La montagne qui est au nord de l’abbaye de Senones, et que l’on regarde comme un ancien volcan d’après les scories dont le pied est couvert, recelait dans son sein un lac dont on ne soupçonnait pas l’existence.
A la suite d’une pluie de quelques jours, les flancs de cette montagne s’entrouvrirent le matin du 13 juillet 1654 ; il en sortit par deux ouvertures d’environ quatre-vingts pieds de diamètre, l’une sur la route de Senones à Moyenmoutier et l’autre du côté de Celles, une masse d’eau si épouvantable qu’elle éleva subitement la Meurthe, en quelques endroits, jusqu’à vingt pieds au-dessus de son niveau le plus élevé. La veille de cette catastrophe, on avait entendu un bruit souterrain qui cessait par intervalle. De Senones à Metz, tout ce qui se trouva sur les ruisseaux et les rivières fut entraîné ; les foins qui étaient coupés furent répandus sur les plus grands arbres et laissèrent des traces effrayantes de l’inondation.
Raon – L’Etape faillit être emporté ; plusieurs personnes y périrent. La montagne resta ouverte près de trente ans ; les éboulements ont rempli ces deux bouches effrayantes, et il n’en reste d’autres vestiges qu’un angle rentrant (1).
(1) On a douté longtemps de la réalité des éruptions aqueuses provenant des cratères. Il n’a rien moins fallu qu’une semblable éruption de l’Etna en 1755, pour faire admettre ce phénomène au nombre des choses possibles.
Il ne paraît pas que les savants se soient occupés de l’éruption de Senones.
Extrait du livre « Histoire de la ville épiscopale et de l’arrondissement de Saint-Dié » de N.F Gravier – Publication en 1836