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    La bataille de Medellin

    D’après « Victoires, conquêtes, désastres, revers et guerres civiles des Français » – 1809

     

    La rive gauche du Tage, vis-à-vis Almaras, se trouvant à peu près libre par suite de l’attaque vigoureusement conduite de Messa-d’Ibor, l’armée séjourna, le 19, tant dans ses anciennes positions sur la rive droite, que dans celles qu’elle venait d’emporter, tandis que l’artillerie et le génie s’occupaient du soin de lancer les radeaux. Le pont volant ayant été achevé pendant la nuit, on commença, dans la soirée même, à transporter l’artillerie et les troupes qui étaient restées sur la rive droite.

    Le 20, l’armée s’avança vers la Guadiana, et se réunit à Truxillo. Il y eut devant cette ville, avant son occupation, un engagement entre les chasseurs à cheval du 5e régiment, qui formait l’avant-garde, et les carabiniers royaux, placés à l’arrière-garde ennemie : les Espagnols perdirent un chef d’escadron.

    Les deux armées passèrent la nuit du 20 au 21 en présence. Le général Cuesta paraissait d’abord vouloir accepter la bataille, mais il leva son camp dans la matinée, et continua son mouvement rétrograde. Il fut promptement suivi par l’avant-garde française, formée par la division de cavalerie légère du général Lasalle. Le 10e de chasseurs à cheval était à la tête ; quatre compagnies de voltigeurs passaient en avant de la cavalerie, lorsque celle-ci avait à traverser un terrain coupé de collines et de bois.

    A quatre heures du soir, l’escadron d’avant-garde du 10e de chasseurs atteignit l’arrière-garde ennemie, qui, se voyant serrée de près, se hâta de rejoindre le gros de l’armée. Le colonel du 10e de chasseurs, Subervic, emporté par son bouillant courage, poursuivit cette arrière-garde plus d’une lieue sur la grande route, en ne cessant point de la charger et de la sabrer. Mais il se trouva bientôt engagé entre des collines boisées, où les Espagnols avaient placé, comme en embuscade, plusieurs escadrons de leur meilleure cavalerie. Cette dernière troupe tomba à l’improviste sur les intrépides chasseurs, qui, en raison de leur élan, s’avançaient dispersés et sans ordre, à une certaine distance les uns des autres. Ces hommes isolés furent entourés par la cavalerie ennemie. Leurs chevaux, trop fatigués par la longue charge qu’ils venaient de faire, ne purent se réunir pour former des pelotons. En quelques minutes, plus de cent chasseurs furent mis hors de combat.

    Cependant le général Lasalle, ayant été promptement averti de ce qui se passait, accourut à bride abattue avec le 2e régiment de hussards. Il arriva trop tard ; la cavalerie ennemie, satisfaite de son succès, avait rejoint an galop le gros de l’armée. La nuit étant survenue, le général Lasalle fit bivouaquer sa troupe en arrière de la place où l’action avait eu lieu.

    Le 22, l’armée ennemie continua sa retraite, et traversa la Guadiana sur le pont de Medellin. Le maréchal Victor établit ses troupes aux environs de San-Pedro et de Miajadas, pour attendre son artillerie, qui arriva dans la journée du lendemain. L’armée française vint ensuite se concentrer en grande partie autour de Merida.

    Le général Cuesta, après le passage de la Guadiana, avait arrêté son mouvement rétrograde pour occuper une position avantageuse, qu’il avait fait reconnaître d’avance, dans une plaine qui se trouve sur la rive gauche, en avant de la ville de Medellin. Ce terrain, entièrement dépourvu d’arbres, s’étend, en remontant la Guadiana, entre le lit de ce fleuve, la petite rivière d’Orbiga, sur laquelle est situé le bourg de Don-Benito et le village de Mingabril. Les Espagnols occupèrent d’abord les hauteurs qui s’étendent entre le bourg et le village que nous venons de nommer. Mais le général Cuesta jugea à propos, d’étendre ensuite sa ligne de bataille en forme d’arc ; la gauche à Mingrabil, le centre en avant et vis-à-vis Don-Benito, et l’aile droite appuyée à la Guadiana. Telle était la position de l’armée ennemie lorsque le maréchal Victor résolut de l’attaquer.

