Nancy Wake alias “Souris blanche”
Nancy Grace Augusta Wake, née le 30 août 1912 à Wellington (Nouvelle-Zélande), est la combattante des forces alliées la plus décorée pour ses actions pendant la seconde guerre mondiale. Elle fut aussi la personne la plus recherchée par les nazis.
En 1914, sa famille quitte la Nouvelle-Zélande pour s’installer en Australie et obtient la nationalité australienne. A l’âge de 16 ans, et suite à la séparation de ses parents, Nancy Wake quitte la maison pour être infirmière. Grâce à l’argent envoyé par une de ses tantes, elle décide de venir en Europe, d’abord en Angleterre puis en France, où elle exercera la profession de journaliste.
Au cours de ses voyages à travers l’Europe dans les années 1930, elle observe et perçoit la montée inexorable d’Aldolf Hitler et c’est à Vienne, en Autriche, qu’elle assiste à des scènes atroces. Ce spectacle horrible nourrira sa détermination à lutter contre le nazisme.
En 1939, elle épouse un industriel marseillais, Henri Fiocca.
Lorsque la France est envahie en juin 1940, elle franchit une étape dans la lutte : elle passe de l’observation à l’action. Elle rejoint un mouvement de la résistance en tant que coursier et effectue du trafic de messages et de vivres au profit de groupes « clandestins » du sud de la France. Elle achète une ambulance et vient en aide aux réfugiés qui fuient l’avancée des troupes allemandes. Étant l’épouse d’un industriel, elle a la possibilité de voyager comme peu de gens pouvaient l’avoir à cette époque. Elle obtient ainsi de faux papiers et la possibilité de travailler dans la zone occupée.
Elle s’implique alors dans un réseau d’aide pour des milliers de prisonniers évadés. Son implication dans la résistance met sa vie en danger. Elle est devenue suspecte aux yeux de la gestapo : elle est surveillée et son téléphone est mis sur écoute.
Elle change tant de fois d’identité, qu’elle gagne son surnom de « Souris blanche » par la gestapo, tant elle est habile pour déjouer les arrestations. En 1943, elle est la personne la plus recherchée et sa tête est mise à prix pour la somme de cinq millions de francs. Son séjour en France est maintenant trop risqué, et la résistance décide qu’elle devait retourner en Grande-Bretagne.
« Henri disait : tu dois partir. Je me souviens de lui avoir dit que j’allais faire des courses et que je serais de retour très vite. Je suis partie et je ne l’ai jamais revu. »
S’échapper n’est pas facile. Elle fait six tentatives pour traverser les Pyrénées et rejoindre l’Espagne. Au cours d’une de ses tentatives, elle est arrêtée par la milice à Toulouse et interrogée pendant quatre jours. Elle ne fournit aucun renseignement à la milice et réussit à s’échapper grâce à l’aide du réseau international « Pat O’Leary », le plus grand réseau d’évasion de la résistance en France.
Elle réussit enfin à franchir les Pyrénées, et de l’Espagne, rejoint la Grande-Bretagne. Elle est enfin en lieu sûr mais n’a aucune nouvelle de son mari (ils oeuvrent pour des réseaux différents).
Nancy Wake, maintenant agée de 31 ans, devient alors l’une des 39 femmes et des 430 hommes de la section française des SOE (Special Operations Executive), une unité des services secrets britanniques, qui travaille en corrélation avec des groupes de résistance pour des actions de sabotage en territoire occupé.
Elle suit un entrainement dans un camp de survie en Ecosse : apprentissage de la radio et des procédures codées, sauts en parachutes de nuit, maniements des armes, explosifs et grenades et « l’art de tuer en silence ».
Nancy Wake et les autres femmes recrutées par le SOE, sont affectées au « First Aid Nursing Yeomantry », une association carritative. La véritable nature de leur travail restera un secret jalousement gardé jusqu’après la guerre.
Fin avril 1944, Nancy Wake et un autre membre des SOE, major John Farmer, sont parachutés dans le centre de la France, en Auvergne, avec ordre de localiser et d’organiser les groupes de maquisards, d’établir des caches d’armes et de munitions à partir des largages de nuit et d’établir des réseaux radio avec l’Angleterre. Leur mission est d’organiser la résistance en vue du débarquement.
Le principal objectif de ce mouvement de résistance est d’affaiblir l’armée allemande, avant une grande attaque par les troupes alliées. Leurs cibles sont des installations, des convois allemands. Elle est alors connue sous le nom « d’Hélène » et sous le nom de code opérationnel « Witch ».
Dans la région, il y avait 22 000 soldats allemands et initialement, entre 3 et 4000 maquisards. Grâce à un travail de recrutement, le nombre maquisards monte à environ 7000. Nancy Wake conduit tous ces hommes dans une guérilla, en infligeant de lourds dommages sur des installations ainsi que dans les troupes allemandes. Elle collecte et distribue des armes, et veille aussi à ce que tous ses opérateurs radio soient toujours en contact avec l’Angleterre.
