A Raon-l’Etape, commence une petite vallée charmante et solitaire, garnie de pins gigantesques, comprise entre deux contre-forts des Vosges, qui se termine par le Donon.
A mi-chemin de cette vallée, près du village de Celles qui est environ à dix kilomètres de Raon, on remarque sur une hauteur un immense banc de roches en grès vosgien, sur lequel on voit encore les ruines d’un ancien château jadis assiégé. C’est le château de la Pierre-Percée.
Au dessus du village de Celles, se trouvent des hauteurs chargées de magnifiques sapins. L’une de ces hauteurs est maintenant dégarnie sur une étendue de plusieurs hectares, et cette place se nomme dans le pays : Le coup de vent de Metz.
Voici l’explication de cette appellation.
Ceux qui ont eu le malheur d’assister au blocus de Metz, se rappellent, la nuit du 25 au 26 octobre 1870, avoir été témoins d’un ouragan terrible. Au moment même où les autorités militaires discutaient les termes de la capitulation, les éléments semblaient furieux des actes qui se tramaient.
Or cet ouragan se faisait sentir aussi dans les Vosges, et surtout sur l’un des monts qui dominent le village de Celles. Dans la soirée du 25 octobre et durant toute la nuit, un vent terrible brisait les sapins de cette montagne, ils descendaient pêle-mêle dans la vallée.
Les habitants, croyant entendre le canon, s’imaginaient être proches d’une grande bataille. Tous se levant effrayés, sortirent de leurs maisons, et furent témoins du cataclysme qui menaçait d’ensevelir leur village sous une avalanche de sapins d’environ 40 à 50 mètres de hauteur. Mais, fort heureusement, aucun accident ne se produisit.
Quelques jours après, la nouvelle de la capitulation arrivant, les habitants nommèrent l’énorme place dénudée de leur montagne : Le coup de vent de Metz.
Tous les marchands du pays eurent à exploiter pendant plus de trois années, cette coupe faite d’une façon si extraordinaire.
Article extrait des « Mémoires de l’académie nationale de Metz ». Lecture faite à la séance du 24 juin 1880.