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  •  La 72e division à Verdun (21-24 février 1916) (5ème partie) dans GUERRE 1914 - 1918 On-les-aura-150x150

    D’après un article du lieutenant-colonel Grasset, extrait
    de la « Revue militaire française publiée avec le concours de l’État-major de l’armée » – Janvier 1926

     

    4ème partie

    La nuit du 21 au 22 février

     

    Les derniers préparatifs du 21 dans le sous-secteur Est

    Cependant, peu à peu, des renforts ont filtré et sont arrivés à pied d’oeuvre dans la région d’Anglemont.

    Les compagnies Vauquelin (2e), du 165e, et Quaegebeur (10e) du 56e bataillon de chasseurs, parties de Mormont au secours du bataillon Delaplace, sont parvenues à la ferme, en dépit des tirs de barrage, la première à 18h30, la deuxième à 19h30.

    Des patrouilles, immédiatement lancées dans toutes les directions, se heurtent partout à l’ennemi qui est à la lisière du bois. Dans la nuit assez claire, on a vu des silhouettes se profiler sur la crête à l’est d’Haumont, à une centaine de mètres des ouvrages A et B ; à droite, d’autres se glissant dans les massifs du bois des Caures entre R3, R4 et R5.

    Autour d’Anglemont, un cercle se dessine donc qu’il faut briser au plus vite. Le capitaine Delaplace pousse en avant ses deux compagnies de renfort : deux sections de Vauquelin sur l’ouvrage A ; Quaegebeur sur R4 et R5.

    Nulle part l’ennemi n’était encore en forces. Il fut refoulé à la grenade. A gauche, il reflua dans le bois d’Haumont à droite, la ligne des R fut largement dégagée et 3 prisonniers restèrent entre les mains des chasseurs, parmi lesquels un officier.

    Le bataillon Bertrand (2e) du 165e arrivait, à 19h30, à la nuit tombée, sur le mamelon 338 (344), dans une grêle d’obus de gros calibre : une grêle, car les explosions se succédaient à raison de quatre ou cinq par minute. Le sol retourné changeait d’aspect sous les jets de flamme ; on se serait cru sur un volcan. On ne peut songer à reconnaître la position, même sommairement.

    Les 5e et 8e compagnies se sont jetées dans les tranchées bouleversées de la première ligne, face au nord ; les 6e et 7e demeurent groupées en arrière, à contre-pente. A 20 heures, quand il aura pu visiter à peu près son terrain, le commandant placera sa 7e compagnie dans l’ouvrage E, face à Anglemont. La nuit sera terrible pour ce malheureux bataillon exposé sans abri, dans un brouillard de neige, sur un terrain balayé par la mitraille et secoué par les explosifs.

    Durant d’interminables heures, nos soldats s’efforceront de relever les parapets détruits ; surtout de dégager des camarades ensevelis. De temps en temps, ce sont des groupes entiers qui disparaissent, déchirés par de gros obus ou enfouis au fond de cratères invraisemblables. Le sous-lieutenant Raineteau disparaîtra ainsi.

    Le bataillon Maugras (2e), du 165e, est arrivé à Mormont, lui aussi dans l’obscurité, à 19h30. Justement un coureur du lieutenant-colonel Driant venait demander du secours. Mal orienté, le commandant envoie la compagnie Héry (9e) dans l’ouvrage A, où il croit la mettre à la disposition des chasseurs. Heureusement, à 20h30, grâce à une accalmie du bombardement dans cette région, Héry pouvait se mettre en liaison avec R2 et à 22 heures, il recevait l’ordre du lieutenant-colonel Driant d’aller s’établir en réserve, à l’intersection des routes de Flabas et de Ville.

     

    Le général Chrétien, commandant le 30e corps, prescrit de ne pas lâcher un pouce de terrain.

    Le général Chrétien a connu à 16h45, par le général Bapst, l’attaque allemande sur le bois d’Haumont. Vainement, il a cherché à obtenir des précisions : les avions qui ont pris l’air n’ont rien pu voir dans la brume et dans la fumée qui couvraient le champ de bataille.

    A 18h50, nouveau message de la 72e division : la première ligne du bois des Caures est probablement perdue. D’après la 51e division, les Allemands progresseraient aussi dans l’Herbebois.

    La situation est sérieuse, mais derrière la 72e division, il y a encore une forte réserve d’énergies : le 35e, le 60e, le 365e. Le général Bapst a d’ailleurs encore deux bataillons du 165e non engagés en première ligne. Il peut tenir et pour ménager les trois régiments de renfort, le général Chrétien leur prescrit de rentrer pour la nuit dans leurs cantonnements, et de s’y tenir alertés.

    A 20h45, le bois d’Haumont semble perdu et le bois des Caures entamé, mais le général sait que des contre-attaques sont en préparation. Il prescrit donc de ne pas lâcher un pouce de terrain, d’engager dans les bois une lutte acharnée pour que la tache d’huile ne s’étende pas ; l’artillerie interdira à tout prix le ravin du bois des Caures.

    Les ordres sont dictés pour le lendemain.

