Le célèbre aviateur est né à Saulcy-sur-Meurthe (Vosges) le 27 mars 1894, d’une famille exilée d’Alsace en 1872 pour rester française. Son enfance est bercée par les récits amers de son père qui évoque la grande injustice. Orphelin à 5 ans, il a très vite assimilé qu’une autre guerre était inéluctable. Tôt ou tard…
Aussi, le 2 août 1914, lorsque le tocsin sonne la mobilisation générale, René Fonck (20 ans) est prêt à défendre la patrie. Il ose même envisager une issue triomphale, qui permettrait le retour de la terre de ses ancêtres dans le giron de la République, réparant ainsi la « grande injustice ».
1ère guerre mondiale
Le temps « de faire la taupe au fond des trous » au 11ème Régiment de Génie à Epinal pendant 5 mois, il est enfin autorisé à suivre les cours d’aviation de Saint-Cyr. Le 3 avril 1915, au Crotoy (Somme), il entre en contact avec les airs pour la première fois sur un appareil à double commande. Le 31 mai, il obtient son brevet de pilote sur Caudron G3.
Promu caporal, il est ensuite très vite affecté au sein de l’escadrille C47, près de Corcieux (Vosges), où il effectue des missions de surveillance des troupes au dessus de Colmar (Haut-Rhin). C’est là qu’il croise son 1er avion allemand. René Fonck ne possède pas d’arme, mais l’ennemi ne semble pas d’humeur belliqueuse. Chacun repart dans ses lignes. A partir de ce jour, il ne s’envolera plus jamais sans emporter une carabine.
L’escadrille quitte les forêts de sapins vosgiennes pour les plateaux crayeux de Champagne, à Cuperly (Marne), où se prépare une opération de grande envergure. Le 22 août, le sergent Fonck reçoit pour mission de découvrir des batteries ennemies, tâche qu’il éxécute avec brio, malgré le feu nourri de la Flak. Cette reconnaissance périlleuse lui vaut une première citation.
A l’issue de l’offensive de la Marne, il reçoit une citation à l’ordre de l’armée : « Dans les journées des 25 et 26 septembre 1915, a réussi à assurer le service de surveillance malgré les circonstances atmosphériques les plus défavorables, au prix des plus grands dangers ».
Au cours de l’hiver suivant, René Fonck croise de plus en plus souvent les redoutables Fokker. Entre 2 missions de reconnaissance, il instruit les jeunes recrues affectées à la C47.
En mars 1916, il pense avoir abattu un Fokker qui ira s’écraser derrière les lignes ennemies. A défaut d’en avoir la preuve formelle, il met à profit cet « échec » pour en tirer les enseignements qui porteront leurs fruits dans la future et fameuse méthode Fonck. En juillet, il fait installer sur son Caudron G4 une mitrailleuse fixe, qui lui assure désormais une plus grande liberté de manoeuvre.
Le 6 août 1916, l’adjudant Fonck attaque 2 Rumpler, en prend un en chasse, contrarie chacune de ses manoeuvres pendant une vingtaine de minutes et le contraint à atterrir dans les lignes françaises. Cette action audacieuse lui vaudra une 3ème citation et la médaille militaire.
En mars 1917, alors que l’escadrille a emménagé dans les environs de Fismes (Marne), il part en reconnaissance avec le sergent Raux, lorsqu’ils se trouvent face à 5 Albatros. L’appareil de son ami est touché. Devant l’acharnement de 3 Allemands à poursuivre jusque dans sa chute son malheureux frère d’arme, Fonck ne peut réprimer un élan de colère et se précipite. Il parvient à en abattre un du premier coup, mettant les autres en fuite. Devant ce nouvel acte de bravoure, la hiérarchie commence à s’interesser à ce jeune aviateur dont la place est toute indiquée dans la chasse. Et le 25 avril 1917, l’adjudant-chef René Fonck est affecté à la SPA 103, une des 4 escadrilles formant le célèbre groupe de chasse « Cigognes ». Le groupe a déjà épinglé 1000 Allemands à son tableau de chasse.
