Pierre Chatel est né le 21 octobre 1927 à Foulcrey en Moselle. Orphelin de père à 11 ans, il connaît une enfance difficile. Lors de l’invasion allemande de 1940, sa famille s’installe dans l’Hérault où il apprend la mécanique.
Il a tout juste 17 ans quand il s’engage le 25 octobre 1944 pour la durée de la guerre au sein de la 1ère Division Française Libre. Affecté au Bataillon de Marche n° 5, le soldat Chatel se distingue par son courage et son allant au cœur des combats du terrible hiver de la reconquête.
Il obtient pour son comportement exemplaire sa première citation à l’ordre de la brigade en décembre 1944. Il est blessé à la main lors de l’attaque d’Illwald le 23 janvier 1945. Démobilisé le 17 octobre 1945, il se retire dans son village natal. Durant 2 ans, il travaille comme mécanicien mais, assoiffé d’action et d’aventure, il choisit de servir à nouveau son pays.
Rengagé le 1er septembre 1947 au titre du 5e Bataillon Parachutiste d’Infanterie Coloniale, il est nommé caporal dès le mois suivant. Il obtient son brevet de parachutiste et dans la foulée, chose exceptionnelle, le brevet de moniteur.
Promu coup sur coup caporal-chef en avril 1948 puis sergent en juillet, il est désigné pour rejoindre le Corps Expéditionnaire Français d’Extrême-Orient et embarque pour l’Indochine. Affecté au 5e Bataillon Colonial de Commandos Parachutistes, il parcourt la Cochinchine, l’Annam et le Tonkin avant de rentrer en métropole en février 1951.
De retour en Indochine 7 mois plus tard, il rejoint le Groupement de Commandos Mixtes Aéroportés, qui constitue la branche action des services spéciaux.
Après le repli des troupes françaises du Tonkin et du nord Laos, les minorités ethniques de la Haute-Région s’organisent en foyers de résistance. Face au Viêt-Minh et à la Chine qui tentent d’étendre leur emprise idéologique et militaire, ces peuples de farouches montagnards restent majoritairement fidèles à la France et refusent l’oppression communiste. Largués en enfants perdus sur les arrières des Viêt-Minh, les soldats en noir du GCMA ont pour mission de soutenir le développement de maquis autochtones.
C’est le départ d’une formidable épopée pour le sergent Chatel qui va mener la guérilla au côté des partisans qu’il aura recrutés, armés et formés. Isolé en pays Thaï, le maquis « Colibri » a pris forme et très vite, attaque des éléments viêt-minh retranchés. Les obligeant à se replier, il maintient intactes ses positions malgré les contre-attaques.
De mai à juin 1953, avec toujours plus de cran et d’audace, le sergent Chatel rallie et arme de nouveaux partisans. En harcelant les régiments réguliers sans répit, il crée une ambiance démoralisante sur les arrières ennemis et pèse sur leurs flux logistiques.
Exceptionnel chef de guérilla, il est cité à trois reprises, accrochant ainsi une étoile d’argent et deux palmes à sa croix de guerre des théâtres des opérations extérieures. Il est promu sergent-chef en juillet 1953 et deux mois plus tard, se voit décerner la médaille militaire.
Cependant, les combattants Thaï et Méo du maquis « Colibri » subissent en octobre le choc d’une violente et massive offensive du Viêt-Minh qui ne peut tolérer un tel revers militaire et politique. Malgré une résistance acharnée, le maquis « Colibri » est submergé et finit par succomber.
Le 1er décembre 1953, le sergent-chef Chatel et le sergent Schneider sont faits prisonniers. Traduits devant un tribunal du peuple et condamnés à mort, ils sont pendus. Leurs corps ne seront jamais retrouvés.
Déclaré mort pour la France le 24 juin 1959, Pierre Chatel est fait chevalier de la Légion d’Honneur à titre posthume le 15 mars 1961.
Le sergent-chef CHATEL était titulaire des décorations suivantes :
- Chevalier dans l’ordre de la Légion d’Honneur
- Médaille militaire
- Croix de guerre 1939-1945 avec 1 étoile de bronze
- Croix de guerre TOE avec 2 palmes et 1 étoile d’argent
- Médaille coloniale avec agrafe Extrême-Orient
- Médaille commémorative Indochine
- Médaille vietnamienne de la vaillance avec étoile d’argent.
Le sergent-chef Pierre CHATEL est le parrain de la 253e promotion de l’Ecole Nationale des Sous-Officiers d’Active de Saint-Maixent.