Poème écrit il y a presque un siècle, malheureusement rien n’a changé…
L’homme des premiers jours, au fond de sa forêt,
N’avait que ses deux bras pour engager bataille.
Plus tard, bardé de fer, et d’estoc et de taille,
Au choc de l’ennemi le preux se mesurait.
Puis, le cerveau grandit. La science apparaît.
Et toujours de plus loin va jaillir la mitraille,
Foudre dont ne protège espace ni muraille,
Frappant du même coup dont un dieu frapperait.
Ô science, aussi bien mortelle que féconde,
Qui donne à la guerre, épouvante du monde,
Le moyen de tuer les hommes sans compter,
Voudras-tu, dépassant les horreurs de naguère,
Plus formidable encore, aux hommes apporter
Le secret effrayant qui peut tuer la guerre ?
Georges Trouillot 1916
D’après la monographie « Gavroche et Flambeau : poèmes de guerre ».