Le combat de Kanghil
D’après « L’expédition de Crimée jusqu’a la prise de Sébastopol »
César Lecat de Bazancourt – 1857
Après la prise de Sébastopol, dans la pensée d’une tentative désespérée de l’armée de secours, toutes les dispositions avaient été prises par les généraux en chef pour garder solidement l’étendue de nos lignes extérieures d’Inkermann, de Balaclava et de la Tchernaïa, s’étendant jusqu’à la vallée de Baïdar.
Dès le 8 septembre au soir, le général d’Allonville avait reçu par le télégraphe l’ordre de quitter cette vallée avec les troupes qu’il commandait, pour se rapprocher du gros de l’armée.
Quelques jours plus tard, le comte Kocielsky (Séfer-pacha), chef d’état-major du généralissime turc Omer-pacha, vint entretenir le général du projet de réunir des forces françaises aux divisions ottomanes qui occupaient Eupatoria, et d’établir dans cette place une base d’opérations pour inquiéter les communications et la retraite de l’armée russe sur Pérékop.
Le 14, en effet, le général d’Allonville fut appelé chez le général en chef. Celui-ci, en lui donnant l’ordre de s’embarquer pour Eupatoria, lui confirma ce que le général de Martimprey, chef d’état-major général de l’armée, lui avait déjà laissé entrevoir, que le commandement supérieur des forces alliées lui serait dévolu, et par conséquent la direction générale de toutes les opérations.
Le général d’Allonville fit aussitôt tous ses préparatifs, et quitta, le 18 au soir, le port de Kamiesch, emmenant avec lui sa division.
Cette division se composait du 4e hussards (colonel de La Mortière), sous les ordres du général Walsin d’Esterhazy, du 6e dragons (colonel Ressayre), et du 7e dragons (colonel Duhesme), sous les ordres du général de Champéron ; une batterie à cheval (capitaine Armand) accompagnait la division. Total, environ 3000 hommes, 2500 chevaux et six pièces de canon.
Le 19, les bâtiments mouillaient devant Eupatoria. Le 20, la division, au grand complet, touchait terre. Le général se mit aussitôt en relation avec le muchir Ahmed-pacha, et prit connaissance de la place, de son état de défense et de ses ressources.
Quelques jours après, le général reçut une lettre du maréchal Pélissier. Cette dépêche, contenant un double des instructions envoyées par le séraskier à Ahmed-pacha, confirmait le général d’Allonville dans le commandement supérieur du corps expéditionnaire. Le muchir recevait au même moment, de son côté et directement du séraskier, les mêmes instructions.
Ces instructions disaient que la Turquie, fière et reconnaissante du concours de ses alliés, devait par tous ses efforts aider et ne jamais entraver aucune de leurs opérations, « heureux ajoutait le séraskier dans ce style imagé propre aux nations orientales, s’il nous est accordé de combattre à leurs côtés, en perdant dix hommes, contre eux un seul ».
Le muchir remit aussitôt au général français le commandement en chef des troupes sous ses ordres. Ce corps ottoman se composait de deux divisions d’infanterie, l’une turque, l’autre égyptienne et d’une division de cavalerie turque. Mais ces divisions étaient malheureusement ravagées par le typhus et le scorbut, et n’offraient qu’un effectif réel de 15000 combattants et 30 pièces de canon.
« La place d’Eupatoria, avec le camp retranché qui protégeait cette ville, avait (écrit le général d’Allonville) un développement de parapets d’environ 8 kilomètres, et les Cosaques nous observaient jusqu’à 1 ou 2 kilomètres de nos ouvrages. Je me décidai à éloigner ces observateurs incommodes et à étudier le terrain sur lequel je devais opérer, comme auxiliaire de l’armée principale réunie sur la Tchernaïa ».
