D’après les écrits Augustin Baudouin,
maire de la ville d’Epinal de 1919 à 1936
(Imprimerie Fricotel 1922)
1914
- Le 27 juillet commencent les mesures de protection des ouvrages d’art, notamment des ponts et des viaducs. Leur surveillance est assurée par la police municipale.
- Le 30 juillet, mobilisation partielle du 21ème Corps d’armée.
- Le 1er août, les travailleurs de 16 à 60 ans, non soumis aux obligations militaires, sont réquisitionnés pour la mise en état des défenses de la Place.
- Le 2 août, ordre de mobilisation générale, douze agents de police rejoignent immédiatement l’armée.
- Le 3 août, ordre d’évacuation des bouches inutiles, Epinal étant classé camp retranché et place forte.
Les bouches inutiles quittent la ville le 5 ; elles sont dirigées sur Mâcon, Tournus, Orléans…
Les hôpitaux civils réquisitionnés par l’autorité militaire sont vidés de leurs malades.
Les vieillards, hommes et femmes, au nombre de 80, sont dirigés sur la Haute-Saône ; les orphelins, au nombre de 90, sur Mâcon.
L’évacuation est terminée le 10 août et 14000 personnes sur 26000 civils ont quitté la ville.
Des hôpitaux de fortune pour hospitaliser les malades civils de la ville et les réfugiés des pays évacués sont organisés de toutes pièces, l’autorité militaire ayant réquisitionné non seulement les bâtiments, mais aussi le matériel, les approvisionnements et jusqu’au personnel infirmier.
- Le 8 août, un aéroplane allemand survole Epinal et jette deux bombes qui tombent dans les champs près du viaduc de Bénaveau.
Un corps de garde civique composé d’hommes de bonne volonté ayant dépassé l’âge mobilisable se constitue pour aider la police, garder la ville, recevoir les évacués et les diriger sur des postes de secours, puis sur les trains devant les conduire aux diverses résidences qui leur sont assignées.
- Dès le 10 août, la ville est envahie par des magasins à fourrages établis sur toutes les places publiques.
Des parcs à bestiaux sont installés partout, même dans la promenade du Château.
Les abattoirs sont réquisitionnés par l’armée et la ville installe une tuerie de fortune pour les besoins civils.
- Le 23 août, le nombre des évacués des régions occupées par l’ennemi augmente et Epinal reçoit des les évacués de la frontière venant de Badonviller, Cirey, Raon l’Etape. Ils sont logés et hébergés par les soins de la municipalité et réexpédiés sur le centre de la France.
- A partir du 16 novembre, quelques personnes seulement reconnues aptes à rendre des services, sont autorisées à rentrer à leur domicile.
D’autres, rentrées sans autorisation, sont évacuées à nouveau par ordre de l’autorité militaire.
- Le 28 décembre, On enjoint à tous les habitants de masquer complètement leurs lumières. L’éclairage public est supprimé.
1915
- Le 2 avril, des avions allemands survolent Epinal ; quatre torpilles sont lancées sur la ville. Des éclats d’obus causent quelques dégâts aux toitures de la Société d’Impression des Vosges.
- 28 avril, quatre bombes sont lancées dans les terrains entre le parc du dirigeable et la route des Forges sans causer de dégâts.
- 2 mai, dimanche, jour des Premières Communions à Epinal.
A 6h30, une escadrille de cinq avions allemands bombarde la ville :
Un obus incendiaire, 10 rue Cour-Billot, cause des dégâts matériels,
Une bombe tombe dans un pré à Poissompré,
Une troisième près de la maison Wildermuth, route de Jeuxey, brisant une partie du mobilier,
Une quatrième, côte de la Justice, dans un pré,
Une cinquième, près du n°4 de la rue de la Maix occasionnant des dégâts occasionnant des dégâts à l’immeuble et aux maisons voisines.
Une sixième, dans la forêt entre Epinal et Saint-Laurent,
Une septième, près de la maison Valentin, côte Cabiche, brisant les vitres de la maison,
Une huitième, au Parc d’Artillerie, non éclatée,
Une neuvième, au Port du Canal, dans un entonnoir servant au déchargement du charbon, l’entonnoir est très abimé,
Une dixième à la Colombière, pas de dégâts,
Six autres dans les champs entre le parc du dirigeable et les casernes de Chantraine,
Une dix-septième, non éclatée, dans le jardin Cablé, au Saut-le-Cerf.
1916
- 21 février, un avion allemand est abattu vers 10h30 par les canons de la défense de la Place, au moment où armé de bombes, il survolait la ville.
Il tombe rue François de Neufchâteau, dans un jardin bordant la voie publique.
