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  • 26 octobre 2011 - Par Au fil des mots et de l'histoire

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    Les photos qui agrémentent cet article sont publiées avec l’aimable autorisation de monsieur Nicolas Le Goffic

     

    D’après un article paru dans l’encyclopédie « La France contemporaine » – Tome Année 1940 

    Mers-el-Kébir, 3 juillet 1940.

    Le jour se lève sur la rade. Une légère brume rend les contours incertains. La journée sera chaude…A bord de tous les bâtiments de la flotte de l’Atlantique, c’est le branle-bas suivi de l’animation habituelle. Cinq puissants navires de guerre se trouvent embossés perpendiculairement à la grande jetée longue de 1500 mètres, l’étrave tournée vers la terre.
    On distingue la lourde silhouette de transport d’aviation Commandant-Teste, les mâts tripodes des deux vieux cuirassés Bretagne et Provence et les tours des deux plus beaux fleurons de la marine française, les croiseurs de bataille de 26 500 tonnes Strasbourg et Dunkerque, armés de huit pièces de 330 mm disposées en deux puissantes tourelles quadruples sur la plage avant.

    Indépendamment d’une poussière navale, six grands contre-torpilleurs se trouvent également à Mers-el-Kébir, le Kersaint, le Tigre, le Terrible, le Lynx et surtout la Volta et le Mogador, deux « pur-sang », capables de filer plus de 40 nœuds et qui, par leur tonnage et leur puissance de feu, mériteraient l’appellation de croiseurs légers.

    Enfin, à Oran, se trouvent également au mouillage une quinzaine de torpilleurs et d’avisos et six sous-marins.

    3 juillet 1940, à Mers-el-Kébir, une journée comme les autres ? Non.

    Depuis quarante-huit heures, l’escadre vit à l’heure de l’armistice. Désarmement et démobilisation battent leur plein. La veille, on a mis en soute les munitions des batteries côtières et retiré les culasses des canons. Les appareils de l’aéronavale ont été en partie neutralisés. A bord des navires, une tristesse sans nom ronge le cœur des officiers.
    Le 24 juin, l’amiral Jarry n’a pu retenir ses larmes devant sir Dudley North.
    Les équipages fomentent. Tout au long de la guerre, ils ont affiché le moral le plus élevé. Mais désormais, les inquiétudes familiales, la démobilisation font l’objet de toutes les conversations. Déjà les hommes originaires d’Afrique du Nord ont été rendus à leurs foyers. Pour les réservistes de la métropole, le programme de la journée comprend excursions à terre, pique-niques, joutes à la voile… Quelques heures de détente, d’oubli en perspective…

    Pourtant le premier acte d’un drame est en train de se jouer.
    A 6 heures, un bâtiment s’est présenté au large : un destroyer britannique, le Foxhound. Un quart d’heure plus tard, il adresse un message au sémaphore : L’Amirauté britannique envoie le commandant Holland conférer avec vous. Stop. Permission d’entrer s.v.p.

    Holland n’est pas un inconnu pour les Français. D’abord attaché naval à Paris, il a été officier de liaison auprès de l’Amirauté française jusqu’au 8 avril. Aujourd’hui, il commande le porte-avions Ark-Royal.

    La réponse tarde à venir. L’amiral Gensoul a reçu l’ordre de faire preuve de réserve à l’égard des bâtiments anglais. Il décide d’envoyer à bord du Foxhound son aide de camp, le lieutenant de vaisseau Dufay, qui offre l’avantage de parler couramment l’anglais et d’être un ami intime de Holland.

    A 7h15, la vedette du Dunkerque accoste à la coupée du destroyer britannique. Le commandant Holland se présente immédiatement, une serviette à la main. Il remercie Dufay d’être venu le chercher aussi vite. Celui-ci détrompe aussitôt l’officier britannique. L’amiral Gensoul ne le recevra pas personnellement. En cas de communication importante, il dépêchera son chef d’état-major.

    Holland ne cache pas sa déception. Il tient à remettre au commandant en chef de l’escadre, un document de la plus haute importance et lui donner des précisions verbales.

    A 7h45, Dufay rejoint le Dunkerque. Il retrouve son chef un papier à la main. A 7h05, le Foxhound a fait parvenir un message pour le moins inquiétant : L’Amirauté vous envoie le capitaine de vaisseau Holland pour conférer avec vous. Ses propositions, espère-t-elle, vous permettront ainsi qu’à la vaillante et glorieuse marine française de demeurer à nos côtés. Dans ce cas, vos navires resteraient bien à vous et vous n’auriez aucun souci à vous faire pour l’avenir. Une escadre britannique attend au large pour vous souhaiter la bienvenue.

    Et de fait, les veilleurs du Dunkerque signalent à l’instant l’arrivée d’une puissante formation britannique. Il s’agit de la « force H » sous les ordres de l’amiral Somerville qui a appareillé de Gibraltar, la veille à 15 heures. On reconnaît la puissante silhouette du croiseur de bataille Hood, le plus grand navire de ligne à flot, les cuirassés Resolution et Valiant, le porte-avions Ark-Royal, deux croiseurs et une dizaine de destroyers.