En effet, depuis l’attaque du 17 février, les Russes n’avaient pas cessé de bloquer étroitement la ville, et leurs vedettes s’avançaient à portée du canon de la place. Il s’agissait donc de faire lever l’espèce de blocus dans lequel l’ennemi semblait vouloir tenir Eupatoria.
Le général d’Allonville, d’un esprit actif, audacieux, entreprenant, était bien l’homme de la circonstance, résolut de harceler, d’inquiéter les Russes par de fréquentes sorties. Il fut donc tout aussitôt décidé que l’on tenterait une importante reconnaissance jusqu’à un village situé entre le lac Sasik et le lac Touzla.
« En conséquence, écrit le général commandant supérieur, je dirigeai le muchir avec quelques bataillons et escadrons sur Oraz, et je me portai le même jour sur Sak avec quatre bataillons, dix escadrons et six pièces de canon.
Parti à minuit, j’arrivai à quatre heures du matin à l’extrémité de la presqu’île qui sépare de la mer le grand lac Sasik, environnant Eupatoria au nord-est et à l’est. Les Russes furent surpris dans leurs cantonnements. Les Cosaques se retiraient ventre à terre, les fusées de signaux éclataient de toutes parts, quand tout à coup s’élève un brouillard épais qui ne permet pas de voir à vingt pas devant soi, et qui nous force à arrêter complètement notre mouvement. Ce ne fut qu’à huit heures que cette brume se dissipa, et que nous pûmes reprendre notre marche sur Sak. Quelques escadrons de uhlans se faisaient voir à la gauche du village, et trois ou quatre pièces de canon nous signalèrent leur présence.
Cependant à l’approche de deux bataillons égyptiens, soutenus par notre cavalerie et appuyés par quelques coups de canon, les uhlans se retirèrent, et nous reconnûmes que le village venait d’être évacué avec grande précipitation. La colonne du muchir obtint le même résultat du côté d’Oraz. A six heures du soir, tout le monde était rentré au camp avec seulement deux ou trois blessés ».
Les troupes du corps expéditionnaire avaient incendié dans le village toutes les meules de foin et les amas de grains qui s’y trouvaient. Lorsqu’elles opérèrent leur mouvement rétrograde, les Russes ne les suivirent et ne les inquiétèrent sur aucun point.
Depuis lors les vedettes cosaques, qui venaient audacieusement en vue de nos ouvrages avancés, se tinrent à l’extrémité de l’isthme, et au delà du pont sur lequel la route de Pérékop traverse un bras du lac Sasik.
Les rapports du muchir Ahmed-pacha, et d’un autre côté, les renseignements recueillis par des espions tartares, ainsi que l’interrogatoire de quelques déserteurs, s’accordaient à dire que l’ennemi avait formé deux groupes, l’un composé d’infanterie, de dragons et de cosaques, couvrait la route de Symphéropol, et l’autre sur celle de Pérékop, était formé de grenadiers, de Uhlans et aussi de Cosaques.
Les Russes pouvaient avoir des projets qu’il fallait déjouer en les prévenant. Aussi le général résolut-il de voir clair dans cette quantité de troupes, et, s’il rencontrait l’ennemi, de lui présenter le combat.
Une seconde reconnaissance fut donc arrêtée pour le 29, de concert avec le muchir.
Les troupes destinées à cette opération étaient divisées en trois colonnes. Sur la droite, l’infanterie égyptienne avec son artillerie, suivant la langue de terre entre le lac Sasik et la mer, devait prendre position sur le plateau, à l’extrémité de l’isthme, appuyée dans sa marche par une corvette à vapeur. Sur la gauche, la seconde colonne, commandée par le muchir, se dirigeait vers le nord-est en passant par les villages Oraz, Altchin et Tioumen, avec ordre de se rallier sur Djoltchak en incendiant tous les approvisionnements de l’ennemi sur son passage. La troisième colonne, que commandait personnellement le général d’Allonville, comptait douze escadrons français, une batterie d’artillerie et quatre bataillons égyptiens. Des bachi-bouzouks étaient chargés d’éclairer le terrain.
