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  • 20 novembre 2011 - Par Au fil des mots et de l'histoire

    Le 20 novembre 1870 - Le combat de Nuits-Saint-Georges dans EPHEMERIDE MILITAIRE monumentmesnynuitssaintgeorges2-150x150portraitleonmesny-150x150 dans GUERRE 1870 - 1871monumentmesnynuitssaintgeorges-150x150

    Le combat de Nuits-Saint-Georges
    et la mort du franc-tireur Léon Mesny de Boisseaux

    D’après la « Revue de Bourgogne » – 1912

     

     

    Depuis l’entrée des Prussiens à Dijon au lendemain de la bataille du 30 octobre, ceux-ci envoyèrent de tous côtés des éclaireurs aux renseignements ou en réquisition.

    Dès le 2 novembre, des Uhlans apparaissaient à Nuits, et y faisaient, durant une quinzaine, de quotidiennes incursions. L’occupation de la colonie de Citeaux, en date du 16 novembre, par une colonne de 500 hommes et de 60 chevaux, prouvait assez le désir des Allemands de reculer vers le sud leur ligne d’opération.

    Mais ils durent compter dans ce mouvement offensif, avec le corps franc des Vosges qui, sous la direction de l’habile commandant Bourras, avait déjà pratiqué contre eux, dans les départements des Vosges et de la Haute-Saône, la guerre d’embuscades.

    Après s’être rabattu sur Besançon, Bourras avait pris la direction de Dole et tenu le pays au nord du département du Jura, aux alentours de Pesmes. Puis, chargé d’éclairer les troupes qui assumaient alors la défense de la vallée de la Saône, il avait franchi cette rivière et logé à Seurre le 17 novembre.

    Suivant des ordres précis, il se porta immédiatement sur la forêt de Citeaux, et fit occuper par ses diverses compagnies les villages échelonnés entre la Saône et les collines d’Argilly.

    Le lendemain 18 novembre, le contact était repris avec l’ennemi. La 2ème compagnie du corps franc arrête à Losne un convoi prussien, s’empare de quatre voitures de vivres et tue plusieurs cavaliers du 3e Dragons. Entre Bâlon et Argilly, les 4ème et 10ème compagnies, appuyées par des mobiles du Rhône, reprennent aux Allemands un convoi de bestiaux et leur mettent 42 hommes hors de combat. Nos pertes sont de 30 blessés et de 2 tués.

    Un peu plus loin et par représailles sans doute, les Allemands incendient la ferme de la Forgeotte, dans la commune de Saint-Nicolas-les-Citeaux.

    Le samedi 19, une nouvelle escarmouche se produit à Broin entre les éclaireurs du 2e Grenadiers – Roi de Prusse et les volontaires de Bourras.

    Dans ces derniers engagements, les francs-tireurs ont, selon toute vraisemblance, affaire à des détachements de la colonne occupant Citeaux. Mais Bourras poussent ses compagnies jusqu’à Nuits pour surveiller de là, la route nationale.

     

    Au matin du dimanche 20 novembre, on signale au commandant du corps franc, l’approche de 1 200 à 1 300 Allemands venant de Dijon.

    Bourras fait alors occuper Nuits et ses abords par trois compagnies : la 4ème (Meurthe), capitaine Dautel ; la 6ème (Jura), capittaine Clerc ; la 10ème (Epinal), capitaine Gérard ; en tout, 300 hommes, y compris plusieurs volontaires beaunois.

    Dès neuf heures, les francs-tireurs sont installés dans les jardins, derrière les murs de clôture ou dans les vignes. Ils se disséminent en particulier sur la rive droite de la rivière, à mi-côte de la montagne, de façon à dominer le quartier de Saint-Symphorien et le vallon de la Serrée.

    Vers dix heures, une de leurs sentinelles signale l’arrivée en ville d’une reconnaissance de cinq cavaliers ennemis. Celle-ci, qui rebrousse chemin, est accueillie par un violent feu de salve au croisement de la route de Dijon et de la rue du cimetière : un cheval est tué et entraine dans sa chute, deux cents mètres plus loin, son cavalier blessé. Les francs-tireurs ramassent le blessé et le transportent à l’hospice où il reçoit des soins empressés.

    Prévenus par les cavaliers en retraite, les Allemands accélèrent leur marche. Bientôt apparaissent trois compagnies du 1er régiment de grenadiers badois. Alors l’action s’engage sur toute la ligne. Nos volontaires, qui ont l’avantage de la position et sont bien abrités, couvrent les fantassins allemands d’un feu plongeant assez efficace. Les Badois doivent se replier sur Vougeot après avoir perdu sept hommes, dont le lieutenant Gronehl, atteint à la tête.

    Cependant l’ennemi, renforcé d’un bataillon et de deux canons, ne tarde pas à réapparaitre. Sa section d’artillerie s’installe sur les hauteurs de Vosne-Romanée, et se met en devoir de mitrailler la côte de Chaux, tandis que l’infanterie s’avance à nouveau sur la route. Mais les francs-tireurs, derrière leurs abris, sont à peu près invulnérables. Et leurs tirs, au contraire, continuent à faire des victimes dans les rangs de la colonne badoise.

