abattit le cheval du capitaine Cassaignoles, qui avait le sabre levé sur lui. Puis, d’un autre pistolet, il avait blessé légèrement le maréchal des logis des spahis Siquot, qui venait de lui assener un coup de sabre sur la tête. Dégarni de son feu, il avait mis l’yatagan à la main. Ce fut alors que le brigadier Gérard termina cette lutte désespérée en le tuant d’un coup de fusil.

    Les résultats de ce brillant combat sont quatre cent quatre fantassins et cavaliers réguliers, dont deux commandants de bataillon et dix-huit sciafs (capitaines) restés sur le carreau ; deux cent quatre-vingts prisonniers, dont treize sciafs ; trois drapeaux, celui du bataillon de Sidi-Embarak, celui du bataillon d’El-Berkani, et enfin celui de l’émir Abd-el-Kader ; six cents fusils, des sabres, des pistolets en grand nombre, cinquante chevaux harnachés et un grand nombre de bêtes de somme.

     

     

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