C’est ainsi qu’elle parcourt 500 kilomètres à vélo, à travers les points de contrôle allemands, pour redonner les codes à un opérateur radio qui avait été obligé de les détruire lors d’un raid allemand. Sans ces codes, il n’y aura pas eu de nouvelles livraisons d’armes ou de fournitures. De tout ce qu’elle a fait pendant la guerre, Nancy Wake pense que son escapade à vélo a été la plus utile. Elle a couvert la distance en 71 heures, roulant non-stop à travers la campagne ou les montagnes. Lorsqu’elle est revenue de ce voyage épique, elle ne pouvait plus ni tenir tenir debout, ni être assise, elle ne pouvait plus rien faire, mais elle était satisfaite.
Sa mission est pénible : de longues nuits blanches, souvent cachée dans des forêts, allant d’un groupe à un autre pour entrainer, motiver, planifier et coordonner. Elle organise les largages en parachute quatre fois par semaine pour recueillir de nouvelles armes et munitions.
Il y a eu de nombreux engagements avec les Allemands. La campagne a été le théâtre de prises d’otages, éxécutions, incendies volontaires et représailles.
Les maquisards de Nancy Wake avaient pris possession du plateau qui domine Chaudes-Aigues. Méthodiquement, les SS planifient pour anéantir le groupe de maquisards. En juin 1944, 22 000 soldats allemands font face à 7 000 maquisards. Les « troupes » de Nancy Wake peuvent être satisfaites à la fin de cette amère bataille : 1400 morts dans les troupes allemandes, 100 morts parmi les maquisards.
Nancy Wake continue sa guerre : elle mène personnellement un raid sur le quartier général de la gestapo à Montluçon, elle tire sur les barrages allemands, elle tue à mains nues une sentinelle avant qu’il ne puisse donner l’alerte, afin que l’opération de sabotage d’une usine de fabrication d’armes allemandes puisse réussir.
Le 6 juin 1944, débarquement de Normandie. Le 25 août 1944, Paris est libéré et Nancy Wake conduit ses troupes à Vichy pour célébrer la victoire. Mais la joie de la libération est mélangée à une nouvelle tragique qu’elle avait déjà envisagé. Elle apprend la mort de son mari Henri Fiocca. Un an après qu’elle ait quitté la France, les Allemands avaient capturé son mari, l’avaient torturé et finalemant éxécuté, puisqu’il refusait de donner des informations concernant son épouse.
Un an plus tard, l’Allemagne perdait la guerre. 375 des 469 membres de la section française des SOE ont survécu à la guerre. 12 des 39 femmes ont été tuées par les Allemands et 3 ont survécu à l’emprisonnement au camp de concentration de Ravensbruuck.
Nancy Wake continue à travailler pour le SOE après la guerre. En 1960, elle épouse un Anglais, John Forward, ancien prisonnier de guerre et retourne vivre en Australie.
Nancy Wake a été décorée à la fin de la guerre : elle est officier de la Légion d’Honneur, décorée de la croix de guerre avec deux palmes et une étoile, la médaille de la résistance, la George Medal (GB) et la Medal of freedom (USA).
Il a cependant fallu attendre l’année 2004 pour que Nancy Wake soit décorée du Compagnon de l’ordre de l’Australie et l’année 2006 pour le R.S.A Badge in Gold de la Nouvelle-Zélande. Née en Nouvelle-Zélande, et ayant par la suite obtenu la nationalité australienne, ces deux pays refusaient de la reconnaître en tant que ressortissante !
Depuis décembre 2001, Nancy Wake a de nouveau quitté l’Australie et coule des jours paisibles dans une maison de retraite à Londres.
Quand on lui demande où elle veut être enterrée après son décès, elle répond : « Je veux être incinérée et je veux que mes cendres soient dispersées sur la montagne où je me suis battue avec la résistance. Ce sera bon pour moi ».
En 1987, une mini-série a été tournée sur sa vie et en 2001, elle a décrit sa vie de résistante dans un livre intitulé : « La gestapo m’appelait la souris blanche ».
Source (anglais) extraits de l’article original
8 août 2011 : C’est avec tristesse que nous apprenons le décès de madame Nancy Wake, alias Souris Blanche, survenu le dimanche 7 août 2011, dans un hôpital de Londres.
Selon ses dernières volontés, une crémation aura lieu, et ses cendres seront répandues au printemps prochain, dans la région de Montluçon, là, où en 1944, elle avait mené une attaque sur le quartier général de la Gestapo locale.
jean claude Grandcamp on 25 juin 2014
Je ne connaissais pas l’histoire de cette dame.
Bravo pour sa détermination, son courage et son héroïsme.
Que cette Grande Dame repose en paix.