René Fonck pilote désormais un SPAD de 180 Cv tout neuf. Huit jours après son arrivée, en abattant un biplan ennemi de réglage au dessus de Berry-au-Bac (Aisne), il prouve à ses chefs qu’ils ont eu raison de lui faire confiance. Du 3 mai 1917 jusqu’au carillon de l’armistice, il va balayer le ciel champenois sans répit. Le 19 mai, il fait son entrée officielle dans le cercle restreint des « As » en obtenant sa cinquième victoire.
Au cours d’une permission de quelques jours, il apprend par la gazette la disparition de René Dorme le 25 mai 1917. Non, c’est impossible ! Fonck ne peut y croire … Il l’avait quitté sur une bonne poignée de mains, franche et virile, et ses dernières paroles résonnent encore à son oreille : « A bientôt, veinard ! ». L’escadrille, le groupe entier, tous sont consternés.
Le 12 juin, Fonck s’envole, obsédé comme tous les pilotes des « Cigognes » par le désir de venger la mort de leur camarade. Il ne tarde pas à croiser deux chasseurs allemands. Le soleil dans le dos, il fonce sur eux sans pitié : coup double. Les deux ennemis sont envoyés au tapis face au fort de Brimont (Marne). Il vient d’abattre le capitaine Von Baer, une figure de la chasse allemande, catastrophée de voir disparaître un de ses meilleurs éléments. La chasse française, quant à elle, félicite chaudement René Fonck.
En juillet 1917, le groupe abandonne les plaines de Champagne, pour celles des Flandres. Il s’installe dans la région de Dunkerque (Nord). Très tôt, il est rejoint par les meilleurs groupes de chasse ennemis, qui ont mis au point une tactique de combat aérien inédite : manoeuvrer ensemble. Dans le ciel flamand, les Français affrontent les Allemands à un contre dix. Les « Cigognes » vont subir de lourdes pertes.
Dans son livre « Mes combats« , René Fonck établit la liste funèbre de ses proches : « Heurteaux, Deullin, Auger, Matton étaient blessés ou morts. Guynemer, l’immortel héros, partait un matin pour ne pas rentrer et d’autres moins connus jalonnaient de leurs tombes ce douloureux calvaire « . Ce martyrologe met fin à la tactique du chasseur isolé. Ordre est donné de voler en équipes. Les « Cigognes » sortent en formation triangulaire, par groupes de trois ou de quatre, et ajoutent encore plusieurs victoires à leur palmarès. Au cours de l’offensive des Flandres, le groupe a atteint un tel prestige que le prince de Galles et le roi des Belges se déplacent en personne pour féliciter les pilotes.
« Le 11 septembre 1917 doit être marqué d’un caillou noir » écrit René Fonck. Ce jour-là, Guynemer part au lever du jour en compagnie du lieutenant Bozon-Verduraz. Seul ce dernier rentrera. Il faut attendre trois jours pour se faire à l’idée que Guynemer est à jamais disparu par le biais d’une gazette ennemie qui publie le nom du responsable : l’oberleutnant Wissemann. Ainsi un Albatros a vaincu la Cigogne au dessus de Poelkapelle, en terre belge. Fou de douleur, Fonck sort son Spad, aperçoit un biplace de réglage et le détruit. « Telles furent pour moi les funérailles de Guynemer : c’était mon quatorzième appareil homologué« .
L’automne est arrivé, et il est prévu que le groupe déménage une fois de plus. René Fonck effectue ses dernières missions avant de plier bagages. Le 30 septembre 1917, il part en patrouille à 4000 mètres d’altitude. Sous lui apparaît un biplace de reconnaissance qui semble évoluer en toute quiétude. Avec l’expérience et sa vue puissante, il est devenu un tireur redoutable. deux cartouches bien visées atteignent le pilote et le mitrailleur. Au sol, les deux cadavres sont identifiés. L’un d’eux se nomme Wissemann, celui-là même que les journaux allemands avaient glorifié pour la mort de Guynemer. Quelques jours plus tard, les « Cigognes » émigrent en direction de l’Aisne.
Le 21 novembre 1917, l’adjudant-chef Fonck est nommé dans l’ordre de la Légion d’Honneur au grade de chevalier. Titulaire de 11 citations, il est promu sous-lieutenant 9 jours plus tard.