    Il s’agit, par des contre-attaques, de rétablir l’intégralité du front. Les communications téléphoniques et optiques doivent être réparées et à 6 heures du matin, les réserves doivent être en place :
    - L’état-major de la 102e brigade à la mairie de Bras, avec le 310e au sud de la côte du Poivre
    - le 273
    e à la ferme de Haudiomont et un demi-bataillon du 208e à la ferme de Bezonvaux
    - Du 60e : l’état-major et deux bataillons derrière la côte de Froideterre ; un bataillon dans les casernes de Verdun
    - Le 35e, à la caserne Marceau, près de Verdun
    - Deux bataillons du 365e dans le ravin au nord du fort de Belleville.

    Cet ordre vient à peine d’être expédié, qu’à 22h35, le général, se ravisant met les deux bataillons du 365e à la disposition du général commandant la 72e division.

     

    La situation le 21 février à 23 heures.

    Au total, à 23 heures, la première ligne de défense est sérieusement entamée sur plusieurs points du front de la 72e division.

    Les premières lignes de Brabant et de Consenvoye sont intactes. La 77e brigade allemande a fait de ce côté quelques démonstrations avec des lance-flammes, mais n’a prononcé aucune attaque. Les tranchées du bois de Consenvoye sont cependant bouleversées et leurs occupants fort éprouvés par une terrible journée de bombardement.

    Les boqueteaux tenus par la compagnie Lefèvre (22e) du 44e territorial, ont surtout souffert, ainsi que les ouvrages des S et des R de Brabant et de Samogneux. Les organisations du village de Brabant n’ont pas reçu un obus.

    En dépit des barrages, le lieutenant-colonel Bernard a renforcé les premières lignes. La compagnie Garavel (22e) du bataillon Delos (6e) du 351e a été envoyée dans les R de Brabant et le commandant Delos est allé s’installer dans R2, pour être plus près des compagnies engagées de son bataillon. Les compagnies Panan (18e) et Pignin (19e) du bataillon Lehugeur (5e), du 351e, se sont établies sur la ligne des R de Brabant et le lieutenant-colonel Bernard a gardé auprès de lui, à Samogneux, la compagnie Moracchini (23e) du 351e et un peloton de la 23e compagnie du 44e territorial.

    Le bois Neutre et le bois d’Haumont sont perdus. La ligne de défense du 362e passe par S6 et par le village d’Haumont, où le lieutenant-colonel Bonviolle a trois compagnies intactes (17e et 19e du bataillon Huet (5e) et 23e du bataillon de Fourcroy (6e) ; les débris des deux compagnies (18e et 20e du bataillon Huet, décimées) et une compagnie de mitrailleuses. La 22e compagnie du bataillon de Fourcroy, en route pour le rejoindre, est encore égrenée dans le ravin de Samogneux.

    Haumont a subi, toute la journée, un bombardement violent ; ses organisations sont toutes endommagées et plusieurs sont ruinées. La moitié du village est en feu et les compagnies ont subi des pertes sérieuses ; elles n’ont pas pu être ravitaillées ; on compte sur la nuit pour cette opération.

    En face de cette ligne, les trois bataillons du 159e régiment allemand (14e division de réserve), ont dépassé la lisière sud des bois. Le 2e bataillon de ce régiment tient la crête 307, entre Haumont et l’ouvrage B.

    De la 13e division de réserve, le bataillon mixte Rudolf est terré devant la ligne S1 S2 que tiennent deux sections de la compagnie Mauduit (4e) du 165e. Il attend que le 159e ait débordé et pris à revers ce centre de résistance.

    La ligne B. A. R5, R4, R3, R2, R1 du bois des Caures est occupée par des éléments des 1e et 3e compagnies du bataillon Delaplace (1er) du 165e, par la compagnie Quaegebeur (10e) du 56e bataillon de chasseurs et par la 8e compagnie du 59e bataillon. Devant, deux sections de la compagnie Seguin (7e) du 59e bataillon sont cramponnées à S8 S’8 et les débris de la compagnie Robin (6e) à la ligne S6, 9 bis, qui se relie, à droite, à la compagnie Vigneron (10e) du même bataillon, non encore attaquée.

    De ce côté, le bataillon mixte allemand de pionniers lance-flammes et de grenadiers, précédant les vagues d’assaut des 81e et 87e régiments de la XXIe division (XVIIIe corps) n’a pas osé s’engager à fond, ses patrouilles d’officiers ayant reconnu que les défenses accessoires existaient encore ici en quelques endroits. Il s’est terré et les vagues d’assaut qui devaient le suivre n’ont pas quitté leurs tranchées de départ.

    Nous venons de voir arriver les bataillons Bertrand (2e) et Maugras (3e) du 165e sur la deuxième position, l’un à 338 (344), l’autre à Mormont, et la compagnie Héry (9e) de ce dernier bataillon aller appuyer les chasseurs, à l’embranchement des routes de Ville et de Vacherauville. Sentant la nécessité de renforcer Mormont, le colonel Vaulet y a appelé la compagnie de mitrailleuses Vogt (2e) du 165e, disponible à Vacherauville.

