Le combat du col de Banos
D’après « Victoires, conquêtes, désastres, revers et guerres civiles des Français »
Charles-Nicolas Beauvais – 1820
Ce fut pendant son retour vers Madrid que le roi apprit que la colonne anglaise de sir Robert Wilson venait d’être mise en déroute le lendemain de la bataille d’Almonacid. Après le combat d’Arzobispo, le maréchal Ney s’était dirigé sur Salamanque.
Le 12 août, le général Lorcet, commandant l’avant-garde du sixième corps, rencontra le général Wilson à Aldea-Nueva-del-Camino, à l’entrée du col de Banos. La position de l’ennemi, quoique très forte, fut emportée au premier choc. Le 3e régiment de hussards exécuta une belle charge, dans laquelle bon nombre d’Anglo-Portugais furent sabrés et faits prisonniers. Ces derniers se rallièrent sur les hauteurs de Banos, dans une position presque inexpugnable.
Aux difficultés déjà très grandes du terrain, le général Wilson avait ajouté des abattis, de profondes coupures, et avait fait séparer des quartiers de rocher pour fermer tous les sentiers par lesquels on pouvait arriver jusqu’à lui. Ces précautions annonçaient au reste un ennemi qui comptait peu sur la valeur de ses troupes. Aussi les Français, oubliant les fatigues d’une marche de neuf lieues par une chaleur excessive, ne balancèrent point à attaquer les retranchements derrière lesquels les milices de Wilson se croyaient en sûreté.
Les 50e et 59e régiments de ligne s’avancèrent avec une grande résolution, gravirent les hauteurs en poussant à l’avance des cris de victoire, et s’emparèrent des ouvrages ennemis malgré un feu très vif d’artillerie.
Le général Wilson essaya vainement de rallier cette troupe culbutée et dispersée. Le 3e régiment de hussards et le 13e des chasseurs achevèrent la déroute de l’ennemi, qui eut beaucoup de peine à trouver son salut dans les rochers de Monte-Mayor et de la Calzada.
Les Anglo-Portugais laissèrent douze cents tués et un pareil nombre de blessés sur le champ de bataille. La perte des Français ne s’éleva pas à plus de deux cents hommes tués et blessés.
Le colonel La Ferière, du 3e de hussards, et le colonel Coste, du 59e régiment d’infanterie, s’étaient distingués particulièrement par leur brillante valeur et l’habileté de leurs dispositions. Tartre, soldat au 59e, enleva un drapeau après avoir tué ou dispersé le groupe d’ennemis qui le défendait. Ce trait de courage valut à ce brave la décoration de la Légion d’Honneur.