The Chinese Labour Corps
En France, la mobilisation générale du 2 août 1914 envoie des millions d’hommes au front et vider les usines de leurs ouvriers. Le besoin de main-d’œuvre se fait très rapidement sentir dans tous les secteurs de l’activité économique française, en particulier dans le secteur de l’industrie métallurgique. Dans un conflit de si grande envergure, il est impératif de créer des usines d’armement et de relancer l’économie nationale. Inévitablement, il faut faire appel aux travailleurs coloniaux et étrangers.
Or, depuis la moitié du XIXe siècle, les « puissances coloniales » considèrent la Chine comme un vaste réservoir de main d’œuvre. Au début de 1915, les autorités françaises entament donc des négociations avec le gouvernement chinois pour utiliser des travailleurs chinois afin de soutenir l’effort de la guerre et le 14 mai 1916 des accords sont signés pour le recrutement de la main d’œuvre chinoise. La première clause du contrat énonce que le travailleur chinois ne doit être destiné à aucune sorte d’opération militaire.
Durant la première guerre mondiale, la Grande-Bretagne, pays allié où le service militaire n’est pas obligatoire, envoie un corps expéditionnaire dans le nord de la France. Ce corps militaire avait besoin de main d’œuvre pour exécuter des travaux de terrassement, de réfection des routes, et des chemins de fer et construire des baraquements. Le 5 octobre 1916, le gouvernement britannique, à l’instar de son homologue français, décide donc de recruter des travailleurs chinois dans les concessions territoriales en Chine. Tout comme la France, la Grand-Bretagne statue afin que toute opération militaire soit naturellement interdite pour les Chinois recrutés.
Entre 1916 et 1918, l’Angleterre recrute ainsi plus de 100 000 travailleurs chinois et la France près de 38 000, dont 10 000 sont mis à la disposition du corps expéditionnaire américain vers la fin de la guerre (février 1918). Après l’armistice, les travailleurs seront rapatriés dans leur pays, à l’exception de 3 000 d’entre eux (chiffre officiel), qui ont constitué la première vague d’immigration chinoise en France.
Venus en France pour occuper des emplois dans l’industrie et l’agriculture, les Chinois sont en fait employés à toutes sortes de tâches, aussi bien la construction de dépôts de munitions ou de lignes de chemin de fer qu’à la réfection des routes, des maisons détruites, ou encore le nettoyage des champs de bataille. Ils travaillent également dans les villes portuaires au chargement et déchargement des navires.
D’autres sont employés dans les manufactures d’armes et de munitions, dans les chantiers navals ainsi que dans les constructions mécaniques ou aéronautiques. Certains de ceux qui sont au service de l’armée britannique creusent des tranchées pour les soldats, ce qui constitue une violation de leur contrat de travail.
Au lendemain de la guerre, des travailleurs constitués en unités sont encore employés au déminage des champs de bataille, ou encore l’exhumation et à l’inhumation des soldats tués pendant les combats.
Extraits du livre « Chinois de France : un siècle de présence de 1900 à nos jours » par Yu-Sion Live
Pour plus de renseignements, un site (en anglais) présente neuf vidéos sur le « Chinese Labour Corps ».
Il existe 17 cimetières en France, où des travailleurs chinois sont inhumés. Le plus grand est le cimetière de la Nolette à Noyelles (80), où près de 850 travailleurs chinois sont enterrés.