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  • 16 août 2012 - Par Au fil des mots et de l'histoire

     

     Le 14 août 1844 – La bataille d’Isly dans EPHEMERIDE MILITAIRE La-bataille-d’Isly-150x150

     

    La bataille d’Isly

    D’après « L’Algérie, ancienne et moderne » – Léon Galibert – 1846

     

    Le 12 août, le général Bedeau ayant rallié la petite armée de Lallah-Magrenia, avec trois bataillons et six escadrons, le maréchal Bugeaud se décida, comme il l’avait annoncé, à se porter en avant.

    Le 13, à 3 heures de l’après-midi, l’armée se mit en marche, en déguisant par tous les moyens possibles son mouvement offensif. A la halte du soir, les bivouacs furent établis en silence, et le lendemain, avant l’aube, nos troupes franchirent l’Isly. Mais ce fut en vain qu’on avait espéré surprendre l’ennemi : les Marocains étaient tous en selle, prêts à nous attaquer, lorsque l’armée atteignit à huit heures du matin les hauteurs de Djarf-el-Akdhar. De là, on apercevait distinctement les camps des différentes tribus, groupés autour de celui de Muley-Mohamed et occupant ensemble un espace de plus de deux lieues sur la rive droite de l’Isly.

    Avant de franchir une seconde fois cette petite rivière, le maréchal disposa son armée en un vaste losange, dans l’ordre échelonné sur le centre et par carrés.

    L’avant-garde, commandée par le colonel Cavaignac, se composait du 8e bataillon d’Orléans, du 32e de ligne et d’un bataillon du 53e. L’aile droite, sous les ordres du général Bedeau, était formée des 13e et 15e légers, d’un bataillon de zouaves, du 9e bataillon d’Orléans, et de trois escadrons de chasseurs et de hussards. L’aile gauche, commandée par le colonel Pélissier, comprenait le 6e léger, le 48e de ligne et le 10e bataillon d’Orléans. Les spahis d’Alger et d’Oran, trois escadrons du 4e chasseurs, ainsi que le margzen des Smelas, formaient sa cavalerie. Enfin l’arrière-garde, commandée par le colonel Cachot, se composait du 3e léger et du 6e d’Orléans.

    A ces différents corps étaient annexés suivant leur importance, une ou deux sections d’artillerie de montagne. Les bagages, les réserves d’artillerie, les parcs, le train d’ambulance marchaient au centre, et, pour mieux apprécier le mouvement de l’ennemi, le maréchal avait pris position immédiatement après l’avant-garde.

    Au moment où l’armée se disposait à passer les gués de l’Isly, quelques groupes de cavaliers arabes essayèrent de nous disputer ce passage. Nos tirailleurs suffirent pour les disperser, et nos carrés, après avoir franchi la rivière, ne tardèrent pas à se montrer en bon ordre sur un plateau immédiatement inférieur à la butte la plus élevée où se tenait le fils de l’empereur.

    C’est là que la bataille commença sérieusement à s’engager. Dès que les quatre canons de notre anguleuse avant-garde eurent fait entendre leur voix, deux troupes considérables de cavalerie s’élançant de derrière les collines fondirent avec impétuosité sur nos carrés, soulevant des flots de poussière et faisant trembler le sol. L’aspect de notre petite armée, enveloppée de toutes parts et disparaissant en quelque sorte dans ces vastes tourbillons d’hommes et de chevaux, fit pousser aux Marocains des cris de joie. Mais la solidité des remparts vivants qu’ils assaillaient modéra bientôt leur allégresse.

    Après le premier choc, on vit ces masses indisciplinées tournoyer rapidement, aller, venir, se culbuter elles-mêmes : une épouvantable confusion, un affreux pêle-mêle régnait dans leurs rangs, et les rares groupes qui, emportés par leur courage, exécutaient des charges à fond, ne le faisaient même pas avec ensemble. C’étaient d’intrépides cavaliers qui venaient isolément se faire tuer à bout portant ou laisser à nos baïonnettes quelques pans de leurs burnous.

    Cette résistance impassible et inattendue, soutenue par de fréquentes décharges d’artillerie, suivie bientôt après d’un mouvement en avant, suffit pour briser la masse compacte de nos assaillants.

