En cette année 2010 où l’on commémore le 65ème anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale (le 08 mai) et le 70ème anniversaire de l’appel à la résistance lancé depuis Londres par le général de Gaulle (le 18 juin), penchons-nous quelques instants sur l’histoire de ce chant qui était devenu incontestablement sous l’occupation allemande « l’hymne de la résistance ».
Les paroles françaises de ce chant ont été écrites par Joseph Kessel (1898-1979) et son neveu Maurice Druon (1918-2009) à Londres en 1943, mais le chant original est signé Anna Marly.
Anna Marly, de son vrai nom Anna Betoulinsky, naît le 30 octobre 1917 à Saint-Petersbourg, pendant la révolution d’octobre au cours de laquelle son père est fusillé.
Au début des années vingt, sa mère quitte la Russie et se réfugie avec ses deux filles et leur « nounou », en France, plus précisemment au sein de la communauté russe de Menton. Elle reçoit à l’âge de 13 ans une guitare en cadeau, et découvre ainsi « la magie des sons ». Sa guitare ne la quittera jamais !
En 1934, elle rejoint Paris et débute une carrière artistique sous le pseudonyme d’Anna Marly (patronyme choisi dans l’annuaire), tout d’abord danseuse dans les ballets russes de Paris, puis danseuse étoile dans les ballets Wronska. Dès 1935 et après un passage au conservatoire de Paris, elle se produit, avec sa guitare et un petit répertoire, dans un cabaret parisien, mais aussi à Bruxelles et à La Haye.
Juin 1940 : Paris est déclarée ville ouverte. Anna Marly prend à nouveau le chemin de l’exode. Après avoir transité par l’Espagne et le Portugal, elle s’installe à Londres en 1941, où elle s’engage comme volontaire à la cantine des Forces Françaises Libres. Elle chante aussi au micro de la BBC dans l’émission « Les Français parlent aux Français ».
Fin 1942, elle lit dans la presse anglaise, un article concernant la bataille de Smolensk et son âme russe se réveille. Un mot lui revient à l’esprit, ce mot de « partisans ». Bouleversée, elle prend sa guitare, joue une mélodie rythmée, et ces vers sortent tout droit de son coeur : « Nous irons là-bas où le corbeau ne vole pas et la bête ne peut se frayer un passage. Aucune force ni personne ne nous fera reculer…. Nous repousserons les forces du mal, que le vent de la liberté ensable nos tombes ».
Initialement appelé « La marche des partisans », ce chant sera chanté, en langue russe, par Anna Marly,
jusqu’à ce que Joseph Kessel, arrivé à Londres en janvier 1943 en compagnie de Maurice Druon, s’exclame en l’entendant pour la première fois : « Voilà ce qu’il faut pour la France ! ».
En quelques heures, les paroles françaises sont écrites. « Le chant des partisans » était né.
Sifflé comme indicatif de l’émission de la BBC animée par Maurice Druon « Honneur et Patrie », puis comme signe de reconnaissance dans les maquis, « Le chant des partisans » s’est rapidement imposé comme l’hymne de la résistance et de la lutte pour la libération.
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