Avant de toucher le sol, les aviateurs jettent une bombe qui éclate dans la rue de la Faïencerie, tuant sur le coup :
Monsieur LEBAN Paul, 50 ans, peintre, domicilié 14 même rue,
Madame MATHIEU, née PETITDEMANGE Berthe, 34 ans, journalière, même adresse,
Blessant mortellement mademoiselle Alice CHAINEL, 18 ans, vendeuse aux Magasins Réunis, ainsi que madame FOUCART, 45 ans, concierge à l’Arsenal.
En s’écrasant dans sa chute, l’avion prend feu et les bombes qu’il renferme encore explosent, projetant des débris de tous côtés.
Huit civils sont tués :
MARTIN Emile, 63 ans, marchand de chaussures, rue Rualménil,
LANG Sylvain, 17 ans, typographe, rue de la Maix,
BRAULOTTE Robert, 13 ans, coiffeur, 8 rue de la Gare,
LEDOYEN Marie, 24 ans, domestique, 9 rue Boulay de la Meurthe,
COLINMAIRE André, 15 ans, apprenti-boulanger, rue Antoine Hurault,
HOF Victor, 48 ans, manœuvre, 24 faubourg d’Ambrail,
TANNEUR Marcel, 16 ans
DEYA Jean, 27 ans, garçon de café, 1 rue Boulay de la Meurthe.
Onze militaires sont tués ou mortellement blessés :
HUARDOT, sergent, 170ème régiment d’Infanterie,
RAVON, caporal, 24ème section de C.O.A,
RICHARD, soldat, 24ème section de C.O.A,
MARINIE, soldat, 170ème régiment d’Infanterie,
DEVILLEBICHOT, 170ème régiment d’Infanterie,
LIEGEY, 170ème régiment d’Infanterie,
SAUTER Georges, 170ème régiment d’infanterie,
COMBRE Joseph, 13ème escadron du Train,
THOLOIS, soldat, 170ème régiment d’Infanterie,
JACQUEMIN, soldat, 11ème régiment du Génie,
PERNELLE Charles, automobiliste.
En outre, soixante et onze personnes, civiles et militaires, sont blessés et admises à l’hôpital ou soignées à domicile. Entre autre :
BERNARD Yvonne, 26 ans, employée de magasin, pour fracture de l’orbite droit, énucléation de l’œil,
CHOLEZ François, 22 ans, ouvrier en fer chez monsieur Halbronn, amputation de la cuisse,
COLSON Sylvain, 17 ans, garçon-boucher, rue d’Arches, fracture du crâne, section de l’artère humérale,
MANGENOT Paul, 20 ans, plaie pénétrante du crâne, a du être trépané,
MASSON, 52 ans, chef de bureau à la Compagnie de l’Est, plaie pénétrante du crâne, a du être trépané.
- 31 mars, vers 5h00 du matin, deux avions survolent Epinal. Ils laissent tomber quatre bombes route d’Olima et dans les prés bordant cette voie ; une cinquième dans le jardin Courtret, même quartier. Il n’y a que des dégats matériels peu importants.
- 4 avril, au matin vers 5h00, deux taubes jettent six bombes sur la ville.
L’une rue des Soupirs ; la 2ème place de la Bourse ; la 3ème à l’angle de l’hôtel du Louvre ; la 4ème rue de la Gare ; la 5ème rue de Faïencerie, dans la cour de la maison Seiligmann ; la 6ème dans le chantier de bois Walroff.
La 4ème tue Emile CLEMENT, 60 ans, peintre, 86 faubourg d’Ambrail qui se rendait à son travail.
Les dégâts matériels causés rue de la Gare sont importants.
- 30 avril, trois bombes lancées par un avion tombent derrière l’hôtel du Corps d’Armée, jardin Maubert, rue de la Manutention et rue des Soupirs sans causer de dégâts.
- 17 mai, à 22h30, une escadrille ennemie bombarde la ville.
Monsieur ROY, aiguilleur à la Compagnie de l’Est est tué à son poste en face de la caserne Schneider par une bombe qui éclate près de la voie ; une 2ème bombe rue du général Haxo en face du café Durin ; une autre (incendiaire) dans la cour de la caserne Courcy ; une 4ème (explosive) dans un tas de charbon au Port ; une 5ème sur un bâtiment près du hangar à dirigeable ; deux autres près de l’enceinte des dits hangars ; une 8ème dans les champs Lamblin ; une 9ème (incendiaire) dans une écurie du quartier Schneider.
- 18 mai, autre escadrille de bombardement à 2h30.