    A Samogneux, le lieutenant-colonel Bernard, qui ne peut pas faire état des 21e et 24e compagnies du bataillon de Fourcroy (6e) du 362e, destinées à appuyer la défense d’Haumont, n’a comme troupes disponibles que la 23e compagnie du bataillon Delos (6e) du 351e et un peloton de la 23e compagnie du 44e territorial. C’est peu pour parer à quelque imprévu redoutable, en attendant le renfort promis d’un bataillon du 324e et d’une compagnie de mitrailleuses.

    La nuit qui est venue, n’a d’ailleurs pas arrêté la lutte. Au contact immédiat sur tout le front, les deux adversaires s’observent, vigilants. L’artillerie allemande bombarde furieusement notre deuxième position ; la nôtre répond par de vigoureux tirs de barrage qui, si l’on en croit le général von Zwehl, commandant le VIIe corps de réserve, ont coûté cher à l’ennemi.

     

    La préparation d’une contre-attaque sur le bois d’Haumont pour 6 heures.

    Le général Bapst avait l’ordre de reprendre partout le terrain perdu, dans le bois d’Haumont comme dans le bois des Caures.

    Du bois des Caures, il ne savait encore rien à 23 heures. En attendant d’être renseigné de ce côté, il prescrivit la reprise du bois d’Haumont :

    « Une contre-attaque, écrit-il, sera dirigée sur la lisière sud du bois d’Haumont, demain matin, 22 février, à 6 heures. Le lieutenant-colonel Bonviolle sera chargé de cette contre-attaque. Le bataillon de Fourcroy et un bataillon du 324e seront mis à sa disposition ainsi que :
    1° – La compagnie de mitrailleuses de la 107e brigade, qui est avec le bataillon du 324e
    2° – La 1e compagnie de mitrailleuses de la 143e brigade (capitaine Gardet).

    Secteur d’attaque : toute la lisière sud du bois d’Haumont. Le lieutenant-colonel Bonviolle pourra disposer des ouvrages A et B pour placer ses troupes. L’artillerie exécutera pendant la nuit des tirs sur la lisière du bois, dans l’intérieur et particulièrement sur S3.

    L’intensité de ce tir augmentera entre 5 heures et 6 heures du matin. L’artillerie allongera son tir au moment de la contre-attaque à 6 heures, heure à laquelle le lieutenant-colonel Bonviolle lancera quelques fusées vertes.

    Le bataillon du 324e reçoit l’ordre de se rendre, avec la compagnie de mitrailleuses de la 107e brigade à Samogneux. Il se mettra à la disposition du commandant de Fourcroy qui, avec les deux compagnies de son bataillon qui lui restent et la 1e compagnie de mitrailleuses de brigade (capitaine Gardet), se rendra immédiatement à Haumont ».

    Général BAPST.

    Le capitaine Gardet est averti par les soins de la 143e brigade d’avoir à prendre les ordres du commandant de Fourcroy. Le commandant Mazin, dont le bataillon, (6e) du 324e, avait été appelé à Vacherauville, reçoit l’ordre de continuer sa route jusqu’à Samogneux où il se mettra à la disposition du commandant de Fourcroy.

    A 23 h 10, il ne restait plus qu’à informer le lieutenant-colonel Bonviolle de la mission dont il était chargé. Malheureusement le téléphone vient de cesser de fonctionner ; l’appareil optique ne fonctionne pas non plus ; c’est un coureur qui va porter à Haumont l’ordre de la contre-attaque.

     

    Au P. C. du colonel Vaulet.

    Le colonel Vaulet, lui aussi, a bien reçu l’ordre de reprendre partout le terrain perdu dans la journée, mais il est coupé du bois des Caures où il sait seulement que l’on se bat, et une communication du capitaine Delaplace, reçue à 21h40 ne peut que le rendre prudent.

    Le commandant du 1er bataillon du 165e rend compte que les tirailleurs allemands se maintiennent à quelques mètres des réseaux de fil de fer de l’ouvrage B ; que l’ennemi travaille tout le long de la lisière du bois d’Haumont ; que des fractions allemandes se sont infiltrées entre les ouvrages R4 et R5 où ils occupent solidement un abri et refusent de se rendre ; que l’ouvrage A, tourné par des forces importantes est sans doute enlevé à cette heure et qu’on est même dans l’impossibilité de chercher à reprendre les pièces de 75mm de la batterie b2.

    Et dans ces minutes critiques, un barrage infernal de l’artillerie ennemie ne cessait d’interdire au moindre renfort, l’accès de cette région menacée sur un si grand front.

    A 22h30, une mercuriale arrivait de Vacherauville, transmise téléphoniquement sans commentaires par le général Bapst : Le général Herr, disait cette communication, n’admet pas de rester sans renseignements sur ce qui s’est passé au bois des Caures. Envoyez des patrouilles ou des unités constituées, pour prendre le contact et rapporter des renseignements.

    Et le général Chrétien prescrivait formellement de reprendre S9.

    Le colonel Vaulet envoie donc un coureur au bois des Caures… encore un. A 23 heures, l’appareil optique fonctionnant pour quelques minutes, il peut confirmer son ordre et préciser quelques détails d’exécution. Le lieutenant-colonel Driant doit faire son possible pour reprendre, cette nuit ou demain matin, outre S9, tous les éléments de la première ligne occupés par l’ennemi. Il est averti que l’artillerie tirera sur ces éléments et invité à faire connaître par message optique l’heure de ses contre-attaques pour que nos batteries puissent allonger leur tir en temps utile.