Après avoir traversé sur une jetée en pierres un des bras du lac Sasik qui conduit sur la route de Pérékop, les troupes de la troisième colonne se déployèrent, poussant devant elles les vedettes russes. Les deux colonnes de droite et de gauche avaient seulement rencontré quelques escadrons russes et quelques centaines de Cosaques qui s’étaient toujours tenus éloignés en se repliant sur leurs réserves, et n’avaient osé rien entreprendre.
Au jour naissant, les bachi-bouzouks qui précédaient la colonne du général d’Allonville s’engagèrent en tirailleurs avec les Cosaques. Un peloton du 4e hussards fut envoyé pour soutenir leur droite, mais l’ennemi se multipliait à chaque instant sur différents points.
« J’aperçus, écrit le général, à la hauteur de Chiban, huit escadrons de uhlans se dirigeant à droite, sur Djoltchak, et huit autres débouchant de Tioumen et tendant évidemment à nous couper la retraite, mais s’exposant ainsi à être acculés à l’une des nombreuses anses du lac. Le premier escadron de hussards, tête de colonne, reçoit l’ordre de se porter sur la droite pour y maintenir l’offensive. Sur la gauche, la deuxième division du quatrième escadron est prête à charger, si le mouvement ennemi prend consistance, et échange quelques coups de feu à distance. A travers la brume qui s’étendait à l’horizon, on découvrait la cavalerie russe cherchant à manœuvrer au loin sur notre flanc droit ».
Le général Champéron avec le 7e dragons, l’observe et essaye de l’atteindre. Mais les escadrons ennemis se maintiennent toujours hors de portée de charge.
On était arrivé à la hauteur de Djoltchak, lieu de rendez-vous où la colonne du général d’Allonville doit faire jonction avec celle commandée par le muchir Ahmedpacha.
Djoltchak est situé dans un abaissement du sol peu sensible, autour duquel se développe une plaine coupée dans certaines parties par des dépressions de terrain et couverte de chardons épais et de hautes herbes. De loin en loin, on aperçoit de rares végétations entourant des villages inhabités et en ruines.
Il était dix heures, la colonne avait fait quatre lieues, le général fit reposer hommes et chevaux et attendre l’infanterie turque.
Devant nous, à très grande distance, les escadrons ennemis étaient formés en bataille. Nous nous établissons de notre côté, également en bataille, sur une même ligne en les observant. Il était évident qu’ils ne voulaient pas s’engager.
A onze heures, la colonne du muchir avait débouché sur la gauche, et les escadrons russes rangés près de Kouroulou, en apercevant cette forte colonne, avaient disparu, laissant seulement au loin quelques tirailleurs.
Dès lors, le gros de cavalerie qui avait cherché à tourner notre droite se trouvait abandonné, et par sa position, engagé entre nous et le lac. Le général d’Allonville conçut aussitôt le projet, en se portant rapidement par un mouvement de flanc sur la ligne, d’envelopper l’ennemi qui s’était ainsi compromis vers les anses de Kanghil et d’Orta-Mamaï. Ce petit corps, composé de 8 escadrons de uhlans, de 3 sotnias de Cosaques et de 8 pièces de canon, était commandé par le général Korff.
Il fit demander au muchir huit escadrons de lanciers turcs pour établir sa communication, et lui fit dire de prendre position à Djoltchak, pour observer et contenir les forces russes retirées vers le nord.
L‘ordre est donné de monter à cheval sans sonneries, après avoir fait sortir du rang tous les chevaux qui ne seraient pas jugés susceptibles de fournir une course longue et rapide.