    Déjà les Swordfish survolent la rade… et le Hood fait parvenir un message par projecteur : Nous espérons que nos propositions seront acceptables et que nous vous trouverons à nos côtés.

    Ainsi l’affaire se précise. Gensoul se trouve en présence d’une offre : rallier la flotte britannique, assortie d’une menace à peine voilée. Aussitôt l’amiral enjoint au Foxhound de s’éloigner et il fait prendre des dispositions de combat à tous les bâtiments sous ses ordres.

    A bord des navires, l’émotion est à son comble. Les équipages s’imaginent que l’escadre française va rallier la flotte britannique. Des réservistes font leur sac, montent sur les ponts et annoncent leur refus d’appareiller. Les officiers entreprennent de les calmer… Il n’est nullement question de rejoindre les navires anglais…

    Quant à Holland, il est atterré… Il ne peut se résoudre à rejoindre la Force H sans avoir rempli sa mission dont il ressent tout l’odieux. Décidé à aboutir à un compromis, il autorise le commandant du Foxhound à appareiller et, avec deux officiers, il se jette dans la vedette du destroyer pour gagner le Dunkerque à tout prix.

    A bord de l’embarcation de l’amiral, Dufay l’intercepte entre le barrage de filet et la jetée. Il répète une nouvelle fois à l’officier britannique que l’amiral Gensoul se refuse à le recevoir. Holland se résout alors à remettre à l’aide de camp le pli cacheté dont il est porteur, regrettant profondément de ne pouvoir adoucir par ses paroles, la brutalité des propositions énoncées par l’Amirauté et le cabinet de guerre.

    A 8h30, l’amiral Gensoul déchire l’enveloppe et prend connaissance du document :
    A M. l’amiral Gensoul, de la part de l’amiral Somerville

    1 . Le gouvernement de Sa Majesté m’a ordonné de vous faire connaître ce qui suit…

    2 . Il n’a donné son accord à l’engagement de pourparlers entre les gouvernements français et allemands qu’à la condition que, si un armistice était conclu, la flotte française serait envoyée dans des ports britanniques. Le 18 juin, le conseil des ministres a déclaré qu’avant la capitulation sur terre, cette flotte devrait se joindre aux Britanniques ou se coulerait.

    3 . Le gouvernement français actuel peut considérer que les termes de l’armistice avec l’Allemagne et l’Italie sont conciliables avec ces engagements, mais le gouvernement de Sa Majesté, fort de ses expériences antérieures, estime impossible de croire que l’Allemagne et l’Italie ne s’empareront pas des navires français, à tout moment qui leur paraîtra opportun, pour les utiliser contre la Grande-Bretagne et ses alliés. L’armistice italien spécifie que les bâtiments français retourneront dans les ports métropolitains ; d’autre part, les conditions obligent la France à fournir des unités pour la défense des côtes et des dragages de mines.

    4 . Il nous est impossible, à nous, vos camarades jusqu’à ce jour, de laisser vos beaux navires tomber au pouvoir de l’ennemi allemand ou italien. Nous sommes décidés à combattre jusqu’au bout et, si nous sommes vainqueurs, comme nous le pensons, nous n’oublierons jamais que la France a été notre alliée, que ses intérêts sont semblables aux nôtres, que l’Allemagne constitue notre ennemi commun. Si nous gagnons la guerre, nous le déclarons solennellement, nous rétablirons la France dans sa grandeur et restaurerons tout son territoire. Pour cela, nous devons avoir la certitude que les meilleurs navires de la marine française ne seront pas employés contre nous par l’ennemi commun.

    5 . Etant donné ces circonstances, le gouvernement de Sa Majesté m’a prescrit de demander à la flotte actuellement à Mers-el-Kébir et à Oran d’adopter une des attitudes suivantes :

    • a ) Appareiller avec nous afin de combattre jusqu’à la victoire contre les Allemands et les Italiens.
    • b ) Appareiller avec des équipages réduits, sous notre contrôle, pour gagner un port britannique. Les équipages réduits seront rapatriés dès que possible. Si vous acceptez l’une ou l’autre de ces solutions, nous restituerons vos navires à la France à la fin de la guerre ou bien nous l’indemniserons pour les dommages subis dans l’intervalle.
    • c ) Si vous vous croyez obligés de stipuler que vos navires ne peuvent être employés contre les Allemands ou les Italiens parce que cela constituerait une rupture de l’armistice, alors conduisez-les avec des équipages réduits, en notre compagnie, dans quelque port français des Antilles – à la Martinique par exemple – où ils pourront être démilitarisés à notre satisfaction, ou peut-être confiés aux Etats-Unis d’Amérique, et rester en sécurité jusqu’à la fin de la guerre, les équipages étant rapatriés.