    Il est informé de ce qui se passe à sa gauche, dan le secteur du 165eA minuit, voici le capitaine Vantroys qui porte un compte-rendu rédigé par le colonel Driant, de la situation dans le bois des Caures à 22h30. Ce sera le dernier.

    Il est écrit d’une belle écriture claire, où ne se lit ni dépression, ni fatigue physique, mais c’est tout de même un appel pressant :

    Je profite du renvoi du capitaine Vantroys, votre liaison avec moi, écrit le colonel, pour vous résumer la situation à 22h30.
    G G1 intact, première et deuxième ligne.
    G G2, a perdu 8, 9, 9’, 9’’, 10 et 12’ – 11 et 12 tiennent encore.
    S6 tient.
    S’7 est pris et sera contre-attaqué demain matin, 5 heures.
    S7 douteux.
    G G3, première ligne, toute enlevée, S8 et S’8 nous restent, S9 et S’9 pris. La mitrailleuse de S’9, prise à revers, a été sauvée par ses servants et placée à gauche de R2.
    La ligne des R est intacte, sauf R5 qu’on nous dit pris. Nous espérons bien qu’une sérieuse contre-attaque sur R5, et le couloir entre bois d’Haumont et bois des Caures, nous débarrassera de la menace qui déborde notre gauche.
    DRIANT

    Certes oui ! une contre-attaque, mais avec quoi ? La compagnie Héry (9e) du 165e est déjà partie et les trois compagnies restantes du bataillon Maugras sont indispensables pour constituer un repli, en cas d’événement. Le général Bapst, à qui le colonel téléphone immédiatement, ne dispose, à Bras, que du bataillon Goachet (5e) qu’il doit donner au colonel Parès gravement menacé sur Haumont. Il appelle à lui le 365e qui est à Belleville, mais pour le moment, il n’a rien sous la main, lui non plus.

    « Que voulez-vous que j’y fasse ? répond le colonel au capitaine Vantroys qui disait la situation terrible des chasseurs. Je n’ai rien à lui envoyer ».

    Or, jusqu’au petit jour, le télégraphe optique signala sans relâche le tragique appel « Le bois des Caures demande des secours ».

    Ne pouvant rien faire d’autre, le colonel Vaulet a profité des rares accalmies du bombardement pour renforcer la ligne intermédiaire des C. E. et la deuxième position ; il a fait chercher des outils et des cartouches à Vacherauville ; il a prescrit au capitaine Vogt, commandant la compagnie de mitrailleuses, d’envoyer dans l’ouvrage E5, à l’intersection des chemins de Ville et de Beaumont, pour garder la droite de la ligne des C. E. une section de mitrailleuses qui remplacera celle du 59e bataillon, poussée en avant dans le bois des Caures. Si les chasseurs succombent, au moins le désastre sera limité.

     

    Les contre-attaques dans le bois des Caures.

    Mais les chasseurs se battaient. Dans la nuit glacée, qu’un brouillard de neige commence à tamiser, l’artillerie allemande ne tire plus sur le bois que par ses canons de campagne. Ces coups espacés gênent le ravitaillement sans entraver les initiatives hardies.

    Dès 20 heures, ayant en main tout ce qui restait de sa compagnie, le lieutenant Robin a résolu de reprendre ses tranchées perdues.

    Voici ses dispositions :

    La section Auguste Robin restera à son saillant ; la section Plisson gardera S6 ; les sections Pagnon et Poquerusse se tiendront prêtes à étayer la ligne et Robin, secondé par le sous-lieutenant Pagnon, débouchant de S6 avec une vingtaine de volontaires pris dans la compagnie, attaquera S’7.

    L’affaire réussit. Surpris par ce vigoureux retour offensif d’une troupe qu’il croyait hors de combat, l’ennemi s’enfuit, allant jeter la panique dans les fractions qui organisaient la défense de S7.

    Les nôtres, courant aussi vite que le permet le terrain défoncé et jonché de débris, de troncs d’arbre, de fils de fer, de trous béants et de cadavres, arrivent en ce point en même temps que les fuyards, la baïonnette haute. Sans tirer un coup de fusil, les Allemands évacuent S7, dont ils n’ont pas détruit les abris, comptant les conserver, et où ils abandonnent une dizaine de chasseurs prisonniers, que les vainqueurs ont l’immense joie de délivrer.

    Les communications ainsi rétablies avec R2, Robin, tandis que son détachement un peu disloqué se regroupe, griffonne un compte rendu sommaire au commandant Renouard. Puis, on repart. Les tranchées 12 et 12’ ne sont pas mieux défendues que les S. Ici, les occupants, croyant leur œuvre accomplie, dormaient. La brusque apparition de leurs camarades vivement ramenés par les chasseurs, les réveille désagréablement et leur ôte leurs moyens.

