Le sergent Pierre-Hippolyte Blandan est né le 9 février 1819 à Lyon. Engagé pour 7 ans le 14 janvier 1837 au 8ème de ligne, il passe au 26ème de ligne le 28 février 1838. Caporal le 6 août 1839, il est nommé sergent le 1er février 1842.
C’est dans ce régiment qu’il sert, lorsque se produisent les évènements qui nous intéressent.
Le 26ème régiment d’infanterie, à savoir son ler Bataillon, débarque à Bône, le 9 septembre 1837. Il participe entre 1837 et 1842 à tous les combats qui se déroulent dans la Province de Constantine: expédition de Stora, celle contre les Harachtas, et contre Ahmed l’ancien Bey de Constantine. L’année 1839 est marquée par l’expédition contre les Annemchas et celle de l’oued Radjett.
Entre 1841 et 1844, c’est dans les provinces d’Alger et d’Oran que nous retrouvons le 26° RI. Le 26e RI fait partie des colonnes qui sillonnaient le pays pour harceler l’ennemi et permettre le ravitaillement des places. Expédition de Medea et de Miliana, expédition de Tlemcem de Nedroma, de Lalla-Marnia, destruction du fort de Sebdou. Le 2e bataillon rejoint Alger le 29 juin 1841.
Trois compagnies sont stationnées à Boufarik. C’est de là, qu’une correspondance extraordinaire doit partir le 11 avril 1842 pour Blida. Pour l’escorter on ne peut réunir que 18 hommes du 26e de ligne, un brigadier et 2 chasseurs à cheval du 4e chasseurs. Cette escorte est placée sous les ordres du sergent Blandan et le faible détachement se met en route.
Arrivé à proximité du ravin de Beni-Mered, il tombe dans une embuscade tendue par un élément très supérieur en nombre. Il n’est pas possible de se soustraire au combat, ni même de choisir une position favorable à la riposte, et chacun défend chèrement sa vie à l’exemple du sergent Blandan qui tombe frappé de 3 coups de feu. En tombant il s’écrie : » Courage, mes amis ! défendez-vous jusqu’à la mort ! « . Les braves en effet se défendent sans recul, pas un ne fléchit. Mais bientôt le feu supérieur des arabes a tué ou mis hors de combat dix-sept de nos braves.
Plusieurs sont morts, les autres ne peuvent plus se servir de leurs armes, quatre seulement restent debout; ils défendent encore leurs camarades, lorsque le lieutenant-colonel Morris, du 4e chasseur d’Afrique arrive de Boufarik avec un faible renfort. En même temps, le lieutenant du génie de Jouslard qui exécute les travaux de Beni-Mered, accourt avec un détachement de 30 hommes.
Les cavaliers de Morris et les sapeurs de Jouslard se précipitent sur la horde des Beni-Salem, elle fuit et laisse sur place une partie de ses morts. Des arabes lui ont vu transporter un grand nombre de blessés. Elle n’a pu couper une seule tête; elle n’a pu recueillir un seul trophée dans ce combat où elle avait un si grand avantage numérique.
Les morts ont reçu les honneurs de la sépulture et les blessés ont été transportés à l’hopital de Boufarik, entourés des hommages d’admiration de leurs camarades.
Dés qu’il fut connu, le fait d’armes de Beni-Mered suscita une souscription pour permettre d’élever un monument commémoratif à Beni-Mered. La municipalité de Lyon la complèta par le vote d’un crédit.
Une colonne fut donc érigée à Beni-Mered. Endommagée par la foudre, elle fut réparée à l’aide d’une souscription ouverte au 26e Rl et d’un crédit complémentaire prélevé sur le budget ordinaire de la guerre.
Une stèle fut également érigée sur les lieux du combat devenus lieu de pélerinage pour le 26ème, chaque fois qu’il s’est trouvé en Algérie (1945, 1947, 1948, 1955, 1963). En 1885, le conseil municipal de Boufarik décida d’ériger une statue en l’honneur du sergent Blandan et vota un crédit. Les municipalités de Nancy et de Toul s’associèrent à la souscription.
Le 31 mars 1887 eut lieu la translation des restes du sergent Blandan, de l’ancien cimetière du camp d’Erlon à l’Ossuaire du monument. Enfin le 1er mai 1887, se déroula l’inauguration de la statue réalisée par le sculpteur Charles Gauthier, choisi par un jury à la suite d’un concours ouvert à Paris.La statue se trouvait au carrefour de la route d’Alger à Blida en plein centre ville, et il était impossible de ne pas la voir. Le brave sergent Blandan aura veillé à la circulation routière du haut de son socle pendant 75 ans.
Après le départ des troupes françaises de Boufarik, au moment de la proclamation de l’indépendance de l’Algérie, le 3 juillet 1962, le monument avait subi des dommages, en particulier les bas-reliefs. Démontée, la statue du sergent Blandan a été ramenée en France. Elle a été inaugurée le 14 décembre 1963 dans la cour de la caserne Thiry à Nancy. Au cours de la cérémonie, les cendres du sergent Blandan furent replacées dans le socle du nouveau monument.
Le 7 avril 1990, la statue a été à nouveau déplacée et se trouve désormais au début de la rue sergent Blandan à Nancy.
Une statue du sergent Blandan s’élevait également à Lyon sur la place de Sathonay. Déboulonnée pendant l’occupation allemande de la dernière guerre pour en récupérer le bronze, elle a été remplacée au début de 1962 par une statue en pierre.
Un fait à noter : lorsque le colonel Morris arriva sur le lieu du combat, le sergent Blandan mourant sembla recouvrir ses sens et le colonel en profita pour lui remettre sa propre croix de la Légion d’Honneur.
La biographie du sergent Blandan est extraite de ce site. L’auteur de l’article (Colonel Marcel Hauteja) a servi dans les rangs du 26ème RI de 1965 à 1971 .
GUILLAUMEAUD on 28 février 2010
Merci pour cette page d’histoire.
Adjudant-chef Guillaumeaud
3° promotion sergent Blandan ENSOA.