L’espoir de combattre anime tous les cœurs. En un instant, les trois régiments de cavalerie sont à cheval, en bataille, derrière un pli de terrain. Le 4e hussards est en tête, il rompt aussitôt en colonne, par pelotons à droite, et s’élance au grand trot, s’avançant ainsi sur l’ennemi par un mouvement diagonal. Il est appuyé à distance par le 6e et le 7e dragons, qui exécutent le même mouvement. Des plis fréquents de terrain dérobent leur marche aux éclaireurs ennemis qui pourraient signaler leur approche.
Une demi-heure après une course très rapide, la tête de colonne du 4e hussards arrive en vue de l’ennemi, qu’elle trouva ainsi disposé :
Six escadrons formaient la ligne principale de bataille, dont le flanc gauche était couvert par deux escadrons adossés au village. En arrière, huit pièces de canons étaient établies de manière à protéger la ligne contre toute attaque sur la gauche et sur le centre. Les Cosaques avaient été jetés, en tirailleurs, en avant du front des trois escadrons de droite établis sur un plateau assez élevé.
Devant notre tête de colonne, marche le général d’Allonville. Aussitôt que les escadrons russes sont en vue, il donne l’ordre au général Esterhazy d’entamer la charge.
« Partez, général, lui crie-t-il, et ne vous occupez ni de votre flanc ni de vos derrières, je vous soutiens, je marche à vous ».
En effet, le 6e dragons (avec le 7e en deuxième ligne) arrivait sous les ordres immédiats du général de brigade Champéron et des colonels Ressayre et Duhesme.
Le général Esterhazy s’est aussitôt porté en tête et au centre du régiment. A sa droite, est le colonel de La Mortière, près de lui son aide de camp, le capitaine d’état-major Pujade, et son officier d’ordonnance, le sous-lieutenant Sibert du 6e dragons. Les deux premiers escadrons sont sous les ordres du commandant Tilliard ; le capitaine d’Anglars commande les deux autres.
Ce fut un moment superbe de joie guerrière et d’entraînante énergie.
En avant ! s’est écrié le général, qui se précipite le premier sans même tirer son sabre du fourreau, et vive l’Empereur !
Ce cri est répété par toutes les bouches et court par la plaine comme un tonnerre d’acclamations unanimes, avant-coureur de nos braves cavaliers que le vent jette au milieu des colonnes ennemies.
Depuis la plaine de Balaclava, où les chasseurs d’Afrique s’étaient si brillamment lancés sur les batteries russes, c’était la première fois qu’il était donné à notre cavalerie de rencontrer l’ennemi le sabre à la main.
Plus on approche et plus l’allure des escadrons devient rapide. Les hussards, serrés les uns contre les autres et penchés sur leurs chevaux, dévorent l’espace.
Les cavaliers russes, surpris par cette subite attaque, attendent de pied ferme, sur la pente de Kanghil, le choc qui les menace. 400 mètres nous en séparent à peine, et l’artillerie, démasquée subitement par un des escadrons, lance une décharge à mitraille sur la colonne d’attaque. La ligne russe fait feu et croise la lance, semblant attendre pour s’ébranler, que son artillerie eût jeté le désordre dans nos rangs. Mais le capitaine Lenormand à la tête du 1er escadron se précipite avec un élan terrible sur les canons, qu’aborde avec la même énergie le capitaine Galibert avec le 2e escadron, pendant que les deux autres (les capitaines d’Anglars et Charmeux) chargent la ligne ennemie qu’ils culbutent. Le général Esterhazy et le colonel de La Mortière sont arrivés les premiers.
Des deux côtés le choc fut terrible. Le sous-lieutenant Sibert, qui n’a pas quitté son général, est mortellement frappé. Le capitaine Pujade est criblé de blessures. Mais les escadrons russes sont troués de toutes parts et les artilleurs sabrés sur leurs pièces, dont six tombent en notre pouvoir.
C’est un combat corps à corps, dans lequel sont confondus pêle-mêle amis et ennemis. De part et d’autre on combat avec un égal acharnement.