    Un officier énergique tente pourtant un simulacre de résistance, mais rien ne tient devant une furieuse charge à la baïonnette. La plupart des Allemands s’enfuient sans armes ; quelques-uns se rendent. L’un d’eux, qui parle le français, déclare que le bombardement reprendra demain matin à 7 heures et qu’à midi se produira un nouvel assaut général.

    Le lieutenant transmet ce renseignement au commandant Renouard et demande des renforts. Il a surtout besoin de grenades, car son approvisionnement est épuisé. Mais en réoccupant leurs positions du matin, les sections de la compagnie Robin peuvent constater que les Allemands ont perdu du monde, eux aussi le sol est jonché de cadavres feld grau.

    Le capitaine Seguin, que l’immobilité, inexplicable pour lui, du peloton Dandauw, réduit à deux faibles sections, n’a pu que rester sur la défensive. Il a même dû, tandis que Robin nettoyait la lisière nord du bois, repousser quatre attaques, que les feux des sections Gosse et Bouvier ont empêché d’arriver jusqu’au corps à corps.

    A minuit, des cartouches et des fusées signaux lui sont parvenues, mais au même moment, un servant de la pièce de 58mm qui l’appuyait, venait lui rendre compte que cette pièce n’ayant plus de munitions, allait être ramenée en arrière. De toute évidence, si des renforts n’arrivent pas très vite, ce faible peloton sera submergé.

    Cependant, vers minuit 30, un ordre du commandant Renouard porte une lueur d’espoir. Le peloton Dandauw est à R2 ; il attaquera S9 à 5 heures du matin. Une section du 56e bataillon va rejoindre le capitaine Seguin à S’8, pour participer, de là, à l’attaque de S9.

    A minuit, le colonel Driant est à la grand’garde n° 2. Il félicite le lieutenant Robin, et en gros, lui dit la situation. A gauche, l’ennemi tient le bois d’Haumont, le bois Carré, S9 et la lisière du bois des Caures devant Seguin qu’il serre de près. A droite, il progresse dans le bois de Ville. Les chasseurs sont en flèche. Les Allemands ont des effectifs énormes.

     

    « Mais alors, demande Robin, qu’est-ce que je fais là avec mes 80 hommes ? ». Le colonel le regarde longuement, comme s’il voulait peser l’âme de ce très jeune officier.
    « Mon pauvre Robin, la consigne est de rester là ». Robin s’incline.
    « Peut-être nous retrouverons-nous » a ajouté le vieux chef. Une vigoureuse poignée de main, et il disparaît dans la nuit.

    Vers 2 heures du matin, le lieutenant Pluntz, de la 9e compagnie du 56e bataillon se présentait au lieutenant Robin, précédant son peloton. Une section est répartie entre les tranchées 12 et 12’ ; l’autre, avec l’officier, s’installe dans S’7. La section Pagnon reste à S7 et Robin garde auprès de lui à S6 la section du sergent Plisson et celle de l’adjudant Poquerusse, privée de son chef. Puis, ces dispositions prises, en dépit de l’extrême fatigue qui assoupit les plus robustes, et pour ne pas se laisser engourdir par le froid, chacun travaille de son mieux à la réparation des tranchées, en attendant le jour et le choc annoncé.

    La section du sergent Six, de la 9e compagnie du 56e bataillon, est venue, pendant ce temps, renforcer le peloton du capitaine Seguin. Comme cette section ne connaît pas le terrain, le capitaine la garde auprès de lui, bien qu’elle soit intacte, et confie la contre-attaque prévue sur S9 à la section Bouvier et à ses pionniers-grenadiers.

    L’artillerie était prévenue. A 5 heures, le groupe Chappat, du 18e d’artillerie, couvrait de mitraille le bois Carrée. Est-ce une erreur ? Le journal de marche du groupement Gillier signale que 600 coups furent tirés sur S’9, dont 200 dans les cinq dernières minutes, pendant que la contre-attaque du peloton Dandauw et de la section Bouvier se déclenchait concentriquement sur S9.

    Le terrain était bouleversé et jonché d’obstacles. Les Allemands étaient en forces et sur leurs gardes ; ils avaient des mitrailleuses. L’opération échoua, et la section Bouvier, pour avoir été conduite très vigoureusement, subit de fortes pertes.

    Driant ne s’obstina pas. Il décida de ne recommencer cette attaque que dans la soirée du 22 et en attendant, il demande à l’artillerie de prendre les mitrailleuses allemandes sous son feu.

    Seguin, pendant ce temps, s’employait de son mieux à améliorer les défenses de S8 S’8, ainsi que celle de la tranchée de retour ébauchée dans le boyau de communication pour protéger son flanc gauche. La section Six fut installée dans cette nouvelle tranchée ; toutes les cartouches et toutes les grenades furent distribuées. Puis, tandis que lentement le jour se levait, embu d’un brouillard glacé, gris et sale, le capitaine brûla ses notes personnelles, ses cartes et les documents qui se trouvaient dans son P.C. Il était prêt.

     

    La contre-attaque manquée sur le bois d’Haumont.