    6 . Si vous refusiez ces offres équitables, je me verrais obligé, à mon grand regret, de vous demander de couler vos navires dans un délai de six heures. Enfin, faute de ce qui précède, j’ai ordre du gouvernement de Sa Majesté de mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour empêcher vos navires de tomber entre les mains allemandes ou italiennes.

     

    Pour l’amiral Gensoul, l’effet provoqué par la lecture de la note britannique est bien celui que redoutaient Holland et Somerville : désastreux. L’amiral français comprend immédiatement que le deuxième paragraphe ne correspond pas à la réalité.

    D’ailleurs, Churchill se gardera bien de le reproduire dans ses Mémoires. Surtout, ce document ne fait que confirmer l’impression éprouvée depuis le début de la matinée.

    L’amiral se trouve en face d’une véritable mise en demeure. C’est la réédition du coup de Copenhague en 1807. Les Britanniques n’ont donc pas accordé foi aux assurances qu’il avait lui-même prodiguées à sir Dudley North quelques jours plus tôt.

    En tout cas, il n’est pas question d’accepter la première proposition qui reviendrait à violer l’armistice. Il n’est pas davantage question de saborder de magnifiques navires de combat qui, pour le moment se trouvent complètement hors de la mainmise de l’Axe. Quant à appareiller pour les Antilles, l’esprit même de la note britannique s’y oppose.

    Six ans plus tard, l’amiral devait dire : « Il est certain que dès le début, j’ai eu l’impression très nette que je ne pouvais pas obéir à cet ultimatum… Si les Anglais avaient présenté la chose sous une forme tout à fait différente – nous étions absolument pro-anglais – qu’aurions-nous fait ? Je ne peux pas le dire, mais il est certain que ce qui nous a complètement mis hors de nous, a été cette menace… réelle d’ailleurs puisque les canons étaient braqués sur nous ! ».

    Le télégramme envoyé aussitôt par Gensoul à l’Amirauté française repliée provisoirement à Nérac, est le reflet de son indignation. La solution 3 est passée sous silence : Force anglaise comprenant trois cuirassés, un porte-avions, croiseurs et torpilleurs devant Oran. Ultimatum envoyé : Coulez vos bateaux, délai six heures ou nous vous y contraindrons par force. Réponse : Bâtiments français répondront par la force.

    Il donne en même temps l’ordre d’allumer et de pousser les feux. Il convoque ses chefs d’escadre, le commandant de la marine à Oran et le commandant du centre des sous-marins. Les batteries de côte sont mises en état d’alerte.

    A 9 heures, l’amiral s’adresse à tous les bâtiments : « Force anglaise étant venue nous poser un ultimatum inacceptable, soyez prêts à répondre à la force par la force ».

    De sa vedette qui stationne toujours à proximité des filets, le commandant Holland suit avec anxiété les préparatifs des navires français. Les hommes replient les tentes à la hâte, des fumées commencent à jaillir des cheminées.

    A 9 heures, il se trouve en présence de la réponse de Gensoul remise par Dufay :

    1 . Les assurances données par l’amiral Gensoul à l’amiral sir Dudley North demeurent entières. En aucun cas, les bâtiments français ne tomberont intacts aux mains des Allemands et des italiens.

    2 . Etant donné le fond et la forme du véritable ultimatum qui a été remis à l’amiral Gensoul, les bâtiments français se défendront par la force.

    Ce texte ne fait que confirmer les appréhensions de Holland. Le commandant de l’Ark-Royal obtient alors d’entamer une discussion dans la cabine de la vedette du Dunkerque. Il admet, il reconnaît le caractère maladroit de la note britannique dans la forme et dans le fond.

    Mais il ne faut pas la considérer comme un ultimatum, plutôt comme « l’expression d’un espoir ». Les autorités anglaises, affirme-t-il, sont sincèrement convaincues que l’amiral Darlan a perdu son indépendance et que les forces françaises doivent suivre les instructions du 20 juin prescrivant de combattre jusqu’au bout, tant qu’un gouvernement régulier et indépendant de l’ennemi n’a pas donné d’ordres contraires.
    Personne ne met en doute, ajoute-t-il, la volonté des Français de ne pas céder la flotte à l’ennemi. Mais qui peut garantir que des bateaux désarmés, avec équipage réduit, entourés d’ennemis, seront en mesure de se saborder à temps, le moment venu ?

    Rien à craindre, réplique Dufay. Toutes les précautions ont été prises, les équipes de sabordage organisées. Les marins français agiront le cas échéant « Anytime, anywhere, anyway and without further orders from french Admiralty ».

    Comment pouvez-vous en être sûr ? reprend Holland, pâle, les traits tirés, le visage ruisselant de sueur. Ce que nous redoutons par-dessus, c’est le désarmement de vos navires dans un port de la France métropolitaine. Une pression peut s’exercer sur les équipages… Votre commandant peut être relevé de son commandement.Ne vaut-il pas mieux saborder vos navires ici à Mers-el-Kébir, où le blâme retombera sur nous ? Pour nous, il y a une différence énorme entre un désarmement à Oran ou à Toulon.