Enfin les cavaliers russes tournent bride et nous abandonnent le terrain. Mais bientôt ils s’aperçoivent de notre infériorité numérique, se rallient et cherchent à ressaisir l’artillerie que nous leur avons enlevée. Repoussés avec énergie, ils reviennent deux fois à la charge et parviennent enfin à reprendre trois de leurs pièces.
En ce moment les deux escadrons de uhlans, adossés au village et spectateurs immobiles du combat, semblent vouloir prendre sur leurs flancs les hussards que la lutte a désunis. Mais déjà le général Esterhazy a donné l’ordre au commandant Tilliard de rallier autour de lui tout ce qu’il pourra d’hommes, et de charger lui-même cette troupe, aussitôt qu’elle se mettra en mouvement. Le capitaine adjudant-major de Berthois porte partout les ordres du colonel, au plus fort de la mêlée, avec un audacieux courage.
Les uhlans ont aperçu sur la hauteur les 3e et 4e escadrons de hussards qui, après avoir essuyé une décharge de mousqueterie à bout portant, enfoncent la gauche de la ligne russe. Ils se voient en outre menacés par le 6e dragons qui accourt au galop prendre sa part du combat. Alors ils se retirent en bon ordre et vont se reformer plus loin, pendant que les autres escadrons, culbutés par les hussards, cherchent en vain à se réunir. Ce brave régiment, épuisé de fatigue, disséminé, brisé par la lutte qu’il vient de soutenir si glorieusement, ne peut poursuivre l’ennemi qui bat en retraite.
Le 6e dragons est passé en première ligne. Aussitôt le colonel Ressayre, sur l’ordre du général d’Allonville, enlève son régiment avec une énergique vigueur. Le général Champéron est en tête.
Les escadrons ennemis, qui sur quelques points hésitaient encore à abandonner le terrain, tournent aussitôt bride et disparaissent dans toutes les directions. Pendant plus de deux lieues, les dragons s’acharnent à leur poursuite ; tout ce qu’ils parviennent à rejoindre jette ses armes et se rend prisonnier.
Les Russes venaient de laisser entre nos mains leur sixième pièce de canon, la journée était avancée, la nature du terrain que coupaient de nombreux ravins, la fatigue des chevaux, tout défendait une plus longue poursuite. Le général Champéron fait sonner le ralliement et place le 6e dragons partie en tirailleurs, partie en troupe de soutien.
Le signal général de la retraite est donné par le général d’Allonville, qui la fait soutenir par le 7e dragons maintenu jusque-là en bon ordre.
A sept heures, la colonne rentrait à Eupatoria, ramenant avec elle 170 prisonniers, dont 2 officiers, 6 pièces de canon, 12 caissons d’artillerie, 1 forge de campagne et 250 chevaux.
Ce fut pour notre cavalerie, si longtemps inactive, une belle journée, un brillant combat.
Si le 4e hussards avait eu l’honneur de la plus grande part de dangers et de gloire, il avait eu aussi la plus grande part dans les pertes. Parmi les plus regrettables, il faut compter celle du jeune sous-lieutenant Sibert du 6e dragons, officier d’ordonnance du général Walsin d’Esterhazy, qui succomba à ses blessures. Ce régiment comptait à lui seul 14 tués et 22 blessés. Le 6e dragons eut 1 officier et 4 hommes blessés
Sur le champ même de bataille, lorsque chacun était encore tout frémissant du combat, le général d’Allonville s’arrêta devant le front des hussards, et par une chaleureuse allocution remercia ce brave régiment qui venait, avec son général, de combattre si glorieusement et de porter si haut le noble drapeau de la France.
Ce fut la seule rencontre que la cavalerie française eut avec la cavalerie russe, le seul combat livré. Les opérations qui suivirent n’aboutirent qu’à des reconnaissances pour étudier le pays, les ressources que l’on pourrait y trouver, et les défenses de l’ennemi sur les points importants.