    Dégagée de tout obstacle, notre armée gravit alors la butte principale, l’enleva à la baïonnette presque sans résistance. Puis, par une brusque conversion à droite, elle se porta sur les camps. L’aile gauche se déployait sur la crête des collines. Le centre, où se trouvaient le maréchal et le général Lamoricière, couvrait avec l’aile droite les pentes qui descendent vers la rivière. La cavalerie, qui n’avait pas encore pris part au combat, reçut l’ordre d’échelonner ses dix-neuf escadrons par la gauche, de manière à ce que le dernier échelon fut appuyé à la rive droite de l’Isly, et de charger vigoureusement sur tous les points.

    Le colonel Jussuf, avec six escadrons de spahis et quatre escadrons de chasseurs, se porta sur le camp principal, où tout d’abord il fut accueilli par une grêle de balles et de boulets. Mais la vivacité de ses spahis rendit impossible une seconde décharge. En un clin d’œil, ils ont franchi les faibles barrières qui protègent le camp, et tout ce qui s’oppose à leur passage est renversé.

    Les fantassins, après s’être défendus quelques instants bravement, s’enfuient épouvantés, les artilleurs sont sabrés sur leurs pièces et les cavaliers balayés. Cette brusque et vigoureuse attaque fit tomber en notre pouvoir tout le matériel de l’armée marocaine, ses munitions de guerre et ses bagages.

    Malgré ce grave échec, l’ennemi essaie par deux fois encore de reprendre l’offensive : cette masse de cavaliers que nous avons vue brisée par notre avantgarde, s’étant ralliée à quelque distance, revint se précipiter sur l’aile droite. Mais le colonel Morris a aperçu ce mouvement, et à la tête des deuxième et troisième échelons, il attaque l’ennemi par son flanc droit, tandis que notre infanterie lui oppose sa ligne impénétrable de baïonnettes.

    Les Marocains ne pouvant entamer nos carrés, se rejettent sur les escadrons du colonel Morris, et celui-ci, malgré l’infériorité du nombre, accepte le combat ; il n’avait que 500 chevaux à opposer à 6000. Nos chasseurs font des prodiges : groupés en pelotons, ils pénètrent la masse compacte de l’ennemi, et s’y maintiennent comme autant de citadelles vivantes. Malgré tant de bravoure, cette lutte était évidemment trop inégale ; le général Bedeau la fit cesser en détachant de sa brigade trois bataillons pour dégager notre cavalerie. Les Marocains ne jugèrent pas à propos de les attendre ; ils s’éloignèrent à bride abattue par une gorge qui se trouvait derrière eux, toujours poursuivis par nos intrépides chasseurs.

    Cette débandade, en rejetant hors du champ de bataille un nombre aussi considérable d’ennemis, semblait devoir ôter à l’armée marocaine toute velléité de reprendre l’offensive. Elle essaya cependant de nous disputer encore la victoire. Des cavaliers accouraient de tous les côtés se réunir sur la rive gauche de l’Isly, un peu au-dessus de l’endroit où nous avions commencé l’attaque, et semblaient se préparer à rentrer de vive force dans leurs camps. Leur nombre encore imposant augmentait toujours.

    Mais les spahis, appuyés par le 4e échelon, qui n’avait pas encore donné, tombent sur eux comme la foudre ; l’artillerie descend des collines avec la rapidité de l’avalanche, et vomit encore de la mitraille tandis que l’infanterie repasse en hâte la rivière et charge cette multitude confuse. Sabrés vigoureusement par nos fougueux cavaliers, broyés par l’artillerie, exposés à une grêle de balles, ils ne peuvent résister plus longtemps, et leur déroute devient complète.

    La panique était telle que le soir même de la bataille, le gros de l’armée ne s’arrêta qu’à douze lieues d’Isly, et il fut inquiété toute la nuit par les coups de fusil des Kabyles. Les hommes et les chevaux, qui n’avaient pris aucune nourriture depuis le matin, ne trouvèrent rien à manger, et personne n’osa s’exposer à sortir du camp pour aller fourrager.

    Le lendemain, 15 août, le mouvement de retraite continua, et il ne se serait arrêté qu’à Fez, si Muley-Mohammed n’eût rencontré dans la campagne de Taza un marabout, ami de son père, qui lui dit : « Ce qui est arrivé, c’est Dieu qui l’a permis. Arrête-toi ici, tes soldats et tes chevaux pourront au moins s’y désaltérer ».

     

     

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