En janvier 1918, le groupe arrive à Verdun. Le commandant Brocard a été remplacé par le commandant Hormant. A peine installé, Fonck renouvelle ses exploits. Fonck, Deullin et Madon sont ex-aequo, avec chacun 21 victoires homologuées. Si les pilotes entretiennent de solides liens d’amitié, l’émulation n’en est pas moins le nerf de la guerre. Le journal « La guerre aérienne » édite leurs exploits et n’hésite pas à parier sur ses favoris. En quelques jours, Fonck prend 6 longueurs d’avance sur ses compagnons. « Pour devenir L’As des As, lui répètent ses camarades, tu n’as plus qu’à dépasser Nungesser ! ».
En mars, le groupe quitte Verdun pour la Champagne. Fonck y marque son territoire dès son arrivée. Un aviateur allemand était devenu la terreur des Poilus, il jaillissait et disparaissait sans prévenir, au point que les fantassins l’avaient surnommé « Fantomas ». Mais René Fonck ne croit pas aux fantômes et encore moins à leur invulnérabilité. Aussi, dès que l’occasion se présente, il l’abat. Losque l’avion toucha le sol, une formidable clameur monta des tranchées !
A la fin du mois de mars, le lieutenant, fraîchement promu et nommé officier de la Légion d’Honneur, a surpassé Nungesser. Il est le premier, mais pas encore As des As. L’ombre de l’archange Guynemer et de ses 53 victoires plane…
Le matin du 9 mai 1918, René Fonck envoie, en 45 secondes, une patrouille de 3 biplaces au tapis. Déjà au sol, les téléphones vrépitent pour annoncer la triple vistoire. A 17h30, il décolle à nouveau et se retrouve face à 4 Fokker et 5 Albatros. Un contre neuf, le combat est perdu d’avance. Grâce à sa parfaite connaissance de la dynamique du vol, Fonck n’hésite pas. Trois d’entre eux s’abîment au sol ; les autres préfèrent la fuite. Exploit unique dans les annales de la chasse, ce premier sextuplé a été réalisé avec 52 balles.
Pendant ce temps, la cigogne Hélène se promène dans la popote d’Hétomesnil (Oise). L’échassier, en chair et en os, a été offert à René Fonck par madame Herriot, épouse d’un industriel lyonnais et marraine de la Spa 103. Depuis, la cigogne est devenue l’emblème de l’escadrille.
Le 25 juin, il réussit un triplé gagnant, puis un doublé 2 jours plus tard. Mi-juillet, il ajoute sept victimes à son palmarès, qui affiche 56 victoires. Il a franchi le cap : le voici As des As.
Le 14 août, il réalise à nouveau un triplé en seulement 10 secondes. En septembre, l’Allemagne agonise lentement. Le 26, il renouvelle son exploit de mai, avec six victoires.
Jusqu’à l’armistice, il se contentera d’un avion à la fois. C’est le 1er novembre 1918, que tombe sa dernière victime aux abords de Vouziers (Ardennes). Elle porte officiellement le numéro 75.
Le 11 novembre 1918, lorsqu’il entend les carillons de l’armistice, sa première pensée va à son père défunt. « Papa » Fonck peut être fier de son fils, qui a largement contribué à réparer la « grande injustice ».
Pour preuve de reconnaissance, le général Pétain lui offre la tête du défilé à Nancy et lui fait porter le drapeau. Dans la cité nancéenne, les aviateurs, identifiés par leur tenue bleu horizon, sont salués par la ferveur d’une foule qui pense avoir exorcisé, une fois pour toute, les horreurs de la guerre.
Le 14 juillet 1919, sur les Champs-Elysées, René Fonck ouvre le défilé de la victoire en brandissant l’étendard tricolore. Sa veste d’uniforme est déformée par le poids de sa gloire, qui s’affiche sous la forme d’un nombre impressionnant de décorations et d’une croix de guerre avec 28 palmes.
La « Der des Der » est terminée, chacun retourne à la vie civile et à ses activités.
Entre les deux guerres
« Petit, quand tout cela sera terminé, si tu ne sais pas quoi faire, alors viens me voir ! » lui avait proposé Georges Clémenceau. C’est décidé, il va entrer en politique. Un poste technique à la présidence du conseil l’attend. Les clauses drastiques du traité de Versailles soulèvent chez les Allemands un vent d’indignation qui augure une future tempête. Comme beaucoup d’autres, Fonck percoit le danger et prône une vigilance de tous les instants.