    L’armée française se mit en mouvement dans la nuit du 27 au 28 mars, et remonta la Guadiana jusqu’à Medellin, que les Espagnols avaient évacué, et que le maréchal Victor fit occuper. Les troupes en débouchèrent à onze heures du matin pour se former en bataille à quelque distance en avant de cette ville, dans un ordre à peu près pareil à celui des Espagnols, c’est-à-dire, en présentant un arc très resserré, entre la Guadiana et un ravin planté d’arbres et de vignes , qui s’étend depuis Medellin jusqu’à Mingabril.

    Le maréchal plaça la division du général Lasalle à l’aile gauche ; il forma son centre de la division Leval ; la division de dragons du général Latour-Maubourg formait l’aile droite ; les divisions Vilatte et Ruffin étaient en réserve, en seconde ligne. De nombreux détachements de cavalerie et de la division allemande du général Leval avaient été laissés sur les derrières, pour garder les communications de l’armée : ce qui réduisait la force de la première ligne française à sept mille combattants tout au plus, tandis que l’ennemi présentait une ligne quatre fois plus forte.

    Le général Leval commença l’attaque au centre, et les bataillons allemands se portèrent, avec une grande résolution, sur les Espagnols. Pour appuyer ce mouvement, le général Latour-Maubourg fit charger une de ses brigades, composée des 2e et 4e de dragons ; mais cette charge, reçue à bout portant par l’infanterie espagnole, fut repoussée avec perte, et la division allemande resta, seule, au milieu de la mêlée. Le général Leval, l’ayant fait former aussitôt en carré, soutint, avec la plus grande. vigueur, tous les efforts de l’ennemi. Pendant ce temps, le maréchal Victor fit avancer à son secours une brigade de la division Vilatte, qui rétablit le combat.

    La cavalerie espagnole, voulant profiter de l’échec essuyé par la brigade de dragons, d’abord engagée, tenta, mais vainement, d’enfoncer l’aile droite française. Le général Latour-Maubourg, qui avait promptement reformé les 2e et 4e régiments en arrière de sa deuxième brigade, soutint le choc de l’ennemi avec une grande intrépidité, et paralysa tous ses efforts.

    Le général Cuesta porta ensuite une partie de cette même cavalerie, qu’il fit soutenir par de l’infanterie légère, contre l’aile gauche, formée, comme on l’a vu, de la cavalerie légère du général Lasalle. Celui-ci, craignant d’être enveloppé, fit un mouvement rétrograde, pour venir s’appuyer à la Guadiana, qui fait un coude et resserre la plaine en se rapprochant de Medellin.

    Cette manœuvre, loin d’enhardir l’ennemi, le rendit au contraire très circonspect, parce que l’habile et brave Lasalle, arrêtant de temps en temps ses escadrons, leur faisait présenter un front redoutable. Il se retira ainsi, pendant près de deux heures, lentement et en silence, sous le feu de l’artillerie ennemie.

    Cependant, le général qui commandait la cavalerie espagnole, voulant tenter un effort sur l’escadron qui formait l’arrière-garde de la division Lasalle, ainsi en retraite, fit avancer six escadrons d’élite en colonne serrée. Cette masse prit le trot pour charger l’escadron qui faisait partie du 2e régiment de hussards, au moment où celui-ci continuait son mouvement rétrograde. Le capitaine Dratziansky, commandant l’escadron français, fit faire, au pas, un demi-tour à droite à ses quatre pelotons, forts ensemble de cent vingt hussards. Ce mouvement, exécuté comme à la parade, étonna tellement les cavaliers ennemis, qu’ils ralentirent leur marche. Le brave Dratziansky profita de ce moment d’hésitation, et fit aussitôt sonner la charge.