    Arrivés à Nuits, et forts de leur nombre, les Allemands réussissent néanmoins cette fois, à former des colonnes d’assaut. Une plus longue résistance est inutile. Bourras s’en rend compte et ordonne la retraite immédiate sur le plateau : elle s’effectue dans la triple direction de Chaux, Villers-la-Faye et Premeaux.

    Tandis que se retirent les francs-tireurs, les Badois se précipent sur leurs traces et parcourent en tous sens ce coteau d’où la fusillade n’a, cinq heures durant, cessé de crépiter. Par représailles, ils n’hésitent pas à incendier les maisonnettes situées entre la route de Chaux et la Serrée.

    Mais quel dommage pour eux de ne pouvoir assouvir leur rage sur un seul de ces francs-tireurs qui leur ont déjà causé tant de mal, et les tiennent en perpétuelle haleine. Si pourtant : ils vont, au mépris de toutes les lois de la guerre et par un fatal concours de circonstances, rencontrer l’occasion de savourer leur vengeance.

    Un jeune soldat de la 6ème compagnie, Léon Mesny de Boisseaux, âgé seulement de 18 ans, s’était, au témoignage de son sous-officier, attardé à faire le coup de feu. En fin de compte, il se trouva incapable de suivre ses camarades dans leur mouvement de retraite. Ayant une blessure au pied, suivant les uns, immobilisé par la rupture d’un bandage herniaire, suivant les autres, force lui fut de s’arrêter et de tenter de se soustraire aux recherches des Badois en se dissimulant sous une pile d’échalas. D’après une version courante, l’endroit où il était caché aurait été indiqué aux Allemands par une vieille femme terrorisée.

    Toutefois, s’il existe des variantes sur les conditions dans lesquelles Mesny dut s’arrêter et fut découvert, tous s’accordent à reconnaître qu’il fut pris vivant et soumis à un véritable martyre.

    « Bientôt, dit Charles Rémond, l’historien des Batailles de Nuits, les pillards et incendiaires allemands qui couraient la montagne, découvrirent la retraite du moribond. Ils fondent sur lui, crosses levées, sabres en l’air, hurlant, affolés, grisés de meurtre. Alors le petit Français, voyant tout espoir perdu, rassembla ses forces et bondit dans un suprême effort.
    A ce moment, quoique criblé de blessures, il respirait encore. Il est poussé du pied, relevé de force, au milieu d’horribles clameurs, et entrainé pour un nouveau supplice.
    Le malheureux fut conduit jusqu’à une demi-lieue de là, sur la route de Dijon, derrière le jardin anglais, tandis que toute part, la montagne était enveloppée de fumées et de flammes. Il marchait sous les coups de crosse et les coups de sabre, sous les injures et les crachats, râlant, brisé, la figure déchirée, sanglant… A la fin, il tomba. Alors, longuement, lentement, avec des hourras de cannibales, les soudards lardèrent à coup de baïonnette cette chair palpitante jusqu’à ce que, froide et rigide, elle ne fût plus qu’un cadavre ».

    A en croire Clément-Janin, le corps de cet enfant, qui affronta la mort avec tant de courage, portait trente-huit blessures. La tête en était même presque séparée du tronc.

    Ainsi se termina le premier combat de Nuits, qui à vrai dire, fut en lui-même une action secondaire, nullement comparable aux batailles du 30 novembre et du 18 décembre. Néanmoins, les pertes de l’ennemi étaient beaucoup plus sensibles que les nôtres : elles atteignaient un nombre élevé de tués et blessés, tandis que nous avions un mort – Mesny – et six blessés.

    Quatre civils, il est vrai, furent tués ou blessés accidentellement dans la journée. De plus la ville fut frappée d’une forte contribution et des otages furent emmenés pour assurer le paiement.

    Quoi qu’il en soit, les Allemands se retirent sur Vougeot, où les volontaires de Bourras, en aucune façon démoralisés, devaient continuer à les harceler le surlendemain.

    Les compagnons d’armes de Mesny lui rendirent à Chaux, dans la matinée du 22, avant la marche sur Vougeot, les suprêmes honneurs. Puis les restes de l’humble héros, transportés à l’hospice de Beaune aux fins d’embaumement y furent rejoints par une mère éplorée mais digne, et après maintes péripéties ramenés dans le Jura.

    Un an exactement après le drame, un mémorial fut élevé à l’endroit qui en vit la scène finale.

     

     

    Léon Mesny de Boisseaux, né le 16 janvier 1852 à Besançon, était le fils d’un ancien greffier de la justice de paix d’Arbois, mort en 1867.

    Il passa sa prime et turbulente jeunesse dans un petit village du Jura appelé Champagne, à la limite nord-est du département du Doubs. Entré à huit ans au collège d’Arbois, il alla plus tard, à quinze ou seize ans, complèter ses études à Dole au collège de l’Arc.

    Après les défaites initiales consécutives à la déclaration de guerre, il songea à prendre du service. En dépit de son âge, de sa fortune et de son caractère de fils unique, il finit par triompher des résistances maternelles et par s’engager dans la compagnie des francs-tireurs, formée par le capitaine Clerc.

    Il participa d’abord aux opérations de Bourras dans les Vosges, puis après avoir pris quelque repos à Champagne, il rejoignit son corps à Besançon. C’est de là, qu’avec la colonne de volontaires, il gagna la Saône, puis Nuits, où il devait trouver une fin si tragique.

     

     

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