Les élections législatives se profilent à l’horizon. N’ayant aucun talent d’orateur, il fait campagne avec les seules armes qu’il maîtrise. A bord d’un Spad prêté par la maison Blériot, il bombarde les villes vosgiennes de tracts électoraux. Tout enveloppé de sa gloire récente, il est élu haut la main et le 8 décembre 1919, le jeune député lorrain fait sa rentrée parlementaire au palais Bourbon. Il milite essentiellement pour la cause de l’aviation, considérée comme le parent pauvre de l’armée. ses avis, même s’ils sont très écoutés à la commission de la guerre, restent sans effets.
« Le Tigre » le charge de nombreuses missions à l’étranger, mais son mandat parlementaire ne l’empêche pas de participer à de nombreux meetings aériens en Europe.
C’est au cours d’une escale à Stockholm, qu’il rencontre le capitaine Hermann Goering, son ex-adversaire. Glorifié puis rejeté par son peuple à la suite de la défaite de 1918, l’as allemand aux 22 victoires avait fui l’Allemagne pour trouver un emploi au Danemark. Gagnant péniblement sa vie en donnant des baptêmes de l’air, il espérait trouver un emploi stable dans une compagnie suédoise de transport aérien en cours de création. Sa candidature ayant été rejetée, Goering était au chômage alors que Fonck occupait d’importantes responsabilités aux affaires aériennes. Les deux hommes appartiennent à la même communauté d’armes, et selon la tradition chevaleresque, s’admirent et se respectent. C’est en cette qualité que Goering fait appel à Fonck, et grâce à cet appui providentiel, obtient l’emploi convoité. Les ex-ennemis vont même sympathiser.
En 1922, le président Poincaré, qui s’intéresse de près aux affaires aériennes, le délègue officiellement aux fêtes du centenaire de la fondation des états du Brésil. Fonck y accomplit une oeuvre considérable de propagande et met à l’étude la future ligne transatlantique, signant divers acords avec le Brésil, l’Uruguay et l’Argentine. Jean Mermoz réalisera sur l’Atlantique sud ce qu’avait préparé René Fonck.
Entre deux missions à l’étranger, il ne cesse de manifester sa crainte sur le déclin de l’aviation française, car il est profondément convaincu que l’aviation de chasse aura un rôle prépondérant à jouer en cas de nouveau conflit. En 1924, le mandat électoral arrive à expiration. Il publie le fruit de ses études sous le titre L’aviation et la sécurité française, dans lequel il fait preuve d’une extrême lucidité pour les années à venir. Il est persuadé qu’un autre conflit avec l’Allemagne est inéluctable. Malgré ses mises en garde, personne ne l’écoute.
Par ses missions à l’étranger, il s’est construit une solide réputation de spécialiste en aéronautique. Les Etats-Unis, qui connaissent l’as aux 75 victoires, lui proposent un poste de conseiller technique du gouvernement américain. Son ordre de mission est signé par le président du conseil, et pendant trois ans, René Fonck va parcourir les Etats-unis et y donne des conférences.
Depuis le 31 mai 1919, les Etats-Unis sont en pleine effervescence. Un certain Raymond Orteig a lancé un challenge : 25 000 dollars au premier aviateur qui réussirait à traverser l’Atlantique, sous réserve d’atterrir sur l’aéroport du Bourget. Pour Fonck, c’est trop beau… Il recrute un équipage formé d’un copilote, d’un mécanicien et d’un radio. Le 21 septembre 1926, il quitte le terrain de Roosevelt Field dans la banlieue de New-York, à bord d’un trimoteur Sikorsky S35 (31 mètres d’envergure, 13 tonnes). Bourré de 9500 litres d’essence nécéssaires à la traversée d’ouest en est, l’appareil peine à décoller. La machine cahote sur la piste en herbe. Au premier trou, la roue droite se brise, coupant net la course de l’appareil qui s’enflamme aussitôt. Seuls, Fonck et son copilote sortiront indemnes de la catastrophe. Le mécanicien et le radio, remisés à l’intérieur de la soute, périront carbonisés.