Trois bombes dont une incendiaire, dans le bois de Saint Antoine, à 60 mètres de la voie ferrée et près de la poudrière ; une autre, un peu plus loin dans la forêt ; une 5ème dans les terrains vagues devant la Société d’Impression des Vosges ou elle cause quelques dégâts. Quatre tombent dans les terrains avoisinant l’étang de Chantraine. Une, auprès de la T.S.F.
Enfin deux explosent à proximité des cités de la Quarante Semaines.
- 21 mai, à 2h00 du matin, quatre bombes lancées par un avion, tombent l’une à coté des escaliers de la rue de la Clé d’Or, deux dans les jardins voisins et la quatrième dans la cour de la maison Truchet, rue Dorgel, occasionnant des dégâts à l’immeuble.
Une femme et deux enfants sont légèrement blessés par des éclats de vitres.
- 23 mai, sept bombes explosives sont lancées par deux avions survolant Epinal à 2h40 du matin.
La première, rue Boulay de la Meurthe, brisant les vitres des édifices voisins ; une deuxième dans les jardins des Magasins Généraux ; une troisième aux cotons à la P.V de la Gare (dégâts matériels) ; la quatrième quai de la Gare près d’un dépôt de charbon ; deux autres dans la Moselle, près du pont de la République ; une septième sur une écurie du quartier Schneider, tant neuf chevaux et en blessant deux.
- 23 août, à 23h30, quatre bombes ; une, salle des machines de l’usine électrique (dégâts matériels importants) ; deux autres dans le jardin Thiètry, rue de Nancy ; une quatrième au dépôt des Tramways.
- 12 septembre, à 22h00, huit bombes : une près du Parc à fourrage, deux dans la Moselle, quai de Dogneville ; une quatrième sur une piste de la caserne Schneider ; une cinquième derrière la même caserne ; une sixième sur la voie ferrée militaire avenue de Beaulieu ; une septième dans la propriété Cocquillon, et la huitième dans la Moselle en aval du pont de la République.
- 15 septembre, vers 1h00 du matin, des avions lancent :
Une bombe incendiaire maison Bulifon, place de la Bourse (a pu être éteinte) ; une sur l’abattoir civil ; une bombe incendiaire, 16 rue des Minimes, occasionnant un incendie qui détruit la partie supérieure de la maison Defrannoux, blessant deux personnes que l’on doit évacuer à l’hôpital ; un dans le canal des Grands Moulins ; une dans les jardins derrière le café Durin ; quatre dans les dépendances de la gare occasionnant des dégâts matériels ; une au Port, dont les éclats traversent la chambre à coucher du sieur Baudy.
1917
- 9 février, à 23h00, le port d’attache des dirigeables est bombardé ; les engins explosent près des hangars sans causer de dégâts.
- 25 mai, un avion chassé par le tir des canons laisse tomber deux bombes près de Golbey sans occasionner de dégâts.
- 30 octobre, à 02h15, une bombe incendiaire tombe près de la bascule de l’abattoir : peu de dégâts.
Pendant le tir contre avion, un obus qui n’a pas éclaté en l’air explose en tombant sur la chaussée faubourg d’Ambrail. Quatre personnes sont blessées :
Edouard DUBOIS, 72 ans, retraité, 1 faubourg d’Ambrail,
Joseph PETIT, 50 ans, ouvrier à l’Usine de gaz,
Alexandre COURTOIS, 43 ans, ouvrier à l’Usine électrique,
Joseph LECONTE, 64 ans, courrier-convoyeur.
Deux bombes lancées sur un groupe de militaires à la Louvroie tuent quatre soldats et en blessent vingt-trois autres, dont deux mortellement.
Deux autres bombes tombent dans les champs à proximité.
1918
- 13 août, vers 22h00, une escadrille lance sur Epinal environ 45 bombes ou torpilles, après avoir mitraillé la gare.
Trois hommes sont tués :
John MILLER, soldat américain,
Louis VERCHER, 34 ans, soldat au 249ème régiment d’Artillerie, en permission,
Jules WION, soldat au 25ème régiment Territorial C.A.R, ce dernier a été retrouvé étendu dans le fossé rue du général Haxo.
Quatre personnes sont blessées :
Un inconnu dirigé par la Place sur l’hôpital Haxo,
Charles DAVID, 30ans, surveillant à la gare d’Epinal,
René TRIBOUT, 32 ans, facteur enregistrant détaché à la Gare,
Jules HERBE, soldat au 13ème régiment d’Artillerie.