    Dufay se contente de répondre : Rien ne menace les bâtiments et rien ne doit s’opposer à ce qu’ils soient démobilisés sur place à Mers-el-Kébir, loins de métropole et près de Gibraltar.

    La conversation s’achève. En désespoir de cause, Holland remet à Dufay une note personnelle où il a exposé les arguments qu’il voulait développer devant Gensoul en personne.

    Une demi-heure plus tard, le capitaine de vaisseau Danbé apporte la seconde réponse du commandant en chef de la flotte de l’Atlantique :

    1 . Amiral Gensoul ne peut que confirmer la réponse déjà apportée par le lieutenant de vaisseau Dufay.

    2 . Amiral Gensoul est décidé à se défendre par tous les moyens dont il dispose.

    3 . Amiral Gensoul attire l’attention de l’amiral Somerville sur le fait que le premier coup de canon tiré contre nous aurait pour résultat de dresser immédiatement toute la flotte française contre la Grande-Bretagne, résultat diamétralement opposé à celui que recherche le gouvernement britannique.

    La rencontre est alors terminée. Au moment de prendre congé, Holland, la mort dans l’âme, déclare au capitaine de vaisseau Danbé : « Permettez-moi de vous dire, d’officier à officier, qu’à votre place ma réponse n’eût pas été différente ».

    L’affrontement semble alors inévitable.

     

    A 9h50, le Foxhound fait parvenir un message : Je regrette de vous informer que, conformément à mes ordres, je ne vous permettrai pas de sortir du port, à moins que les termes du gouvernement de Sa Majesté ne soient acceptés.

    Cependant, du côté britannique, on hésite encore. Somerville est averti des préparatifs d’appareillage des bâtiments français. Sur instruction de l’Amirauté, il donne l’ordre de miner la passe. Vers midi, des appareils de l’Ark-Royal larguent cinq mines magnétiques. Le plus clair de cette mesure est d’interdire aux navires français les trois premières solutions proposées.

    A bord des navires anglais, la tension devient insupportable. Les heures se traînent interminablement. Depuis le matin, les équipages ont été avertis par hauts-parleurs de la mission qui allait probablement leur incomber. Personne ne cache sa répugnance. Dans les fonds, dans les tourelles, les hommes ruissellent de sueur. Pas la moindre brise, un ciel de feu chauffe à blanc les tôles et les plaques de blindage.

    Pour le commandant du Hood, l’attente est particulièrement éprouvante. Son bâtiment, l’orgueil de la flotte britannique, va-t-il tirer ses premiers coups de canon depuis le début de la guerre sur son frère d’armes, le Dunkerque, avec lequel il a briqué, à maintes reprises, l’Atlantique pendant l’hiver 1939-1940 ?

    Quant à Somerville, qui n’a pas caché son opposition à « Catapult », il arpente nerveusement la passerelle, froissant dans sa poche le message de Winston Churchill, reçu la nuit même : Vous êtes chargé d’une des missions les plus désagréables et les plus difficiles qu’un amiral britannique ait jamais eu à remplir, mais nous avons toute confiance en vous et comptons que vous l’exécuterez rigoureusement.

    A 12h30, Somerville annonce à Londres qu’il est prêt à ouvrir le feu. Mais, pris d’une dernière hésitation, il demande à Holland : - «Avez-vous dit quelque chose qui m’empêche d’ouvrir le feu?
    - Absolument pas… Je suggère cependant qu’il existe peut-être encore une chance d’éviter un recours à la force, si le Foxhound s’avance jusqu’à portée de signaux visuels, et demande s’il n’y a pas d’autre message que la réponse déjà reçue».

    Soulagé, le commandant de la Force H acquiesce. Un message est adressé au Dunkerque dans ces termes : Si vous acceptez les propositions, hissez au grand mât un pavillon carré, sinon je vais ouvrir le feu à 13 heures. Votre port est miné.

    Gensoul accepte alors le principe d’un entretien avec Holland. A 13h15, il signale : Je n’ai pas l’intention d’appareiller. J’ai télégraphié à mon gouvernement dont j’attends la réponse. Ne créez pas l’irréparable. Suis prêt à recevoir personnellement votre délégué pour négociation honorable.

     

    Pour quelles raisons Gensoul se décide-t-il alors à changer d’attitude ? Deux préoccupations semblent dominer son esprit : éviter d’ouvrir le feu le premier et de provoquer un conflit ouvert avec la Grande-Bretagne ; gagner du temps pour achever ses préparatifs, tenir jusqu’à la nuit si possible.