Ce drame s’inscrira à l’encre indélébile dans la mémoire de l’As des As, qui « s’excusera d’être vivant ». Le 8 mai 1927, « L’oiseau blanc » de son ami Nungesser s’abîme à son tour dans les flots de l’océan. La page de l’Amérique est tournée, il rentre en France.
De retour sur le sol français, il acquiert le château des Censes à Anozel, tout près de son village natal. Il y crée une usine de produits chimiques, dont il confie la direction à son beau-frère.
Capitaine de réserve, il est affecté au 2ème régiment d’aviation où il exerce des périodes d’instruction. En septembre 1935, il reçoit la mission officielle de fournir un avis sur les méthodes d’instruction de combat dans l’aviation légère de défense. Deux mois plus tard, un décret le met, pour un an, à la disposition du ministre de l’air. L’armée de l’air, née officiellement un an auparavant, décide d’utiliser les compétences exceptionnelles du commandant Fonck pour remettre sur pied une aviation de chasse chancelante.
L’arrivée au pouvoir du Front populaire le renvoie à la vie civile. Mais il en a suffisamment appris, pour accepter de préfacer l’ouvrage d’André Maroselli, ancien combattant 14-18, joignant ainsi sa voix à la sienne, pour constater que « ce ne sont pas les aviateurs intrépides et valeureux qui manquent, mais le matériel moderne dont ces aviateurs avaient besoin pour lutter et pour vaincre« .
2ème guerre mondiale
Lors des cérémonies du 11 novembre 1938, le gouvernement sollicite René Fonck pour exhorter la population à s’unir contre la menace allemande en Europe. A la déclaration de guerre de 1939, Fonck est nommé colonel de l’armée de l’air, inspecteur général de la chasse et du matériel. En juin 1940, lorsque sonne le glas de l’armistice, la IIIe république se meurt. Le 18 juin, le général de Gaulle, exilé à Londres lance son célèbre appel radiophonique, tandis que la France appelle Pétain au pouvoir.
Rallier le général de Gaulle à Londres est un acte de désertion passible de la peine de mort. Aussi, pour la majorité des militaires, l’obéissance au maréchal reste globalement la règle. Pétain jouit d’un popularité inégalée depuis qu’il a mis fin aux combats et à l’exode. Il vient d’être investi de tous les pouvoirs, il a recruté ses ministres selon leurs compétences. Il s’est aussi attaché quelques collaborateurs présentant des références personnelles interessantes : le colonel Fonck, qui voue une admiration sans borne au vainqueur de Verdun, est de ceux-là. S’il accepte de rester au service du maréchal en qualité de conseiller technique au ministère de l’air, c’est parce qu’il pense, comme 95 % de la population française, que le héros de 14-18 est le seul à pouvoir sauver la France. Il refuse cependant toute fonction officielle et les étoiles que ce dernier lui offre.
De son côté, Pétain considère Fonck comme un élément important de sa politique extérieure. Le colonel maîtrise la langue allemande, de plus il a conservé des contacts avec Goering depuis qu’il lui avait décroché un emploi en Suède. Celui-ci est revenu en Allemagne et est le deuxième homme du IIIe Reich. Pétain voit donc en Fonck un agent de liaison auprès de Goering.
Il est alors utilisé puis sacrifié pour raison d’état en avril 1942. A partir de cette période, menacé d’arrestation, Fonck utilise ses relations amicales avec des anciens pilotes allemands de la Grande Guerre pour aider la Résistance et sauver plusieurs personnes. Suspecté, René Fonck est arrêté par la Gestapo, incarcéré brièvement à Drancy, puis libéré par un colonel allemand de la Wehrmarcht qui avait conservé intacte son admiration pour l’As des As.
Après la Libération de Paris, René Fonck est de nouveau arrêté le 8 septembre 1944, sur une dénonciation calomnieuse et incarcéré au dépôt de la Préfecture. Il fait l’objet d’une simple enquête de police. Aucune charge n’étant retenue contre lui, il est libéré le 24 décembre 1944.
Le 18 juin 1953, René Fonck est terrassé, à son domicile de Paris, par une rupture d’anévrisme.
