Retraite de Russie
Le général Broussier et sa division se sacrifient pour sauver le corps d’armée du prince Eugène de Beauharnais
Le prince Eugène se buta, le 16 novembre, devant les colonnes profondes du général russe Milodarowitch. Elles flanquaient la route et la barraient. Le prince n’hésita pas et engagea le combat.
L’héroïque division Broussier s’avança vers la gauche sous une mitraille meurtrière, baïonnette en avant. Chargée par des nuées de cavaliers, elle se forma en carré et ne se laissa pas entamer. Mais, après une heure, elle dut plier sous le nombre. Deux mille cadavres jonchaient la neige et la boue glacée du chemin : deux mille tués sur trois mille combattants !
Le prince Eugène voulut user jusqu’au bout, – on est tenté d’écrire voulut abuser – de cette phalange de héros. Par une ruse de guerre destinée à sauver le reste de son corps d’armée, il fit simuler à la division Broussier une nouvelle attaque vers les quatre heures du soir, et, trompant les Russes, défila en grand silence, avec toutes ses troupes, dans la direction du Dnieper. Après deux heures de marche, il rejoignait Napoléon à Krasnoé.
La division Broussier, ainsi abandonnée, avait accepté la mort ou la captivité.
Elle résista toute la matinée du lendemain 17, après une affreuse nuit dans les glaces, et son courage fut récompensé. Le brave Davout, marchant au canon, arriva à temps pour sauver ses débris. Il ne restait de trois mille hommes partis de Smolensk, que quatre cents survivants.
Biographie de Jean Baptiste Broussier