    Dès que le lieutenant-colonel Bonviolle a été averti, à Haumont, qu’il allait pouvoir disposer des deux dernières compagnies du bataillon de Fourcroy (6e), il a décidé d’employer ce renfort à une contre-attaque sur la corne sud-ouest du bois. Le bois est à moins de 500 m et bien que la section Dauvois et le peloton Groff aient échoué dans la même entreprise, on peut espérer qu’à la faveur de l’obscurité, une troupe vigoureusement conduite réussira mieux avant que l’ennemi n’ait le temps de s’installer.

    Cependant, encore à minuit, non seulement les 21e et 24e compagnies du bataillon de Fourcroy ne sont pas annoncées, mais même les 22e et 23e compagnies du groupe Clapon, de ce bataillon, dont la tête s’est présentée à Haumont à 20 h, ne sont pas là en entier.

    C’est homme par homme, avec une lenteur désespérante, qu’elles débouchent de l’unique boyau par où l’on vient de Samogneux. Ce fossé, bouleversé par les obus, est un affreux cloaque qu’obstruent des cadavres et des débris sans nom et le fait seul d’être engagés dans une pareille voie impressionne péniblement les hommes âgés et non aguerris du 362e.

    Les tirs de barrage de l’artillerie ennemie sont serrés. A chaque projectile qui éclate à proximité et fait souvent des victimes, les soldats, cheminant à la file indienne, se couchent instinctivement. Recrus de fatigue, alourdis par leur chargement, ils tardent à se relever, dans l’attente d’un nouvel éclair. Quelquefois, vaincus par la fatigue et à bout de nerfs, si l’arrêt a été un peu trop long, ils s’endorment. Alors rien ne passe plus dans l’étroit défilé, ni de l’avant ni de l’arrière : blessés, estafettes ou renforts.

    Donc à minuit, les trois quarts du bataillon de Fourcroy ne sont pas encore à Haumont. La section Dauvois y a reflué. Le peloton Groff s’est replié sur l’ouvrage B, d’où il surveille le bois par des patrouilles. Le village est de nouveau écrasé par les obus de gros calibre et l’incendie le dévore. L’air est infecté de chlore. Les maisons s’écroulent les unes après les autres ; à chaque instant quelque escouade est ensevelie. Les effectifs sont à peine suffisants pour déblayer les tranchées, dégager les blessés des décombres et surveiller l’ennemi dont les patrouilles se rapprochent.

    Il est déjà 1 heure du matin quand les derniers hommes de la 23e compagnie, du détachement Clapon, débouchent du boyau de Samogneux.

    Lentement, non sans pertes, les 22e et 23e compagnies du 362e sont disposées dans les tranchées et dans les abris de H1 et de H2. Des passages sont pratiqués dans les réseaux de fil de fer et à 3 heures, le lieutenant colonel Bonviolle entrevoit pour 5 heures, la possibilité d’une contre-attaque contre la corne sud-ouest du bois. Il faudrait, pour faciliter ce mouvement, que l’artillerie puisse battre S4 et S5. On entend toujours des coups de fusil du côté des postes 28 et 29, ce qui semble prouver que ces postes tiennent encore et que l’ennemi n’est pas tout à fait installé.

    A 4 heures, le capitaine Clapon rendait compte que tout était prêt et que la contre-attaque pourrait se déclencher à 5 heures, quand un planton remit au lieutenant-colonel Bonviolle l’ordre rédigé à 23 heures par le général Bapst, prescrivant une attaque pour 6 heures, contre toute la lisière sud du bois, avec les 4 compagnies du bataillon de Fourcroy, un bataillon du 324e et deux compagnies de mitrailleuses.

    Pour quelques minutes, le téléphone avait été remis à peu près en état. Le colonel s’y précipite. L’ordre de la division a mis cinq heures à lui parvenir de Vacherauville quand 6 km à peine séparent Vacherauville d’Haumont.

    Les deux premières compagnies du bataillon de Fourcroy, parties de Samogneux à 23 heures ne sont parvenues au complet à Haumont qu’à 1 heure du matin, ayant parcouru à peine 2 km, et les deux dernières compagnies de ce bataillon ne sont pas encore là. Le bataillon du 324e et les compagnies de mitrailleuses venant de Champneuville ne pourront donc en aucune manière être à pied d’oeuvre pour 6 heures. Le colonel parle de son projet d’attaque réduite pour 5 heures, projet exécutable et préparé. La communication est difficile ; on entend mal ; par moments on n’entend pas du tout.

    Pour en finir, l’ordre est donné de reporter la contre-attaque générale sur toute la lisière du bois de 6 heures à 8 h 30. Ce sera le plein jour, mais il faut contre-attaquer à tout prix ; la volonté du commandement est formelle. D’ailleurs, l’artillerie interviendra et préparera l’opération.

    A 4h45, les deux dernières compagnies du bataillon de Fourcroy arrivent enfin, la compagnie Derome (21e) en tête, poussant devant elle les retardataires du groupe Clapon. Sans arrêt, la compagnie Derome continue sa marche vers le bois. Déployée derrière la crête, face à S1, cette compagnie sera aussi en sûreté que dans Haumont bombardé et elle sera prête à bondir.