Ses obsèques se déroulent en l’église Saint-Louis des Invalides, en présence du général Léchères, chef d’état-major de l’armée de l’air et du général d’Harcourt. Ce jour-là, il pleuvait à torrents ! S’il avait été présent à la cérémonie, son ordonnance Grue aurait pu prévenir son ancien chef : « Mon lieutenant, vous pouvez dormir car il pleut à temps plein ».
Après ce solennel hommage rendu aux Invalides, Saulcy-sur-Meurthe lui réserva un dernier adieu plein de grandeur : Par un temps gris et pluvieux, un détachement de cinquante soldats en armes de la base aérienne 121 rendaient les honneurs. Soudain, dans le ciel lourd et bas, des avions à réactions venus de Nancy survolèrent le village pour saluer le départ définitif de ce glorieux combattant.
René Fonck repose dans le cimetière de Saulcy-sur-Meurthe. Sur la pierre tombale, cette inscription : René Fonck, l’As des As, 1894-1953.
Une plaque commémorative a été apposée et inaugurée le 4 avril 1962 par l’association des As de 14-18, présidée par le général d’armée Maxime Weygand, sur la façade de la maison où a vécu René Fonck à Paris (3 rue du cirque).
La ville de Saint-Dié-des-Vosges a été désignée par Edmond-René Fonck, pour être dépositaire d’une grande partie des trophées de guerre de son père. Ils sont présentés au musée militaire.
Article élaboré d’après des hommages rendus dans la revue Air Actualités de juin 2005 et La revue Lorraine Populaire de juin 1982.
Dans le cadre des manifestations du centenaire de l’aéronautique industrielle, une stèle a été inaugurée et l’aérodrome de Saint-Dié-Remomeix a été baptisé du nom de René Fonck le dimanche 21 juin 2009.
Hommage rendu à un « chevalier du ciel » en présence du capitaine Mickaël Fonck, pilote de chasse et arrière petit-neveu de René FonckUn site est entièrement dédié à René Fonck
Jean-François Guiraud on 5 mai 2014
Est-il malheureux que de vieilles rancunes partisanes plongent encore René Fonck dans un quasi anonymat.
Pourtant qui aujourd’hui peut soutenir que René Fonck au cours de sa vie à seulement durant une demie seconde, faillit à son patriotisme sans faille.
Toutes ses écrits, toutes ses prises de positions en témoignent.
Alors, que la France commémore comme il se doit la grande guerre, est-il encore possible qu’elle oublie ce héros.
Alors, aux élus Lorrains quelque soit leur appartenance politique à avoir ce sursaut patriotique, qui honorera enfin René Fonck comme il se doit en lui reconnaissant la place qu’il mérite.
Jean-François Guiraud on 5 mai 2014
Je ne vois pas en quoi, mon opinion sur René Fonck doit-elle être soumise à une quelconque modération, surtout quand je constate qu’aucune promotion de l’air ne porte son nom.
Cet honneur à minima, représente bien le minimum du minimum de l’honneur qui se doit de lui être rendu en 2o14.
Francois Harari on 9 janvier 2018
Si nous étions Britanniques ou Américains, nous aurions toute une cinématographie sur ce héros, homme d’honneur.
Mérite d’etre Cité en exemple aux jeunes générations et à celles à venir.
Jean-Pierre DURAND on 7 avril 2018
l’As des As René FONCK a été victime d’une double injustice :
- ne pas voir reconnues et comptabilisées comme telles toutes ses victoires en Combat aérien pendant la Grande Guerre .
- avoir dû subir l’ostracisme des Politiciens de bas étage qui l’ont relégué au placard en raison de sa fidélité au Maréchal Pétain , oubliant par la même tout ce que la FRANCE devait à ce grand Aviateur .
Dieu juge !
inconnaissance on 23 novembre 2018
Cette injustice mérite le mépris.
Et on comprend pourquoi on préfère parler de Guynemer, honorer Guynemer – un as aussi, d’un courage et d’une adresse admirables – cela permet de faire oublier Fonck.
Je ne crois pas avoir vu ceci, alors je le mentionne à tout hasard. (si Fonck avait su par l’écriture, rendre sa vie plus palpitante, il aurait été un peu moins facile de le faire oublier).
(coller ne fonctionne pas. Le livre de Fonck : « Mes combats » est en ligne)
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