    Les hussards s’avancent alors, au grand trot, sur un escadron de lanciers espagnols qui tenaient la tête de la colonne ennemie. Ceux-ci s’arrêtent épouvantés, tournent bride, lorsque leurs adversaires sont arrivés à demi-portée de pistolet, et culbutent les autres escadrons qui sont derrière eux. Les hussards, mêlés avec les fuyards, les sabrent sans résistance, et les poursuivent ainsi jusqu’en arrière de la ligne espagnole. Le général Lasalle, qui avait entièrement arrêté son mouvement rétrograde, achève de faire disparaître tout ce qui restait devant lui de la cavalerie ennemie.

    Dans le même temps, le général Latour-Maubourg, profitant de l’incertitude de l’infanterie espagnole, qui voyait fuir la cavalerie sans s’ébranler pour lui porter secours, renouvela, contre le centre de l’armée ennemie, une charge brillante et décisive, pendant que les troupes de la division Vilatte , que le maréchal Victor avait fait avancer au secours de la division Leval, se portaient, par un mouvement oblique, sur la droite des Espagnols dans la direction de Mingabril, et l’attaquaient avec un égal succès.

    En peu d’instants, toute l’armée ennemie fut dans une déroute complète ; les soldats jetaient leurs armes pour fuir avec plus de vitesse.

    Toute la cavalerie française se mit alors à la poursuite des Espagnols. Irrités par une résistance de cinq heures, et par les provocations menaçantes qu’ils n’avaient point cessé d’entendre pendant le mouvement rétrograde qu’ils avaient d’abord été obligés de faire, les hussards , les chasseurs et les dragons français ne firent point de quartier dans les premiers moments de cette poursuite acharnée. L’infanterie, qui suivait de loin la cavalerie, achevait les blessés à coups de baïonnette. La fureur des soldats s’exerçait particulièrement sur ceux d’entre les Espagnols qui ne portaient point d’uniforme.

    La cavalerie suivit ainsi l’ennemi jusqu’à la nuit. A chaque instant, on voyait revenir des pelotons, escortant de nombreuses colonnes de prisonniers qu’ils remettaient à l’infanterie, pour les conduire à Medellin. Ces malheureux Espagnols, si menaçants pendant la bataille, marchaient alors tête baissée et avec la précipitation de la crainte. Chaque fois qu’ils passaient devant un bataillon français, ils s’écriaient avec force : « Vivent Napoléon et ses soldats invincibles ».

    Un colonel espagnol de la suite du roi Joseph, en regardant ses compatriotes défiler ainsi devant le front des régiments français, leur ordonna de crier : « Vive notre roi Joseph ! ». Les prisonniers feignirent d’abord de n’avoir pas entendu ; et, après un moment de silence réfléchi, ils s’écrièrent tous, comme ils venaient de le faire une minute auparavant : « Vivent Napoléon et ses troupes ! ».

    Les Espagnols perdirent, dans cette journée, douze mille hommes, tués sur le champ de bataille, sept ou huit mille prisonniers, dix-neuf pièces de canon et un grand nombre de drapeaux. Les Français eurent quatre mille hommes hors de combat.

    Le maréchal Victor cita, avec de justes éloges, les généraux Lasalle, Latour-Maubourg, Bordesoul, Vilatte, Leval et Ruffin, le colonel Meunier du neuvième d’infanterie légère, et un grand nombre d’autres officiers de cavalerie et d’infanterie, qui tous avaient mérité une distinction particulière.

     

     

     

  • One Response à “Le 28 mars 1809 – La bataille de Medellin”

    • Sylvain Foulquier on 11 avril 2016

      L’armée espagnole a perdu à Medellin environ 8000 hommes tués ou blessés, 2000 prisonniers et plusieurs drapeaux.
      Les pertes de l’armée française s’élèvent à environ un millier d’hommes hors de combat.

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