Deux bombes sont tombées à la Gare près des messageries,
Quatre dans le fossé de la rue Haxo bordant la voie ferrée,
Deux au milieu de la chaussée, rue Haxo,
Une sur le mur près de la cantine de la caserne Schneider,
Deux dans la cour de la même caserne,
Une auprès de l’Arsenal,
Une, dans la propriété Coulin, côte de la Justice,
Trois, à la Société d’Impression des Vosges, dont une auprès de l’épicerie,
Une torpille, dans les terrains en face de l’usine,
Une bombe, près des W.C des promenades du Cours,
Une, près du café Thomas, rue Saint Antoine,
Une, près du café Jeanjacquot, aux Grands-Sables,
Une, dans la Moselle, à hauteur du n°61 de la rue d’Alsace,
Deux, dans les jardins Sergent, rue François de Neufchateau,
Deux, dans les terrains derrière l’Usine à gaz,
Quatre, sur le terrain de manœuvres de la Vierge,
Une, au quartier Bonnard où deux chevaux ont été tués, un troisième blessé,
Une, sur le terrain de manœuvres près du cimetière,
Une, rue du Quartier,
Une torpille non-éclatée, chantier Hiessler, au Champ du Pin,
Une, dans un champ à Poissonpré, derrière la maison Michel,
Une, dans un champ appartenant à monsieur Leclerc, même quartier,
Deux près de l’usine Geistod, avenue de Beaulieu,
Une, sur la voie ferrée, à l’embranchement de la ligne Jussey à Golbey,
Trois bombes incendiaires sur le Parc d’aviation,
Une, derrière la maison au n°1 rue Entre les Deux Portes,
Une torpille non éclatée a été trouvée dans la propriété Demangeon, à la Roche de Poissonpré, et une autre dans la propriété Sergent, rue François de Neufchâteau.
Pendant le bombardement, les avions mitraillent les rues et cela pendant quarante-cinq minutes.
Les dégâts aux immeubles voisins des points de chute sont relativement importants.
- 21 août, raid d’avions vers 22h00 ; environ cent bombes ou torpilles.
Trois personnes réfugiées à la cave 12 rue de la Clé d’Or, sont tuées par une bombe :
Marie PARMENTIER, née CHAMBRE, 58 ans, sa fille Lucienne, 29 ans et sa petite fille Colette, 7 ans,
Rue jean Virot, au n°12, la maison Pertuis, momentanément inhabitée, est complètement détruite,
Deux bombes mettent le feu aux magasins de réserve du Bazar qui sont en partie détruits,
Un autre incendie la maison Lepage, chemin de la Côte Cabiche,
On constate des chutes d’engins sur le lavoir en ciment de la caserne Condates qui est détruit par l’explosion,
Une bombe incendiaire sur la rue François de Neufchâteau,
Cinq, dans le jardin Girol, rue de Chantraine,
Deux, au-dessus du jardin Girol, dans les champs,
Une incendiaire, maison Lhomel,
Une, à la direction d’Artillerie,
Une, dans le jardin Gérard, près de chez monsieur Lhomel, à la Belle Etoile,
Cinq bombes (non éclatées) chez monsieur Audinot au n°7 de la Clé d’Or,
Une, sur le hangar à bois, magasin de concentration,
Une, près des magasins à pétrole à la Belle Etoile,
Quatre, dans le chemin de la Côte Cabiche, près des Rotondes,
Trois, dans les jardins de la Côte Mauvraie,
Une, incendiaire (non éclatée) près de la maison Thernier, Côte Cabiche,
Une, au Saut le Cerf, jardin Léonard,
Une torpille (non éclatée) près de la maison Morin, à Grandrupt,
Une, jardin Joly, chemin des Epinettes,
Une, dans le jardin voisin, appartenant à mademoiselle Charpy,
Une, chemin de la Justice,
Une, au cimetière militaire,
Cinq, dont une non éclatée, jardin Denay, chemin de la Clé-d’Or,
Deux aux abords de la rue Charles Le Moyne,
Une rue Bel-Air, près de la maison Chazaud,
Trois, à la caserne Courcy,
Trois torpilles, terrain Monchablon, Côte Champion,
Une côte Champion, jardin Gillet,
Une, dans le verger Lepage, même quartier,
Une, en face du n°39 de la rue Olima,
Une, rue Dorget en face du n°2,
Une, au n°1 rue Ponscarme, chez monsieur Déantoni,
Une, près du sémaphore,
Une, rue du Magasin, chez monsieur Pinot, à causé des dégâts importants,
Une, non éclatée, en face du n°18 rue de la Faïencerie,
Une, sur des écuries de la caserne Condates,
Une, sur la boulangerie de campagne à la Concentration, deux soldats ont été blessés,
Une, dans la Moselle en face du n°8 quai de Dogneville,
Deux, rue de l’Eglise Saint-Antoine,
Une, en face du pont Saint-Antoine,
Une torpille non-éclatée dans l’atelier Schirrer, rue Jean Viriot,
Une, maison Thomas, au n°13 chemin des Princes,
Une, jardin Picard, impasse du Belvédère,
Une, derrière le bâtiment des visiteurs à la gare,
Une, dans le jardin Lacaille, près du groupe scolaire de Chanteraine,
Une, sur les établissements Kullmann, rue de la Gare,
Une torpille non éclatée dans le jardin Guinot, rue Charles Le Moyne,
Une, non éclatée derrière la caserne Courcy,
Une, non éclatée, jardin Ulmann, au n°56 rue de Dogneville,
Une, près de la maison Fritsch, chemin des Princes.