    En outre, d’après ce qu’on lui a rapporté du comportement de Holland, l’amiral estime que les Anglais hésitent à commettre l’irréparable, et se rallieront peut-être, en désespoir de cause, au principe d’un désarmement sur place. C’est ce qui ressort du dernier paragraphe de son second message envoyé à l’Amirauté à 13 heures : L’ultimatum initial donnait le choix entre rallier la flotte britannique ou couler les bateaux dans un délai de six heures pour les empêcher de tomber aux mains des Allemands ou des Italiens.

    Ai répondu : Cette dernière hypothèse n’est pas à envisager. Je me défendrai par la force. Le premier coup de canon aura pour effet de dresser toute la flotte française contre la flotte britannique, résultat diamétralement opposé à celui cherché par le gouvernement britannique.

    Réponse britannique : Si vous appareillez sans accepter nos propositions qui sont raisonnables et favorables, je me verrai à mon grand regret contraint d’ouvrir le feu. Le commandant Holland suggère que la réduction des forces de Mers-el-Kébir (désarment, équipages réduits de moitié, débarquement du combustible, des munitions) pourrait constituer une base d’accord, sans préjuger des résultats.

     

    A 15h15, le commandant Holland, accompagné de deux officiers, arrive à bord du Dunkerque. En traversant la rade, il a pu constater que les navires français sont prêts à appareiller et que les tourelles de direction de tir sont pointées vers la Force H.

    L’amiral reçoit les représentants britanniques dans un navire en tenue de combat, hublots fermés, tages de bronze vissées. La chaleur est écrasante. C’est bien l’entrevue de la dernière chance. Holland n’arbore qu’une seule décoration, la Légion d’Honneur.

    D’un côté comme de l’autre, on reprend les arguments déjà exposés dans la matinée : difficultés d’un sabordage, impuissance de Darlan.
    - Vous en concluez alors, déclare Gensoul, que nous pourrions nous trouver un jour devant de nouveaux ordres qui lui auraient été imposés ou émanant d’une autre autorité que la sienne?
    - Exactement.
    - En ce cas, lisez ceci et lisez le bien. C’est le texte du message de Darlan du 24 juin qui prévoit le cas où les navires français devraient se saborder ou gagner les Etats-Unis.
    - Si seulement nous avions connu cela plus tôt, murmure Holland, cela aurait pu faire toute la différence.

     

    Un accord semble alors se dessiner. D’après le commandant Davies, qui accompagnait Holland, Gensoul aurait été sur le point d’accepter la troisième proposition. En tout cas, il est prêt à prendre l’engagement de désarmer tous ses navires à Mers-el-Kébir et, en cas de menace, à gagner les Antilles ou les Etats-Unis. Mais librement, sans équipage britannique à bord et non sous la menace des canons.

    C’est ce que Holland s’empresse de signaler à Somerville à 15h15, ajoutant : Ceci n’est pas tout à fait nos propositions, ne puis m’en approcher plus.

     

    Mais à ce moment, le cours des événements ne dépend plus du petit groupe d’hommes qui tente désespérément d’éviter l’affrontement. Le sort de la flotte française se joue à Londres et à Nérac. Deux messages arrivés coup sur coup mettent fin à tout espoir de compromis.

    Le premier émane de l’Amirauté française : Faites savoir à intermédiaire britannique que l’amiral de la flotte a donné ordre à toutes les forces en Méditerannée de vous rallier immédiatement.
    Le second provient de Somerville : Si aucune des propositions britanniques n’est acceptée à 17h30 (heure d’été britannique) – je répète 17h30 – il me faudra couler vos navires.

    Le dernier espoir s’envole …

     

    Que s’est-il donc passé ? Le premier message de Gensoul avait été reçu à 11 heures à Nérac, où ne trouvait plus qu’un dernier échelon de l’Amirauté, avec le chef d’état-major, l’amiral Le Luc. Celui-ci ne put joindre Darlan, alors à Clermont-Ferrand. De sa propre initiative, il donna l’ordre aux bâtiments stationnés à Toulon et à Alger de rallier Oran en tenue de combat et de répondre à la force par la force.

    Quant au second message de Gensoul, il parvint à l’Amirauté à 13 heures ; il put être communiqué à Darlan qui confirma les ordres précédents. Un nouveau télégramme fut alors envoyé à Mers-el-Kébir, celui que Gensoul communiqua au représentant britannique…

    Cependant ces messages furent interceptés par l’Amirauté britannique et Londres ordonna à 15h45 à Somerville : Réglez rapidement les choses, sinon vous aurez affaire à des renforts…

    Ainsi les dés étaient jetés.

     

    A 16h25, la délégation britannique franchit la coupée du Dunkerque … La plupart des marins français déambulent dans les ponts, comme si de rien n’était. Certains nous firent des gestes amicaux, devait dire Davies, ils n’avaient pas, semble-t-il, la moindre idée de ce qui se passait. Je revois encore nettement l’officier de garde du Bretagne qui nous saluait. Dix minutes plus tard, nos gros obus faisaient sauter son navire !