    Lentement, le jour se lève, et il est déjà plus de 7 heures quand le commandant Mazin, commandant le 6e bataillon du 324e vient se présenter au lieutenant-colonel Bonviolle. Il dit la difficulté qu’il y a, à cheminer dans les boyaux bouleversés, sous les tirs de barrage. En hâte, à l’abri de la crête, mais tout de même sous des rafales de fer, les sections du 324e sont acheminées vers les ouvrages A et B, au fur et à mesure de leur arrivée.

    Au total, il est beaucoup plus de 8 heures quand toutes les mesures peuvent être considérées comme prises à Haumont. A peu près tout le bataillon Mazin (6e) du 324e occupe les ouvrages A et B. Les unités plus ou moins réduites du bataillon Huet (5e), du 362e, tiennent les ouvrages H1, H2, H3 et l’abri en U. Le bataillon de Fourcroy (6e) du 362e est massé à la lisière nord du village, prêt pour la contre-attaque, ayant la compagnie Derome (21e) en avant, dans un fossé face à S6.

     

    La situation le 22 février, au matin.

    En somme, quand, dans le jour gris qui se levait, on commença à entendre, sans que la canonnade se fût interrompue, les premiers vrombissements des avions allemands, la situation restait trouble sur le front de la 72e division.

    Dans le bois des Caures, les chasseurs avaient reconquis les tranchées de première ligne perdues la veille, mais partout, ils étaient à portée de grenade de l’ennemi.

    Le lieutenant-colonel Driant tient la ligne des R avec le 56e bataillon, la compagnie Simon (8e) du 59e bataillon et le peloton de mitrailleuses Masson, du 59e, appelé à R2. Il a placé en réserve : à Joli-Cœur le peloton de mitrailleuses Grasset, du 56e bataillon ; à l’embranchement de la route de Ville, la compagnie Héry (9e) du 165e.

    Du bataillon Delaplace (1er) du 165e, seule la section Babillotte, de la compagnie Derome (3e) est demeurée cramponnée dans le boqueteau 307.8. Entièrement cernée, attaquée à la baïonnette, à la grenade, au lance-flammes, elle continue d’opposer à un ennemi vingt fois supérieur, une résistance héroïque.

    Le gros du bataillon Delaplace et la compagnie Quaegebeur (10e) du 56e bataillon de chasseurs, tient la ligne R4, R5, A et B, que l’ennemi presse déjà. Les débris de la compagnie Mauduit (4e) qui ont pu échapper à l’enveloppement de l’ennemi maitre de tout le bois d’Haumont, constituent avec une section de la compagnie Vauquelin (2e) la seule réserve du capitaine Delaplace.

    De la 1ère compagnie de mitrailleuses du 165e, 2 pièces, sur les 3 placées en première ligne à la lisière du bois d’Haumont ont été ensevelies. La pièce sauvée a été transportée dans l’ouvrage R5, où est aussi la 2e section de cette compagnie ; la 3e section est dans l’ouvrage A.

    Le bois d’Haumont est perdu et d’Haumont, avec les bataillons de Fourcroy (6e) du 362e et Mazin (6e) du 324e, le lieutenant colonel Bonviolle s’apprête à le contre-attaquer.

    Ni Consenvoye ni Brabant n’ont été attaqués et la situation dans cette région est demeurée la même que la veille au soir.

    La ligne intermédiaire C1 C2 est tenue par le peloton Boyer, de la 2e compagnie de mitrailleuses de la 143e brigade. Jusqu’à 2 heures du matin, une compagnie du 60e qui travaillait à C2 a servi de soutien aux mitrailleuses.

    Puis, cette compagnie déjà rappelée, c’est la compagnie Bauer (24e) du 44e territorial, que le lieutenant-colonel Bernard a envoyée de Samogneux et qui a été répartie avant le jour, un peloton dans C1 et un peloton dans C2.

    Une escouade a été détachée dans l’ouvrage E2 pour surveiller le ravin, à droite. Mission difficile, au-dessus des forces de territoriaux âgés. Le passage de nombreux blessés refluant d’Haumont ou des Caures, avec des nouvelles terrifiantes, soumettait à une épreuve insupportable les nerfs de ces pauvres gens isolés dans la nuit et ne sachant rien. Le lieutenant Boyer devra intervenir plusieurs fois avec vigueur pour maintenir à son poste, l’escouade placée à E2, laquelle, sans panique, se retirait.

    Le bataillon Maugras (3e) du 165e occupe par ses 10e et 12e compagnies la ligne intermédiaire C4, C5, E5, ainsi que les tranchées au nord et au nord-est de Mormont. La compagnie Héry (9e) est avec Driant ; la 11e reste disponible à Mormont, où est la compagnie hors rang avec le drapeau du régiment.

    Le bataillon Bertrand (2e) du 165e occupe les ouvrages de la cote 338 (344). A 7h20, le colonel Vaulet l’appelle à la ferme d’Anglemont pour participer à la contre-attaque projetée pour 8 h 30 contre le bois d’Haumont. Le commandant ignore tout de cette contre-attaque. Il voit seulement que l’artillerie ennemie exécute des barrages serrés au sud d’Anglemont et il juge impossible de traverser cette zone en plein jour. Il demande des éclaircissements et en attendant d’en recevoir, lui-même se porte en avant, de sa personne, pour tâcher, à la jumelle, de se faire une idée de la situation.

