D’après « histoire des armées françaises de terre et de mer » – Abel Hugo – 1837
Tandis que le roi Joseph marchait vers Madrid, le maréchal Bessières battait, avec 14 000 hommes, à Medina de Rio-Seco, un rassemblement insurgé, auquel la présence du général Cuesta, avec quelques régiments wallons et espagnols, faisait donner le nom d’armée, et qui avait conçu la folle pensée d’empêcher Joseph d’arriver dans la capitale de l’Espagne.
Cette armée, forte de 45 000 hommes, s’était assemblée à Benavente dans les premiers jours de juillet 1808. Elle menaçait de se diriger sur Valladolid et sur Burgos pour couper les communications entre Madrid et la France. Le maréchal Bessières, qui se trouvait alors dans le nord de l’Espagne, où déjà il avait remporté quelques succès, sentit combien il était important d’arrêter les progrès de l’ennemi, et n’hésita pas à se porter à sa rencontre, quoiqu’il n’eût guère que 13 à 14 000 hommes de disponibles. Il donna l’ordre aux généraux Merle et Mouton de se mettre en mouvement avec leurs divisions ; le général Lasalle, commandant une division de cavalerie, reçut les mêmes instructions.
Le maréchal Bessières se trouva, le 14 juillet au matin, en présence de l’armée espagnole, rangée sur les hauteurs qui dominent la ville de Medina de Rio-Seco. Son front était garni de quarante pièces d’artillerie attelées et en batterie. Bessières disposa tout pour le combat. La division Mouton formait la gauche, la division Merle, la droite ; au centre, était la cavalerie du général Lasalle, qui formait la réserve.
L’attaque commença par la brigade du général Darmagnac, qui se porta sur la droite des Espagnols, et bientôt l’action devint générale. La ville de Medina fut enlevée à la baïonnette par les troupes du général Mouton, et la gauche ennemie, ne pouvant résister aux brigades Ducos et Sabathier, perdit successivement ses positions. Après six heures de combat, l’ennemi, enfoncé sur tous les points, fut mis dans une déroute complète. Il eut près de 900 hommes tués, et laissa au pouvoir des Français 6 000 prisonniers, ses bagages, ses munitions et son artillerie.
Les Espagnols se retirèrent en désordre sur Benavente, et se dirigèrent de là sur Labaneza, Astorga et Léon. Les Français, attachés à leur poursuite, trouvèrent à Villapando cinq milliers de poudre et un million de cartouches, et à Benavente, 10 000 fusils, vingt-cinq milliers de poudre et un nombre considérable de cartouches. Les villes de Zamora, Mayorga et Léon firent successivement leur soumission.
Napoléon apprit avec joie le résultat de la bataille de Medina, et s’écria : « C’est une nouvelle bataille de Villaviciosa. Bessières a mis mon frère Joseph sur le trône d’Espagne ». On verra bientôt combien l’Empereur s’abusait sur l’importance de cette victoire.