    En principe, Somerville aurait dû ouvrir le feu à 16h30, mais un Swordfish signala que la vedette de Holland venait à peine de quitter le Dunkerque. L’amiral atttendit donc l’arrivée de l’embacation près du barrage pour donner l’ordre fatidique.

    A 16h53, enfin, le pavillon 5 ordonnant d’ouvrir le feu monte à la drisse du Hood. Sentiment de honte pour les marins britanniques, mais soulagement tout de même après la terrible tension des heures précédentes. Ils s’arc-boutent pour résister à l’ébranlement de la première salve.

    Le cuirassé Resolution tire le premier. Un grondement de tonnerre, de lourdes volutes de fumée. Avec un fracas de train express, les gros projectiles passent au-dessus de la vedette de Holland et de Davies, qui d’instinct baissent la tête, et vont s’abattre sur la jetée avec un effet dévastateur.

    Au milieu d’un énorme nuage de poussière et de fumée, une grêle de blocs de pierre balaie les ponts des navires français, fauchant des dizaines de matelots qui ne sont plus que des loques sanglantes. Il est difficile d’imaginer une situation plus dramatique que celle de l’escadre de Gensoul : bâtiments immobiles, entassés, « posés comme des canards », incapable de rendre toute leur artillerie battante.

    Les obus de 380 s’abattent dans la rade, d’énormes gerbes jaillissent à 50 et 80 mètres de haut. En principe, le Strasbourg, le Dunkerque, le Provence doivent appareiller successivement. Mais le destin en décide autrement.

    A peine le Dunkerque a-t-il largué ses amarres qu’il est touché à l’arrière par un 380. Il fait feu de toutes ses pièces, avec précision, encadrant le Hood à plusieurs reprises. Des gerbes désagréables d’un rouge vif s’écrasent sur les flancs du navire amiral britannique. Des éclats blessent un marin et un officier.

    Mais le sort du Dunkerque est malgré tout scellé. Trois projectiles de 380 l’atteignent simultanément. Le premier met hors de combat la moitié de l’armement d’une des tourelles de 330. Les deux autres, frappant à l’arrière, mettent hors de service deux rues de chauffe et les stations principales d’alimentation électrique. Tout le personnel de la tourelle III est tué par l’incendie des douilles et l’explosion des obus dans la chambre de distribution.

    Privé d’énergie, son artillerie paralysée, le Dunkerque n’a plus qu’une seule ressource : mouiller au fond de la rade, à l’abri du Santon, devant le village de Saint-André.

     

    A ce moment, le Provence ne vaut guère mieux. Dès 17h03, un obus de 380 atteint le vieux cuirassé à l’arrière, provoque une voie d’eau, déclenche un incendie et oblige à noyer les soutes. Les deux tourelles arrière sont immobilisées. En outre, un projectile atteint la tourelle de télépointage au-dessus du mât tripode et sectionne net la cuisse de l’officier directeur de tir. Avant de mourir, celui-ci a encore la force de téléphoner au directeur de tir adjoint : « Je suis gravement blessé. Prenez la suite ».

    Désemparé, le Provence réussit à s’échouer par un fond de 10 mètres.

     

    Mais le sort le plus cruel est réservé au Bretagne. Dès le début de la manœuvre, une salve entière s’abat sur le malheureux navire, suivie d’une immense gerbe de flammes qui ravage tout le bâtiment, de la cheminée avant au mât arrière. D’autres projectiles s’acharnent encore sur le cuirassé. Il faut ordonner l’évacuation. Mais à 17h09, après une dernière explosion, le Bretagne chavire, entraînant dans la mort 977 officiers et marins. (*)

     

    De tous les grands bâtiments, seul le Strasbourg réussit à s’échapper du guêpier. Admirablement manœuvré par le capitaine de vaisseau Collinet, il largue ses amarres et démarre à une vitesse impressionnante. Trente secondes plus tard, une salve entière s’abat à l’endroit qu’il vient de quitter, criblant la coque d’éclats et coupant une drisse. A 17h10, il franchit la porte du barrage et met à 28 nœuds. Minutes angoissantes … Les mines magnétiques vont-elles exploser ? Non, rien ! Le bâtiment est sauvé. Mais déjà le groupe des contre-torpilleurs – le Volta, le Terrible, le Lynx, le Tigre et le Kersaint – l’a devancé.

    Seul le Mogador manque à l’appel. Au moment de franchir la passe, un remorqueur l’oblige à stopper. Un 380 déchiquette alors son arrière et provoque l’explosion de seize grenades sous-marines. L’arrière du navire n’existe plus. Heureusement la cloison étanche résiste. Mais désemparé, le Mogador doit être évacué.

     

    Il est alors 17h15. La bataille n’a pas duré vingt minutes. A l’exception du Commandant-Teste miraculeusement épargné, tous les bâtiments français sont hors de combat. L’amiral Gensoul signale alors à Somerville par radio : Vous demander de cesser le feu.

