Le combat de La Garriga
D’après « Dictionnaire historique des batailles, sièges, et combats de terre et de mer pendant la révolution française » – 1818
L’armée espagnole, qui avait quitté le camp de Tarragone, s’était portée près du village de la Garriga. Forte de huit mille hommes, elle s’étendait depuis Ametla jusqu’à Samalus, où elle appuyait sa gauche. Une redoute, gardée par près de trois cents hommes, fermait le chemin qui conduit à la Garriga.
Le général Lamarque, avec sa division, se porta sur ce point, et se mit en bataille devant cette position, tandis que le général Expert réunissait sa brigade, et suivait le même mouvement. Les positions occupées par les Espagnols étaient très fortes, retranchées avec soin, et défendues par des fougasses. Le combat commença aussitôt du côté des Français par le général Expert, qui, avec le 23e léger et le 5e de ligne, se porta vivement sur les premiers retranchements ennemis. Après une courte résistance, il en chassa les Espagnols.
Poursuivant ce premier succès, il enleva successivement cinq positions, malgré la bravoure des troupes qui les défendaient, malgré les efforts du général Lascy, qui animait par sa présence les soldats qui étaient les plus braves de l’armée espagnole, à bien faire leur devoir. Chargés et poursuivis avec ardeur, ils prirent la fuite devant les troupes françaises, laissèrent un grand nombre de morts et quelques blessés dans les retranchements, et arrivèrent en toute hâte au col de Monmani, où ils parvinrent à se rallier.
Cependant le combat avait été également engagé vers Samalus. Mais les Français trouvèrent moins de résistance de ce côté, où combattit la brigade du colonel Petit. Le bataillon du 32e léger, soutenu par le 67e régiment, sous les ordres du colonel Larue, gravit la montagne, où étaient postés les deux corps réunis de Milans et Rovira, les attaqua avec audace, et, malgré le grand avantage de leur position, les enfonça et les mit en fuite. Pendant ce temps, les chasseurs du Lampourdan, commandés par Poujol, et la compagnie de Gironne, tournèrent et emportèrent la redoute de la Garriga.
Le capitaine Poujol poursuivit avec ses chasseurs les Espagnols, qui s’enfuirent par la vallée de Figuero. Le général Decaen traversa le village de la Garriga avec le général Lamarque et la brigade Beurmann, se dirigeant sur Aiguafreda par Figuero. Le colonel Petit couvrait le flanc de cette route, mais les hauteurs qui couvrent la gauche de la route ne purent être gardées, parce que le général Expert avait été obligé de prendre position à Puigracioso, pour faire transporter les blessés.
L’ennemi profita de ce contre-temps, et vint attaquer la colonne du centre par son flanc gauche. Dans cette position, les Français, par le rétrécissement dela route en cet endroit, étaient engagés entre deux montagnes très escarpées.
Il fallait un effort extraordinaire de courage pour sortir de cet embarras. Une compagnie de voltigeurs du 79e régiment, sous les ordres du sous-lieutenant Marro et quatre compagnies du 4e bataillon du 60e, commandées par le capitaine Bombardier, montèrent à l’ennemi par un escarpement presque inaccessible entre des fentes de rocher, et, par cette audace et cette intrépidité, les Espagnols furent si étonnés, que dans un instant ils abandonnèrent les hauteurs, dont ils furent chassés, et laissèrent un libre passage à la colonne française.