Jean-Yves Le Naour est historien, spécialiste de la Première Guerre mondiale. « Le soldat inconnu vivant », livre sorti en 2002, est devenu aujourd’hui une bande dessinée grâce aux éditions Roymodus et aux dessins de Mauro Lirussi.
Le 1er février 1918, un soldat français erre sur les quais de la gare de Lyon-Brotteaux. Amnésique, hébété, il ne se rappelle ni d’où il vient ni pourquoi il est là, pas davantage les épreuves qu’il a traversées.
Il faisait partie d’un convoi de prisonniers qui arrivaient d’Allemagne, mais il n’avait pas de fiche permettant de l’identifier.
On a alors cru reconnaître le nom d’Anthelme Mangin dans ses balbutiements et on l’a baptisé ainsi.
Il va être interné en asile psychiatrique, d’abord à Bron, puis à Clermont-Ferrand, à Rodez, et pour finir à Sainte-Anne (Paris).
C’est là qu’il trouvera la mort, le 19 septembre 1942, vraisemblablement d’inanition.
Tous les moyens seront employés pour l’identifier et le rendre à sa famille. Son portrait s’étale à la une des journaux et est affiché sur les portes de toutes les mairies. Plusieurs centaines de familles reconnaissent en lui un père, un fils ou un frère disparu à la guerre.
Comment départager ces familles qui n’arrivent pas à faire le deuil de leur proche disparu ?
Une longue et douloureuse enquête débute. Elle durera tout l’entre-deux-guerres et s’achèvera sur un procès à rebondissements où s’opposent tous ceux et celles qui ont reconnu en l’amnésique un de leurs parents.