     

    La 107e brigade.

    Enfin, à partir de 7 heures du matin, les deux régiments de la 107e brigade, le 324e et le 365e, sont sur le champ de bataille. Le colonel Clédat de Lavigerie, qui commande cette brigade, a établi son P. C. à Vacherauville, auprès du général commandant la 72e division. Le 324e est même déjà disloqué, et son chef, le lieutenant-colonel Bureau est sans commandement.

    Nous avons vu le bataillon Mazin (6e) s’installer dans l’ouvrage B, en première ligne. Le bataillon Goachet (5e) est arrivé à Champneuville à 7h15. Sous les obus, 3 de ses compagnies s’y sont entassées dans les abris de bombardement et la 19e compagnie, ne pouvant s’abriter, a été poussée jusqu’à Samogneux où le chef de bataillon a jugé qu’elle serait plus en sûreté.

    Le 365e, qu’un ordre de 22h35, du général Chrétien, a mis à la disposition du général Bapst, a été alerté à Belleville, à minuit 5. A 2h35, il quittait son cantonnement pour le camp Flamme, où le lieutenant-colonel Bigot, renforcé de la compagnie de mitrailleuses de brigade, recevait l’ordre de s’engager dans le bois des Caures.

    Donc, à 6h30, ce régiment, longeant le pied du massif de la côte du Poivre, allait s’enfoncer dans le ravin de la Cage, quand un nouvel ordre lui parvint, d’occuper la 2e position de résistance, entre la route de Ville et les pentes orientales du massif 338 (344), en se reliant à Samogneux et en tenant les réduits de Mormont et de la cote 300.

    A la batterie C, le lieutenant-colonel Bigot prend les instructions du colonel Vaulet.

    Le P.C. du 365e sera à Mormont. Du bataillon Savary (6e), les 21e et 23e compagnies occuperont les abris à l’est de la ferme de Mormont, où le commandant s’installera. Les 22e et 24e compagnies seront en réserve dans le ravin boisé au sud de la ferme. Le bataillon Le Villain (5e) et la compagnie de mitrailleuses du régiment occuperont sur le mamelon 338 (344), les positions que le bataillon Bertrand (2e) du 165e, appelé à Anglemont, va laisser libres.

    Mais quand nos unités gravissent la hauteur, le jour est levé. Les avions de l’ennemi ont repéré les mouvements du bataillon Bertrand et des obus de gros calibre pleuvent sur le plateau. Aucune reconnaissance, aucune relève ne sont possibles dans ces conditions. Elles coûteraient plus cher qu’un assaut et rien n’indique que l’occupation de la 2e position soit urgente. Le commandant Le Villain installe donc son détachement à peu près à l’abri, à contre-pente dans le ravin de la Cage, laissant quelques observateurs sur la hauteur et se tenant prêt à prendre position si la situation l’exigeait.

     

    Modifications dans le commandement de l’artillerie.

    Le groupement Gillier a beaucoup souffert dans la journée du 21. Il va commencer la deuxième journée de bataille, affaibli des quatre pièces de la 25e batterie du 18e perdues dans les batteries bl et b2. En outre, la 24e batterie a subi des pertes graves en personnel.

    Le groupement Roumeguère, beaucoup moins éprouvé, a en outre été renforcé pendant la nuit, par la 1ère batterie du 2e groupe d’Afrique qui est venu prendre position au sud de 338 (344).

    Quant à l’artillerie lourde, son commandement a achevé de s’organiser dans la nuit. A minuit, un ordre du 30e corps mettait toute l’artillerie lourde longue du corps d’armée sous les ordres d’un chef unique : le colonel Marin. Malheureusement, cette disposition, bien nécessaire pour assurer l’unité de commandement de l’artillerie lourde sur tout le front vigoureusement attaqué du corps d’armée, allait présenter de graves inconvénients sur le front de la 72e division.

    Jusque-là, par le commandant Gros, commandant l’artillerie lourde, longue et courte, de la division, dont le P.C. était à Vacherauville, le général Bapst pouvait faire actionner au gré des circonstances les trois groupes Neltner, Augustin et Lauterbecq, constituant le groupement du commandant Blanck.

    Les nouvelles dispositions coupaient le groupement Blanck de la 72e division et en outre, l’organisation inachevée des communications avec le colonel Marin, allait rendre aléatoire l’arrivée des ordres et occasionner des retards, au moment où la situation eût exigé des solutions immédiates. Désormais, le général Bapst ne va plus disposer comme artillerie lourde, pour conduire sa bataille, que du groupe Dewals, de 120mm court, destiné aux destructions.

    Jusqu’ici d’ailleurs, en dépit de l’ouragan de gros obus qui ne cesse de s’abattre sur toute la région qu’elle occupe, l’artillerie lourde n’a pas éprouvé de pertes sérieuses. Elle a seulement été fort gênée pour son ravitaillement car des barrages serrés ne cessent d’interdire routes et carrefours et la voie Decauville a été gravement endommagée.

     

    Suite…

     

     

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