    Et, en même temps, il fait hisser le pavillon carré. Réponse : Si je ne vois pas couler vos navires, je rouvrirai le feu …

    Mais à ce moment, le commandant de la Force H, fait une constation désagréable. Un swordfish lui signale qu’un « Dunkerque » est sorti du port et fait route vers l’est à grande vitesse. Dix minutes plus tard, un second pilote apporte confirmation. Aucun doute cette fois-ci : le Strasbourg, auquel l’Amirauté attache la plus grande importance, a réussi à s’échapper.

    La chasse commence. Le Hood, le seul bâtiment rapide de la Force H, s’élance à la poursuite du bâtiment français avec les croiseurs et les destroyers. Les appareils de l’Arc-royal sont découplés à leur tour.

     

    A 18h45 et à 20h55, le Strasbourg subit deux attaques aériennes de cinq ou six avions chacune. Grâce à de brutales abattées et au feu de la D.C.A, bombes et torpilles manquent leur objectif.

    A 20h20, le Hood finit par abandonner. Les destroyers sont bas de mazout et l’Amirauté vient de signaler l’arrivée des croiseurs et des torpilleurs basés à Alger.

    Somerville éprouve un sentiment de soulagement, tout en s’atendant à recevoir un « magistral savon » de l’Amirauté pour n’avoir pas réussi à intercepter un des plus beaux fleurons de la marine française.

     

    Sauvé, le Strasbourg atteindra Toulon le lendemain, accueilli en triomphe par toute l’excadre. Mais, le 3 au soir, Mers-el-Kébir offre l’image de la désolation. Un immense dais de fumée noire recouvre la rade. La digue étale de larges plaies, le phare a été décapité par un obus de 380. Le Dunkerque, le Provence, le Mogador, désemparés ou échoués, sont encore ravagés par des incendies.

    Remorques, embacations de toute sorte sillonnent la rade, s’efforçant de repêcher les survivants, souvent affreusement blessés ou horriblement brûlés. Des cadavres épars flottent au milieu des débris.

    Mais le drame n’est pas terminé.

    La Force H a rallié Gibraltar dans la matinée du 5 juillet. Le rapport de l’amiral Somerville ne donne pas satisfaction à l’Amirauté. Le Dunkerque ne semble pas mortellement touché, d’autant plus qu’un message de l’amiral Esteva, intercepté par des postes d’écoute, indique que les avaries du croiseur de bataille seront facilement réparables. Somerville reçoit l’ordre de procéder à un nouveau bombardement le 6 juillet. Indigné, il ne peut s’empêcher d’écrire à sa femme : Je maudis le jour où l’on m’a confié de commandement.

     

    Finalement, pour éviter des pertes inutiles, civiles notamment, il obtient de n’attaquer qu’avec des appareils de l’Ark-Royal. Au jour indiqué, trois vagues d’avions torpilleurs escortés de chasseurs, décollent du porte-avions. Le Dunkerque échoué ne conserve qu’une partie de son équipage et se trouve entouré de bâtiments de servitude.

    En approchant de la côte, devait dire un pilote, les batteries de D.C.A ouvrirent le feu et quelques chasseurs Dewoitine furent aperçus. Un violent éclatement projeta notre appareil sur le nez. Je me trouvai précipité hors de combat. Par bonheur, l’attache de sécurité reliant le bas de mon harnais de parachute à la carlingue résista. Ellis me rehissa à bord.
    A ce moment, un Dewoitine exécuta une passe sur nous, une balle m’érafla le genou. Nous poursuivîmes l’attaque et revînmes en diagonale par-dessus le port vers le Dunkerque. La torpille fit parfaitement son immersion et courut tout droit vers son but.

    Par pur hasard, un remorqueur qui coupa sa route, encaissa le coup destiné au navire de ligne. Il jaillit littéralement hors de l’eau et se volatilisa. En fait, aucune torpille n’atteignit directement le Dunkerque, mais l’explosion de tout le stock de grenades du patrouilleur Terre-Neuve provoqua une brêche d’une quarantaine de mètres de long dans la coque du navire de ligne. Le bâtiment devait tout de même réussir à regagner Toulon au début de 1942.

     

    Avec cette ultime attaque, s’achève le drame de Mers-el-Kébir – 1297 marins français ont trouvé la mort au cours de ce tragique affrontement.

     

    A peine connue, la nouvelle de Mers-el-kébir provoqua dans le monde entier une immense émotion. En France, c’est la stupeur, une stupeur douloureuse. On peut croire un instant à un conflit entre la France et la Grande-Bretagne. Darlan, frémissant de rage et de douleur, était prêt à déclarer la guerre à l’allié de la veille. Heureusement, l’influence modératrice de Weygand et de Baudoin se fit sentir. La réplique française se limita à un bombardement de Gibraltar et à une rupture des relations diplomatiques.

    Les conséquences de « l’attentat » n’en restent pas moins profondes. Mers-el-Kébir contribue à balayer les dernières hésitations des « proconsuls » et des autorités militaires des colonies, qui acceptent désormais l’armistice et se rallient au gouvernement du maréchal.