- 18 septembre, vers 22h30, un avion volant à faible hauteur mitraille la voie ferrée à l’aide de balles incendiaire, traverse tout Epinal, se dirige ensuite vers le terrain d’aviation qu’il mitraille, et en s’éloignant prend sous son feu un train venant de Jussey.
En plus des bombardements, la ville d’Epinal eut à souffrir des canons de la défense qui causèrent de nombreux dégâts aux immeubles.
Epinal, le 3 septembre 1921.
Le maire de la ville d’Epinal
Chevalier de la Légion d’Honneur,
A Monsieur le Ministre de la Guerre.
Monsieur le Ministre,
J’ai l’honneur de vous prier de bien vouloir examiner les titres de la Ville d’Epinal pour l’obtention de la Croix de Guerre.
Vous n’ignorez pas, Monsieur le Ministre, qu’Epinal, place forte et camp retranché, siège du 21ème Corps d’Armée, a dû subir pendant toute la durée de la guerre les périls et inhérents à sa situation.
Située à quelques kilomètres de la ligne de feu, dont à un moment donné elle a été séparée par moins de 25 kilomètres, à la bifurcation de nombreuses lignes de chemin de fer aboutissant à Saint Dié, Nancy, Neufchâteau, Dijon, etc., sur le passage des troupes se rendant sur le front, Epinal n’a cessé d’être pendant toute la durée des hostilités le point de mire de l’ennemi.
Vous verrez par l’historique de la Guerre à Epinal, que j’ai l’honneur de vous adresser et auquel je joins la carte indiquant les points de chute des obus et des torpilles ennemis, qu’Epinal a été continuellement en alerte pendant toute la durée des hostilités ; que ses habitants ont eu a souffrir dans leurs personnes et leurs biens ; que plus de 250 torpilles ont été jetées sur la Ville pendant le cours des hostilités, sans compter les bombardements par mitrailleuses et les accidents inévitables provenant des tirs de défense de la Place.
Trente-six personnes ont été tuées par les tirs ennemis, cent trois blessés dont trente-deux grièvement, et je ne parle pas des personnes évacuées qui sont mortes de misère et de fatigue au cours de leur exode.
La population de la Ville eut en outre à souffrir d dégâts matériels évalués à plusieurs millions et tout cela fut supporté avec stoïcisme.
Pour toutes ces raisons, vous jugerez certainement que la Ville d’Epinal a fait son devoir pendant toute la durée des hostilités et que ses habitants ayant été aussi longtemps à la peine et en péril, il est juste qu’il fut proclamé officiellement que la Ville a bien mérité de la Patrie en l’autorisant à ajouter à ses armes la Croix de Guerre.
Veuillez agréer, je vous prie, Monsieur le Ministre, l’assurance de mes sentiments respectueux.
Le Maire d’Epinal
A.BAUDOUIN
Pour visualiser la carte des impacts sur la ville d’Epinal entre 1914 et 1918 : cliquer ici
P. Gnaedinger on 28 juillet 2015
Je découvre ces bombardements sur Epinal, très bon reportage avec des détails très précis.
La défense n’avait pas d’autres moyens pour tirer sur ces avions?
Avec des canons c’était certainement difficile de toucher un avion qui se déplace.
Dans l’article ont ne parle pas de mitrailleuses pourtant utilisées déjà en 14/18
Article très intéressant.
M.Arizaleta on 19 février 2022
Bel article, merci. Mon arrière-gp était au 8e d’artillerie à pied d’Epinal, de 1898 à 1913, puis il a été affecté au 5e d’artillerie de forteresse à Montmédy (mort à la Bataille de Brandeville le 29 août 1914), il n’a donc pas connu cette époque. Le 22 octobre 1921, la Ville d’Épinal se voyait décerner la Croix de Guerre.