On ne sait plus saluer et on ne sait plus rendre le salut
L’une des raisons en est, que tout le monde ignore ce qu’est le salut : Aussi bien le subordonné duquel on l’exige que le supérieur qui doit y répondre.
Le salut militaire fut, à l’origine, avant tout un signe de paix. Deux guerriers, s’abordant sans intentions hostiles, avaient à cœur de se faire mutuellement constater l’innocence de leurs intentions. Ils levaient alors la main droite, paume largement ouverte, afin de montrer qu’ils n’y tenaient pas d’arme. Ce geste de fraternité et sans doute aussi vieux que les armées… On le trouve mentionné déjà dans de nombreux textes grecs et latins.
La chevalerie moyen-âgeuse ne devait pas tarder à faire quelque peu évoluer la signification profonde du geste en y introduisant un élément de y introduisant un élément de courtoisie et d’élégance jusqu’alors absent.
Fraternité et courtoisie : Tels sont à l’heure où disparaissait la chevalerie, les principes fondamentaux qui régissent le salut militaire. Ils le demeureront jusqu’au XVIIe siècle, qui apportera le symbole de la fidélité.
Désormais, lorsque deux militaires se rencontreront (et peu importe les grades qu’ils revêtent), tous deux auront à cœur de se faire souvenir l’un et l’autre l’obligation commune qu’ils ont envers le drapeau. Ils vont refaire alors le vieux geste chrétien de serment prêté sous les couleurs du régiment, ils lèveront la main droite vers le ciel le pouce et le majeur (figurant les trois personnes de la sainte Trinité) largement écartés. Aux déserteurs et aux traîtres, on coupera trois doigts de la main droite.
Ce geste ne comportait aucune nuance de subordination à l’égard de celui que l’on rencontrait. Entre l’officier et le soldat, le salut est tout sauf une marque de soumission ou de servilité.
L’ancien règlement français d’avant 1914 disait : « L’officier et le soldat échangent le salut. Le soldat prévient seulement le geste de l’officier, il le prévient par pure courtoisie ».
La signification du salut est donc profonde. Sa valeur, quand il est bien compris, est certaine. Dans presque toutes les armées du monde, nous voyons les règlements l’imposer catégoriquement.
Le règlement français : « Le salut est la plus fréquente des marques de respect ; son entière correction doit être exigée ».
Le règlement américain : « Le salut est la forme la plus importante de la politesse militaire. Il donne la possibilité de mesurer l’implication de l’individu à ses devoirs et le degré d’instruction et de discipline de son unité. La correction du salut est une marque de confiance en soi – même et d’esprit de corps. Celui qui salue mal est négligent, ou si mal instruit qu’il ne connaît pas ses devoirs. Les soldats qui évitent le salut manquent de confiance en eux-mêmes et leurs unités n’ont pas d’esprit de corps. Au combat, rien de bon ne doit être attendu d’eux ».
Il faut redonner aujourd’hui au salut son sens véritable et pour cela, il faut le présenter sous son véritable aspect en luttant contre le caractère d’abaissement et de servilité qui y est malheureusement attaché.
Il faut également insister sur le fait qu’il ne marque aucune condition de subordination pour celui qui salue le premier et que le soldat ne fait, selon les formes du vieux règlement français, que prévenir, par courtoisie, le geste de l’officier qui, lui-même, ne se dégrade jamais à devancer le geste de son subordonné.
Il faut enfin souligner la notion de fidélité et de confiance réciproque qu’il implique. Ce geste rappelle en effet le serment qui lie tant l’officier que le soldat au drapeau sous lequel ils servent.
Rarement un geste n’aura été aussi chargé de symboles que le salut militaire.
Rarement hélas, un geste n’aura été autant méconnu, déformé. Il est temps de lui rendre sa richesse première.
Petite Bulle on 24 février 2013
Votre texte est très intéressant.
Etant moi même militaire, j’en ignorais la signification et l’origine.
Si je peux vous rassurer, je fais partie de cette jeune génération de militaires (féminin en plus!) de moins de 30 ans qui portent une grande importance au salut militaire.
Ancien marin on 21 juillet 2017
Celui qui a invente le salut militaire est un génie.
J’apprécie votre article. J’ai appris lors de mes classes à Hourtin que l’on devait saluer à six pas, ce qui implique une certaine distance.
Nul besoin de contact physique, pas besoin de s’exprimer. Une fois le salut effectué, on continue son chemin sans s’arrêter ce qui évite les risques de contamination et les attroupements.
Le salut est identique, qu’il s’adresse à un général ou à un caporal. Pas besoin de se découvrir ou de sourire. Si vous passez à une quinzaine de pas on ne vous tiendra pas rigueur si vous ne saluez pas. Lorsqu’une troupe est en mouvement seul le chef salut et cela vaut pour tout le groupe.
Cherchez, vous trouverez d’autre avantages à ce fameux salut