     

    Dans la marine française, le ressentiment est énorme et les effets de ce nouvel état d’esprit ne tarderont pas à se faire sentir. Il n’est pas jusqu’à la France Libre qui ne subisse le contrecoup de cette déplorable affaire. Le général de Gaulle devait dire : C’était dans nos espoirs un terrible coup de hache. Le recrutement des volontaires s’en ressentit immédiatement.

    Indépendamment des répercussions immédiates, une question n’a cessé de hanter les esprits. Le drame pouvait-il être évité ? On a reproché à l’amiral Gensoul, dans ses télégrammes adressés à l’Amirauté, de ne pas avoir fait mention de la troisième solution proposée : celle d’un désarmement aux Antilles. A en croire Weygand, cette proposition aurait pu faire la base d’un accord. Toutefois, Charles-Roux devait soutenir le contraire.

     

    En réalité, l’omission de Gensoul n’a pu avoir d’influence sur les événements. Darlan se trouvait absent de Nérac et la plupart des membres du gouvernement étaient à Clermont-Ferrand. Un conseil des ministres ne put se réunir qu’à 15h30. Seul le maréchal, Laval, Weygand, Baudoin et Darlan y assistaient. Tous restèrent silencieux, complètement atterrés.

    De toute manière, compte tenu de l’heure de la réunion et des délais de transmission, il était trop tard pour faire quoi que ce soit.

    C’est le délai impératif fixé par l’Amirauté britannique et le comité de guerre qui a contribué à précipiter le denouement et faire échouer la conclusion d’un « gentleman agreement » à bord du Dunkerque. Un accord pouvait probablement intervenir, à condition de poursuivre des discussions au moins jusqu’à la nuit. Mais pour Londres, tout devait être terminé avant le coucher du soleil et l’arrivée de renforts français. Il ne devait pas y avoir de véritable combat.

     

    La responsabilité du cabinet de guerre, et de Churchill en particulier, apparaît donc écrasante. Le ton même de la note britannnique contenait les germes d’un affrontement et ne pouvait que provoquer une fin de non-recevoir et une riposte française. Dès le début, Somerville avait prévu que « Catapult » risquait de sa transformer en « Boomerang ».

    Tout laisse d’ailleurs à penser que Churchill n’envisageait qu’une épreuve de force et qu’au fond de lui-même, il la souhaitait. Venu en personne à l’Amirauté, il ne cessa tout au long de cette mortelle journée, de jeter le poids énorme de son autorité dans la balance.

    Le tourment de l’amiral britannique et de ses principaux officiers nous était bien visible à travers les télégrammes échangés… devait-il dire. Il fallait rien de moins que les ordres péremptoires pour les contraindre à ouvrir le feu.

    Remarque tout à l’honneur des officiers britanniques.
    Après avoir jeté l’ancre à Gibraltar, Somerville se retira dans ses appartements et ne voulut recevoir personne. Quant à Holland, il démissionna de la marine et finit la guerre dans la Home Guard.

    Mers-el-Kébir s’intégrait dans la grande politique de Churchill. En octobre 1940, le premier ministre devait déclarer au professeur Rougier : C’est Mers-el-Kébir qui a fait comprendre au peuple britannique que je voulais le transformer en une énorme machine de guerre et mener la lutte jusqu’au bout.

    Il devait ajouter plus tard : Dans tous les pays, le fait d’avoir éliminé presque d’un seul coup ce facteur important que représentait la flotte française, causa une impression profonde. Voilà que cette Angleterre que tant de gend estimaient vaincue et finie, frappait brutalement ses plus chers amis de la veille… C’était montrer jusqu’à l’évidence que le cabinet de guerre britannique ne redoutait rien et ne reculerait devant rien.

     

    (*) Précision de monsieur Nicolas Le Goffic : Les premières salves sont tombées sur la partie arrière du cuirassé, tuant près de 350 marins. Les dégats étaient énormes et promettaient d’être gigantesques car les obus avaient éventré le pont arrière, et par incidence les soutes à munitions se trouvaient quasiment à l’air libre. Un nouvel obus anglais, au même endroit et il s’en serait suivi une explosion titanesque, pulvérisant le cuirassé Bretagne, mais aussi les bâtiments d’à côté. Le commandant du cuirassé Bretagne a, juste après les premiers impacts d’obus, ordonné la fermeture immédiate des cloisons étanches et la mise en route des moteurs, pour dégager le cuirassé de la digue et éviter une catastrophe en chaine. Inutile de préciser, que les 640 autres marins qui n’étaient pas dans l’enfer sur le pont, se sont vus prisonniers dans le cuirassé. Beaucoup sont morts noyés dans les minutes d’avancée du Bretagne dans la rade, mais certains sont morts plusieurs heures après, ayant donné signe de vie, criant et frappant la cuirasse du Bretagne. 

     

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